Frankie

Frankie drame de Fabienne Berthaud
avec :
Diane Kruger, Jeannick Gravelines, Brigitte Catillon, Christian Wiggert, J. Alexander, Jean-Louis Place, Gérald Marie, Sylvia Hoecks, Alexander Schwab, Claude Jeangirard
durée : 1h30
sortie le 1er mars 2006

en avant-première le lundi 20/02 à 20h15 au cinéma
en présence de la réalisatrice Fabienne Berthaud
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Synopsis
Frankie, 26 ans, ange blond à la beauté froide et fragile, vient d’être hospitalisée dans une clinique psychiatrique où elle se reconstruit peu à peu...
Mais qu’est-il arrivé à Frankie pour qu’elle en arrive là ? Son histoire est celle d’un mannequin qui n’est plus assez jeune, plus assez belle...
Sdf de luxe qui promène sa vie et sa valise entre hôtels bas de gamme, studios photos, bars, agences...
Dans un monde de paillettes et de faux semblants, où règnent la jeunesse et l’éphémère, Frankie ne trouve plus sa place. Désillusion d’une femme en fin de carrière qui s’aperçoit de l’immensité de sa solitude... Seulement auprès de Tom, elle trouve une écoute, une amitié, peut-être de l’amour...
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Fabienne Berthaud : « J’avais envie de réfléchir sur le moment où tout bascule. Le moment où l’on se retrouve incapable de poursuivre sa route, où l’on se coupe de la société. Le film raconte une phase tragique de la vie d’une jeune femme trop sensible face aux exigences de son métier de mannequin. Parler des faiblesses, du mal-être, c’est parler de l’humanité, de ce que nous sommes. Mon travail subit l’influence de ma curiosité. L’univers psychiatrique et celui de la mode m’ont toujours fascinée. Dans l’un on s’occupe du corps, dans l’autre de la tête, je trouvais intéressant de les opposer. De les montrer dans ce qu’ils ont d’intime, de les filmer par le trou de la serrure. Qui sont les fous des autres ? Nos sociétés ont leurs règles et leurs dérèglements…
J’ai tenu à faire ce film dans une réalité documentaire afin d’aller au plus près des âmes et de leur authenticité. Je me suis efforcée de laisser aux acteurs la plus grande liberté afin de les sentir vivre et respirer. De m’approcher au plus près du non-jeu, de la vérité. J’avais envie de parler de ces jeunes modèles propulsées sur le marché du travail dès l’âge de 15 ans et qui se retrouvent, 10 ans plus tard, en fin de carrière sans avoir eu le temps de se construire. J’avais envie d’approcher la maladie mentale pour ne plus en avoir peur et de faire partager l’acceptation de la différence. Les événements marquants de la vie de Frankie se racontent par touches impressionnistes et passent par le souvenir. Nous sommes dans sa tête. Elle se souvient des moments clés d’une existence qui l’a abîmée. Je tenais à mettre en opposition sa guérison d’un côté et sa chute de l’autre en m’appuyant sur les états émotionnels du personnage. La déconstruction de l’histoire accompagne le chaos intérieur de cette jeune femme brisée. La découverte de la clinique de La Chesnaie a été pour moi essentielle, l’envie de filmer cet endroit s’est imposée comme une évidence. Je souhaitais en révéler toute la poésie que j’y ai trouvée. »

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Interview croisee entre Diane Kruger Fabienne Berthaud
- « Quand vous êtes vous rencontrées ? »
Fabienne Berthaud : « La première fois que j’ai rencontré Diane, elle avait 16 ans. Elle débutait sa carrière de mannequin à l’agence Elite. Je ne l’ai retrouvée que quelques années plus tard, quand j’étais à la recherche de l’actrice qui pourrait interpréter le rôle de Frankie. Je savais que Diane voulait arrêter sa carrière de mannequin pour devenir comédienne. Je lui ai fait passer des essais. Elle possédait toutes les qualités pour interpréter Frankie. Elle était un bloc d’émotions à l’état pur fait de grâce et de fragilité et elle avait l’expérience, la gestuelle du personnage que je cherchais. Elle s’est imposée de façon indiscutable. »
Diane Kruger : « A l’époque de notre première rencontre, j’étais venue à Paris durant les vacances pour faire quelques tests, pour que l’agence voie si j’étais photogénique, si les clients étaient intéressés…
