Havana hip hop underground

Havana hip hop underground documentaire de Yves Billon
avec :
les rappeurs : Humberto – Papa Humbertico, Andy - Oro Mixto, Banana, David – Grupo Uno, El Piz, Rubén – Primera Base, Alto Voltaje, Osmel - Cubanos en la red, Reyes de la calle, Doble Filo, Las Krudas, Dos botellas de ron, Ronal Rubinel, Anonimo Consejo et avec Carlos Puebla Egrem
durée : 1h13
sortie le 8 février 2006
***
Synopsis
Que connaît-on exactement de Cuba ? Certes le régime castriste et le souvenir du Che… mais d’un point de vue touristique ce sont, les cigares, la musique notamment, la rumba et surtout la salsa. Cette Île est un cliché, celui de la fête et de la création musicale américano/latin/africaine.
Aujourd’hui une partie de la population, les jeunes en particulier, a trouvé sa source de contestation et de rébellion dans sa propre musique, celle du rap cubain. Cette jeunesse cubaine se réveille enfin d’une profonde hypnose. Le régime Castriste, contesté par l’opinion internationale attentive à tous les mouvements d’expression populaire, a pourtant permis ou subi l’émergence de groupes de rap et en autorise l’expression, ce qui en fait l’une des plus libres et des plus indépendantes. En moins de cinq ans, l’île a connu pas moins de 600 groupes de rap. Leur originalité au sein d’un mouvement artistique largement dominé par leur voisin Nord Américain en fait aujourd’hui un observatoire idéal des diverses revendications de la société cubaine.
Cette génération se veut loin de la salsa, loin de la rumba, loin du régime castriste et revendique sa légitimité à travers ses créations. Cette ambiguïté est le résultat de leur legs « vivre rap ou mourir ». La société cubaine ignore encore qu’elle est influencée par l’avantgarde. Cette jeunesse née dans la censure sans cesse provoquée par le mirage de l’Américain « Way of life », sort d’un très long sommeil et se révèle aussi douée voir plus prolifique que ses grands-parents les vieux « soneros ».
***

Propos de Silvina Testa
Le rap cubain, une révolution dans la révolution
Silvina Testa (conseillère musicale) : « Je suis ethnologue et travaille sur les cultures d’origine africaine à Cuba et c’est à l’occasion d’un séminaire consacré à l’histoire sociale et culturelle des Noirs de cette île que j’ai rencontré des rappeurs et découvert le rap et sa culture, son caractère social et engagé. Je me suis donc intéressée au contenu des chansons qui constituent une forme de lutte critique et constructive. Ce sont les seuls textes où sont dites des choses nulle part ailleurs exprimées. Il ne s’agit pas que de chroniques sociales, mais bien d’une manière de faire de la sociologie, avec toute la cruauté que cela peut parfois engendrer, par le choix des mots et la manière de les dire !
Cuba produit énormément de musique et le rap underground, contrairement au rap commercial, est assez marginalisé alors que le plus grand souhait de ses représentants est d’être reconnu par la société cubaine. De fait, l’inclusion ou l’exclusion de certains rappeurs dans le circuit commercial les a divisés. Pour exister artistiquement et en partie commercialement, les rappeurs doivent appartenir à une agence gouvernementale. Celles-ci sont nombreuses suivant les genres musicaux. Or les rappeurs de l’underground ne rentrent dans aucune catégorie. Une agence spécifique a ainsi été créée pour eux mais ils la refusent ! Ils vont jouer dans les penas (lieux de réunions spontanées, organisées et régulières, très répandues à Cuba, pour chanter, jouer de la musique, danser, faire des lectures…). Certaines penas sont officielles et tout y est toléré ! L’ancêtre de la pena est la tertulia. Dès 19ème siècle, ce concept (proche de celui du salon de la société occidentale), s’est répandu dans les sociétés coloniales et fait partie intégrante de la culture cubaine. Les rappeurs underground participent de cette tradition. »
Blocus culturel
S. T. : « Les rappeurs se définissent comme des révolutionnaires alors que la presse étrangère les a longtemps identifiés comme des dissidents, ce qui n’est pas du tout le cas, ils ne se situent pas à l’extérieur du système. Par ailleurs, ils n’ont ni plateforme, ni programme politique. Ces jeunes-là se sont forgé un espace de critiques et de propositions sociales à Cuba qui concerne avant tout la société cubaine, le système impérialiste américain, le racisme, la condition des femmes, les mouvements des rappeurs et les cubains mêmes, les glandouilleurs qui vivent de magouilles, l’exil et sa douleur…
Ces chansons et cette musique dérangent et c’est bien l’intention des musiciens ! Le rap cubain, qui est très apprécié par certains groupes de rap américains, a conservé toute la fraîcheur des débuts du rap made in U.S.A. Son impact est important dans la société cubaine particulièrement chez les jeunes qui se reconnaissent dans ces chansons. Les Cubains consomment beaucoup de culture, avec les livres, les disques particulièrement mais également le cinéma… mais ces livres et ces disques sortent rarement de l’île. L’énorme richesse culturelle de Cuba subit le même embargo que l’économie, il y a blocus culturel ! »
***
Fiche technique
Auteur, Réalisateur : Yves Billon
Montage et habillage : Juan Condé
Conseillère musicale : Silvina Testa
Conseiller artistique : Cristobal Danilo et Campos Aveille
Image : Yves Billon
Prises de son : José Baptista
Atelier de production : Delphine Pellereau et Anaïs Vita
Traductions : Yves Billon
***
présentation réalisée avec l’aimable autorisation de
en partenariat avec Générations Fm 88.2
remerciements à Anaïs Vita
logos, textes & photos © www.zarafa-films.com