Célibataires

Célibataires comédie de Jean-Michel Verner
avec :
Guillaume Depardieu, Olivia Bonamy, Patrick Mille, Serge Hazanavicius et Cartouche
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Synopsis
Aujourd’hui, un trentenaire sur trois est célibataire. On vit seul et on se rêve à deux. On vit à deux et on se rêve seul ! Alors qu’il allait faire sa demande en mariage, Ben, 35 ans,
se fait plaquer par sa petite amie...
Retour à la case départ, au célibat...
Comme on rentrerait chez sa mère, Ben, abattu va retrouver sa bande de potes, Ludo, Aïssa, Nathan et Nelly, un groupe de célibataires convaincus par dépit...

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Entretien avec Jean-Michel Vermer
- « Comment est née l’idée de Célibataires ? »
Jean-Michel Verner : « J’ai toujours adoré les films de copains. Un éléphant, ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis d’Yves Robert, m’ont notamment beaucoup marqué. Essayer de retrouver cet esprit, voilà ce qui m’a motivé dans un premier temps. Il m’a ensuite fallu chercher la trame, ce qui quand même m’a demandé quelques mois. J’en ai eu l’idée un peu par hasard. Je marchais dans la rue, quand j’ai vu une publicité de l’hebdomadaire Le point sur un kiosque à journaux. À la une : les célibattants. L’expression m’a frappé. Moi qui tenais également à ancrer mon film dans notre société, ça a été un déclic. Le nombre de célibataires ne cesse d’augmenter depuis des années. Et si les magazines féminins multiplient les articles sur les femmes en quête de l’âme soeur, les hommes aussi connaissent ce problème. La preuve, à cette époque, j’étais moi-même célibataire depuis plus d’un an... »
- « De quelle manière avez-vous vécu cette période ? »
J-M. V. : « J’ai au début éprouvé une sensation de liberté pas déplaisante. D’autant que, comme la majorité des célibataires, je sortais beaucoup. Je voyais plein d’amis. Des célibataires surtout, car les couples vous renvoient votre solitude en pleine fi gure. Je passais mes soirées en boîte, au resto ou dans les bars. J’avais l’impression que ce rythme trépidant rendait ma vie meilleure. Sauf qu’au bout d’un moment, on se rend compte que ça ne soulage que sur l’instant et que ça n’apporte rien de concret. On continue à se réveiller seul le matin, à ne rien partager, si ce n’est avec son chien ou avec son poisson rouge. Je ne pense sincèrement pas que l’être humain soit fait pour vivre seul. »
- « Doit-on en déduire qu’il existe des ressemblances entre le personnage de Ben et vous ? »
J-M. V. : « Disons que je me suis inspiré de ce que j’ai pu expérimenter et ressentir, et non pas vraiment de ma propre personnalité. Je me suis par exemple inscrit à la gym, j’ai consulté un psy et des amis persuadés que je manquais d’affection m’ont même offert un chien. Ben a en somme évolué dans son célibat de la même manière que moi. La seule chose qui m’importait dans cette démarche, c’est que Ben soit crédible. Durant la phase d’écriture, je n’étais en effet plus célibataire et j’avais tendance à le faire évoluer comme moi j’aurais souhaité qu’il évolue, avec le recul dont je bénéficiais à ce moment-là, et non pas comme l’état dans lequel il se trouve lui permet réellement d’évoluer. Ben a reçu comme un énorme coup de massue sur la tête. Il est à moitié assommé, il ne comprend pas vraiment ce qu’il se passe. Il me semblait donc logique qu’il commette des erreurs, ce n’est pas un héros de roman... »
- « Ce qui est d’ailleurs appréciable, c’est que vous avez réussi à créer des personnages attachants sans pour autant essayer de gommer leurs défauts... »
J-M. V. : « Avec Célibataires, j’ai voulu faire une comédie humaine. Je me devais donc de dessiner des personnages le plus réalistes possibles, en qui chacun des spectateurs puisse, soit se reconnaître, soit reconnaître l’un de ses proches. J’avoue même que les cinq protagonistes s’inspirent tous plus ou moins de gens que je connais. »