Et c’est donc à ce moment-là que j’ai rencontré Fabienne. Après, nous nous sommes un peu perdues de vue, et quand on s’est retrouvées, j’étais au cours Florent. »
- « Fabienne, d’où vous vient cet intérêt pour le monde de la mode ? »
F. B. : « C’est un univers très cinématographique que je trouve tout à fait intéressant à filmer. Il a ses paradoxes. Il m’est arrivé d’y travailler. J’avais fait un documentaire sur un concours de jeunes mannequins venus du monde entier. Avec Frankie, je souhaitais montrer un autre aspect du métier que celui que l’on connaît. De l’explorer dans ce qu’il a d’intime, dans son quotidien. L’histoire est avant tout celle d’une femme qui a du mal à trouver sa place dans la société telle qu’elle nous est proposée aujourd’hui. C’est un film sur la solitude. Sur le déracinement. Par rapport au milieu de la mode, j’avais le désir d’en révéler le off, l’envers du décor et de parler des 80% de ces jeunes femmes qui n’ont pas la chance d’être top model, qui ne travaillent pas tous les jours et qui se retrouvent à la retraite à 26 ans sans avoir eu vraiment le temps de se structurer psychologiquement. Frankie est avant tout le portrait d’une très jeune femme d’aujourd’hui dont l’approche est documentaire mais qui est une fiction. »
- « Quel était votre avis sur le monde de la mode à l’époque ? »
D. K. : « Il était plutôt positif puisque, contrairement à Frankie, j’ai très bien gagné ma vie, j’ai eu la chance de voyager dans le monde entier, j’ai appris le français grâce à ce métier et maintenant je vis à Paris… En même temps, il y a plein d’aspects de ce monde que je n’aime pas. L’une des raisons principales pour lesquelles j’ai arrêté d’être mannequin, c’est que j’en avais assez d’être seule. C’était important pour moi que l’on ressente ça dans le film, cette sensation de solitude. Tous les mannequins, même celles qui travaillent beaucoup et qui sont très bien payées, la ressentent très fortement. »
- « Est-ce que l’expérience de Diane a enrichi le scénario ? »
F. B. : « Diane est l’inspiratrice de son personnage. Je me suis appuyée sur son expérience, son passé de mannequin pour réécrire certaines scènes du scénario afin d’être au plus près de cette réalité documentaire que je cherchais. Les acteurs professionnels se mélangent avec des non-acteurs qui jouent leur propre rôle. Je voulais toucher le non-jeu. Diane est une actrice qui travaille sans filet, son authenticité transpire à l’écran. »
D. K. : « C’est vrai qu’on en a beaucoup discuté et que le scénario a évolué durant les trois années du tournage de Frankie. D’autant qu’on s’est retrouvées parfois pendant des mois sans tourner. Ce qui nous donnait du recul, la possibilité de voir ce qu’il pouvait manquer, ce dont on avait vraiment besoin. »
- « Avez-vous vécu certaines situations du film, comme cette séance photo humiliante ? »
D. K. : « La scène de shooting, oui. Même si, contrairement à Frankie, je n’en suis jamais arrivée à l’extrême où j’ai quitté la séance. Mais c’est en cela que la scène est très bien. Dans la réalité, les mannequins n’osent jamais rien dire et pourtant il faut voir comment certaines personnes traitent les filles dans ce métier ! »
F. B. : « Ce métier est régi par des critères très stricts, il en oublie parfois l’aspect humain comme dans bien des milieux professionnels. Et quand une fille est trop fragile elle peut très vite basculer. Ne plus être capable de faire face et se perdre. La différence entre Diane et Frankie, c’est que Diane était forte, elle a su profiter de ce métier et en tirer des expériences positives. C’était un mannequin avec la tête sur les épaules qui a su se protéger. »
- « Pourtant il vous est arrivé de vous sentir humiliée… »
D. K. : « Oui, complètement. Même si parfois je ne me rendais pas bien compte. Parce qu’on est contente de travailler, qu’on est très jeune – j’avais 16 ans – et je n’osais pas contrarier ces personnes plus âgées qui me faisaient sentir que j’étais très facilement remplaçable. »

- « C’est pour échapper à ce métier que vous avez voulu devenir actrice ? »
D. K. : « En vieillissant, en grandissant, avec l’expérience, vous voulez défendre votre point de vue et tout simplement faire ce que vous avez envie de faire. C’est sûr qu’au bout d’un moment je n’ai plus accepté la façon dont on me traitait. Cela m’était insupportable. Et oui, c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai voulu devenir comédienne… En tout cas, je voulais sortir de la mode. Car, en fait, je n’osais même pas penser à devenir actrice : c’est un tel cliché le mannequin qui veut devenir actrice que j’avais peur qu’on me le ressorte tout le temps. Jusqu’au jour où j’ai réalisé que je me foutais de l’opinion des gens. Que c’était libre à moi. Et du coup, j’ai pu aborder le métier de comédienne. »
- « C’est à cette époque que vous avez engagé Diane. Qu’est-ce qui vous a plu chez elle ? »
F. B. : « C’est cette fragilité et cette force mélangées. Parce qu’elle a vraiment les deux en elle. Elle est capable d’exprimer des choses dans les silences, avec beaucoup de subtilité… Quand on a fait les essais, elle était à peine comédienne, elle prenait des cours de théâtre, pourtant elle avait déjà cette sensibilité à fleur de peau et la faculté d’intégrer les directions qu’on lui donnait, de les transformer, de les moduler… C’est une actrice instinctive, qui ose, qui est généreuse. Quand elle est en confiance, elle donne tout ce qu’elle a et sait prendre des risques. »
- « Sur les trois années qu’a duré le tournage, vous avez dû la voir changer, évoluer ? »
F. B. : « Lorsque nous avons commencé, c’est drôle mais elle tournait constamment le dos à la caméra ! Donc, on rectifiait et l’on refaisait la prise. Mais au fil du temps, je l’ai vue prendre sa place. Sentir la caméra et se livrer à l’état brut. En revanche, ce qui n’a pas changé, c’est sa sincérité. Elle l’a toujours eue dans son jeu. »
D. K. (elle rit) : « Elle a certainement raison. Frankie était une chance pour quelqu’un qui, comme moi, débutait. Et le rôle arrivait à un moment clé de ma vie. Sur l’une des premières scènes que j’ai tournées, celle où j’essaye de joindre ma mère au téléphone, j’ai le souvenir d’avoir senti que j’y arriverai. Et ça m’a libéré. C’était fantastique. Après, en trois ans, j’ai pris confiance en moi et c’était plus facile de jouer. »
- « Pourquoi le tournage a-t-il duré trois ans ? »
D. K. : « Quand Fabienne m’a rencontré, la société qui devait produire le film voulait qu’elle prenne une comédienne qui évidemment était beaucoup plus connue que moi… Mais Fabienne leur a expliqué qu’elle préférait le faire avec moi. Alors, ils ne l’ont pas suivi. Et l’on s’est dit : on s’en fout, on y va quand même ! »
F. B. : « J’ai, au départ, autofinancé le projet. J’ai acheté une caméra et nous avons commencé comme ça ! Sans moyen, juste notre énergie et cette croyance immense. Nous avons tourné avec une équipe tellement petite que parfois les gens ne se rendaient pas compte que l’on faisait un film. Et par hasard, au dernier tiers du film, j’ai rencontré Bruno Petit et Xavier Durringer producteurs de 7e Apache films. Ils m’avaient contacté parce qu’ils voulaient prendre les droits de l’un de mes romans pour une adaptation cinématographique. Je leur ai parlé de Frankie, ils ont visionné les rushes et nous avons décidé de finir le film ensemble. »
D. K. : « On a arrêté le tournage une première fois parce qu’on a manqué d’argent. Et puis après, j’ai commencé à travailler. On m’a proposé des films que je ne pouvais pas refuser : je suis partie à Montréal pour tourner Rencontre à Wicker Park. Ensuite il y a eu Troie et Benjamin Gates. »
F. B. : « Frankie s’est fait entre les grosses productions américaines pour lesquelles Diane fut engagée (rires). Elle m’appelait des Usa pour me dire : J’ai trois jours, on peut tourner ! . Alors je préparais les scènes. »

- « C’était difficile ? »
F. B. : « Le plus dur était de tenir, de recommencer, de relancer l’aventure… On a tourné morceau par morceau. Il ne fallait pas lâcher cette histoire qui m’a accompagnée pendant trois ans. Idem pour Diane… Comme on ne pouvait pas se voir, je lui envoyais de longs mails pour qu’elle recentre le personnage, je la remettais dans l’état psychologique de Frankie… Une expérience absolument magnifique et heureuse. »
D. K. : « De me retrouver pendant trois ans dans la peau de Frankie, c’était très dur. C’est un personnage tragique, émotionnel et difficile à jouer... mais je m’y suis attachée. Pourtant il y a des moments où j’ai eu envie d’abandonner. Mais je ne voulais pas trahir la confiance de Fabienne. »