- « Sans Ben, cette joyeuse bande ne se serait sans doute jamais reformée ? »
J-M. V. : « Absolument. Mais on peut aussi se poser la question différemment : Ben aurait-il un jour repris contact avec ses copains si Karine avait accepté de l’épouser ? Car Ben, aussi touchant et paumé soit-il, est quand même assez égoïste. Ses amis se démènent, sont aux petits soins pour lui, or lui se plaint sans cesse et ne se soucie jamais de savoir si eux se portent bien. Sa propre souffrance l’aveugle sur celle des autres. Ce qui va d’ailleurs finir par les agacer. À l’inverse des filles, qui parviennent à confier assez facilement, les garçons restent eux en général extrêmement pudiques sur leurs sentiments. Question de fierté sans doute. Ils veulent donner une image de cador, même si la réalité est tout autre quand ils rentrent chez eux. Plutôt que de s’épancher, ils préfèrent rigoler avec leurs potes et raconter des blagues pour oublier leurs problèmes. J’espère qu’avec ce film, les filles percevront les garçons sous un autre angle, avec leurs failles et leur sensibilité. »
- « Peut-on considérer Célibataires comme une radiographie de notre époque ? »
J-M. V. : « Lors de l’écriture, j’ai mené une véritable enquête journalistique. Je me suis énormément documenté, je me suis inscrit sur un site de rencontre Internet et j’ai même participé à un speed dating en me faisant passer pour un avocat. Je peux d’ailleurs vous affirmer que la fille énervée qui balance à Ben Tu as intérêt à être bon, parce que j’ai payé cher, je ne l’ai pas inventé. Je ne prétends pas faire une étude sociologique, ce serait évidemment excessif, mais il est vrai que j’ai cherché à dépeindre notre société en 2006 avec justesse. À aborder des thèmes comme la solitude urbaine ou l’importance de la réussite sociale si l’on veut exister face aux autres. A parler de la génération des 35 ans aussi, un entredeux âges assez curieux, où les gens de 25 ans vous considèrent comme des vieux et ceux de 40 comme des jeunots. J’ai donc essayé de donner de la densité à mon propos, mais sans jamais perdre de vue qu’il s’agissait avant tout d’une comédie. »
- « Vous n’hésitez pas en effet à aller parfois à fond dans le comique burlesque, comme la scène du mariage ou celle du talkie-walkie caché sous la voiture... »
J-M. V. : « À mon sens, le cinéma sert avant tout à sublimer la vie. À la montrer un peu plus belle qu’elle ne l’est réellement, à lui ajouter une touche de romantisme et une bonne dose d’humour. Je n’ai pas envie que les spectateurs sortent déprimés du film, j’ai envie de les amuser, de les faire rire. »
- « Est-ce pour cette raison que vous avez autant soigné les dialogues ? »
J-M. V. : « C’est essentiel les dialogues pour un grand fan des Bronzés comme moi. J’ai dû raturer, réécrire, raccourcir, peaufiner, pour obtenir cette structure que j’espère d’une fluidité élégante. Je m’autocritiquais sans cesse pour ne pas sombrer dans le démonstratif. Mais si les dialogues fonctionnent, je le dois aussi au talent de Guillaume Depardieu, Olivia Bonamy, Patrick Mille, Cartouche et Serge Hazanavicius. »
- « Comment avez-vous réussi à obtenir cette complicité à l’écran entre cinq comédiens qui ne se connaissaient pas avant le tournage et qui proviennent tous d’univers très différents ? »
J-M. V. : « J’ai moi-même débuté en tant qu’acteur. C’est d’ailleurs pourquoi je me suis octroyé le rôle du psy, je ne pouvais pas concevoir de ne pas apparaître dans mon film. J’ai donc débuté comme acteur, ce qui me permet sans doute de mieux les comprendre et de les diriger. Je dois avouer que je me suis montré extrêmement exigeant avec eux. J’avais une musicalité dans ma tête, je voulais qu’ils parlent avec une intonation précise et je n’en démordais pas. J’ai veillé aussi à les mettre tous sur un pied d’égalité. Et si l’un d’entre eux, ce qui n’est quasiment pas arrivé, avait tendance à tirer la couverture sur lui, je le charriais gentiment. Chorégraphier et donner du rythme à toutes ces scènes de groupe a été un véritable casse-tête technique, qui a nécessité un long pré-découpage, mais je crois que cela fait partie au final des meilleurs moments de tournage. »

- « Vous aimez également filmer les visages en plan très serré. Pour quelle raison ? »
J-M. V. : « Que regardez-vous quand vous discutez avec une personne ? Ses chaussures ? Ses bras ? Non, vous regardez son visage. J’attache par conséquent beaucoup plus d’importance aux visages qu’aux décors. L’atout du cinéma par rapport au théâtre, c’est de pouvoir faire des gros plans, de pouvoir scruter les expressions des comédiens. On peut lire humain, touchant, qui a su conférer à la fois une drôlerie et une émouvante gravité au personnage de Ben. »
- « Pour conclure, faut-il aller voir votre film en couple ou entre amis célibataires ? »
J-M. V. : « On a été, on est ou on sera tous un jour célibataire. Le film concerne donc tous les publics. Mais comme il parle du seul sujet véritablement important au monde, à savoir l’amour, et qu’il s’achève sur une note optimiste, j’espère qu’il redonnera du baume au coeur à tous les célibataires. »
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Fiche technique
Réalisateur : Jean-Michel Verner
Scénariste : Jean-Michel Verner
Productrices : Stéphanie Vannier & Jeanne-Rose Tremski
1er assistant : Nicolas Lévy -Beff
2nd assistante : Julie Duhayot
Scripte : Sophie Blossier
Directeur de production : Philippe Rey
Administratrice de production : Dina Arbib
Chef opérateur : Jean-Max Bernard
Ingénieur son : François Mereu
Chef décorateur : Nikos Meletopoulos
Chef costumière : Nolwenn Grall
Chef maquilleuse : Dany Laban
Régisseur général : Sylvain Châtenoud
Régisseur adjoint : Bachir Sareh
Chef monteur : Jean-Marie Lengelle
Casting : Frédérique Amand
Casting figuration : Véronique Glaziou
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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de
remerciements à Didier Deswarte et Mathieu Piazza
logos, textes & photos © www.bacfilms.com