F. B. : « C’est vrai que Diane étant à Hollywood, elle aurait pu me lâcher n’importe quand. Mais elle revenait toujours. »
- « Comment avez-vous convaincu des gens du monde de la mode de participer à ce film qui montre ce milieu sans aucune complaisance ? »
F. B. : « Je leur ai tout simplement exposé le projet. Je raconte l’histoire spécifique de Frankie. Je ne fais pas le procès de la mode, ils l’ont bien compris. La plupart des jeunes filles qui font ce métier sont très heureuses. Les gens de l’agence Elite ont beaucoup contribué à la réalisation de ce film. Ils m’ont ouvert leurs portes, j’ai tourné dans la villa où sont logées les jeunes filles, ils m’ont fait confiance et je trouve intéressant qu’une des plus célèbres agences de mannequins participe ainsi à ce film. Qu’ils acceptent de montrer autre chose que le côté glamour du métier mais aussi son aspect cruel et dur. Il existe aussi. »
- « Frankie est aussi né de l’envie de filmer un lieu, la clinique de La Chesnaie. Comment l’avez-vous connue ? »
F. B. : « Alors que j’écrivais mon dernier roman, j’ai eu besoin de me documenter pour l’un des personnages et j’avais rencontré une jeune maniaco-dépressive qui avait passé un an dans cette clinique. J’ai demandé l’autorisation de visiter ce lieu et quand j’y suis allée, j’ai découvert un établissement singulier, ouvert, en pleine nature, où pensionnaires et soignants cohabitent. Il y avait de la poésie, et beaucoup d’humanité. Les lieux sont pour moi comme des personnes et l’envie de les filmer s’est imposée. J’avais le désir de mettre en opposition le monde dans lequel on s’occupe du corps, de l’apparence, et celui où l’on soigne la tête, les maux de l’âme. »
- « Comment s’est passé le tournage avec les acteurs de la clinique ? »
F. B. : « J’ai travaillé sous forme d’improvisations dirigées. Je mettais en situation afin que Frankie puisse vivre son histoire avec les acteurs de la clinique qui jouaient leur propre rôle mais dans une situation qui n’était pas réelle puisque face à une actrice et dans une autre histoire que la leur. Ce n’était pas facile pour Diane puisqu’elle devait tenir son personnage en permanence. Cela demandait une très grande concentration. »
D. K. : « Pourtant ce sont les gens de La Chesnaie qui m’ont aidée à tenir. Même si c’était très dur pendant le tournage, ils nous ont accueillis avec une gentillesse extraordinaire. Je ne peux même pas vous dire à quel point je les aime. D’ailleurs ce sont les premiers à avoir vu le film fini. Et c’était génial ! »

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La clinique La Chesnaie
Fabienne Berthaud : « C’est en me documentant pour un personnage de l’un de mes romans que j’ai découvert la Chesnaie. Un établissement singulier que la présence de certains patients hospitalisés depuis plusieurs années personnalise. Un lieu où l’être humain prend tout son sens et l’âme sa richesse. Un lieu ouvert sur l’extérieur, qui n’a pas de limite géographique. Un lieu qui se bat pour rester ouvert, qui considère qu’il faut du temps pour se soigner, pour se reconstruire et qui propose des soins de longues durées en opposition avec la tendance actuelle qui propose des méthodes « fast-food » sur trois semaines. Un lieu qui mérite que l’on s’y arrête, où soignés et soignants vivent ensemble. Je me souviens de ma première visite, je ne savais pas toujours à qui je m’adressais. Pas de blouse blanche d’un côté et de pyjama de l’autre.
J’ai soumis un premier scénario au corps médical afin que le tournage soit possible. J’ai expliqué mon intention de filmer dans une réalité documentaire, en lumière naturelle, avec une petite caméra numérique et pour toute équipe, mon assistante et un ingénieur du son. J’ai fait part de mon désir de faire jouer les habitants de la clinique qui le souhaitaient afin de m’approcher au plus près des âmes et leur authenticité. J’ai travaillé le script avec les médecins concernant le personnage de Frankie et sa psychologie. Une fois le projet du film validé par l’équipe de soignants, on m’a dit : Ce n’est pas nous qui pouvons te dire si tu peux tourner ici. Ce sont les pensionnaires qui décideront si vous êtes les bienvenus ou non, pour cela il faut les rencontrer, partager leur quotidien.
C’est ce que nous avons fait. Diane Kruger, mon assistante et moi-même avons fait un stage de monitrice sur place. Nous faisions le service à table, le ménage et beaucoup d’autres petites tâches utiles à la communauté. Nous avons partagé la vie de la clinique. L’aventure devait être humaine pour réussir. La confiance s’est installée, la curiosité et le plaisir aussi. Des amitiés ont pris place et les volontaires désireux de participer à cette aventure se sont proposés très naturellement. À aucun moment, il ne s’est agi de voler les choses. L’enrichissement de cette expérience devait être réciproque, basée sur l’échange et le respect.
Nous avons tourné sur trois ans par petites semaines. Nous savions que le film pouvait s’arrêter tous les jours. Au moindre problème. Nous étions sur le fil du rasoir et la priorité était de ne pas perturber ce lieu thérapeutique et de ne jamais nous croire sur un plateau de cinéma.
J’ai fait jouer le rôle d’une infirmière à une pensionnaire. Certains acteurs de la clinique ont écrit leur scène eux-mêmes. Ce fut un travail d’équipe. De jolies surprises. Une patiente autiste a prononcé quelques mots au cours d’une scène. Le psychiatre de Frankie est le directeur de la clinique en personne.
La grande difficulté fut sans doute pour Diane. Elle avait son personnage à jouer qu’elle devait tenir tout au long de la journée. En effet certaines scènes prenaient place à tout moment. Il fallait toujours être prête. Rester sur l’ouverture et la disponibilité. Il s’agissait d’improvisations dirigées et parfois il ne nous était pas possible de faire une deuxième prise. La réalité se mélangeait à la fiction. La question Vous êtes une nouvelle pensionnaire ? fut souvent posée à Diane Kruger. Dans la scène de la chambre quand Frankie est avec ses colocataires. Elles parlent des ailes d’anges. Pour cette scène, avant de tourner avec les trois actrices de la clinique, j’ai donné des directions. Un thème à aborder. Les anges. Il fallait que certaines choses soient dites. Ce fut une improvisation dirigée magnifique, en relation directe avec les mésaventures de Frankie, de son personnage. Je n’ai jamais poussé les acteurs. Je me suis attachée à mettre en situation et je n’ai fait que recueillir ce que l’on me donnait.
Le film est aujourd’hui terminé. Les premiers auxquels nous l’avons projeté furent les habitants de la clinique. Contre toute attente, ils ont beaucoup ri. Particulièrement les pensionnaires. Ils étaient heureux d’avoir été respectés. Certains se trouvaient bons comédiens, d’autres regrettaient qu’on ne les voit pas assez longtemps à l’image…
La clinique de la Chesnaie est un lieu qui mérite d’être mis en lumière. Il propose aux personnes inaptes à vivre dans notre société une possibilité de se reconstruire sur la durée, dans un environnement protecteur. Le contact avec la nature est indispensable à la guérison de tout être humain en perdition. C’est un lieu qui applique les règles d’une vie en communauté, l’organisation de la clinique est en autogestion, elle responsabilise chacun.
La psychiatrie est dans l’air du temps. Tant mieux si ce film peut faire évoluer les choses. J’ai choisi de montrer le contraste existant entre le monde où l’on essore les gens pour leur image et celui où l’on est accueilli pour se reconstruire intérieurement. Qui sont les fous des autres ? Ma volonté est aussi de souligner qu’il y a une vie après la dépression. Le film propose une porte de sortie. La fin est ouverte sur l’espoir et le futur. »
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Fiche technique
Scénario et réalisation : Fabienne Berthaud
Première assistante : Maud Camille
Chefs opérateurs : Fabienne Berthaud et Maud Camille
Ingénieur son : Gerraud Combelles
Montage image : Raphaële Urtin
Montage son : Patrice Grisolet
Assistant montage image : Damien Aubry
Assistant montage son : Stéphane Rabeau
Bruiteur : Gadou Naudin
Mixage : François Musy
Truquiste : Yann Le Peu
Production : 7e apache films (Bruno Petit et Xavier Durringer) et Quasar Pictures
Tournage : Paris, Blois, Montréal
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