Camping sauvage

Camping sauvage drame de Christophe Ali et Nicolas Bonilauri (interdit au -12 ans)
avec :
Denis Lavant, Isild Le Besco, Pascal Bongard, Yann Tregouët, Raphaëlle Misrahi, Emmanuelle Bercot, Martine Demaret, Jean-Michel Guerin et Marcel Fix
durée : 1h35
sortie le 29 mars 2006
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SynopsisUn camping au bord d’un lac pendant les vacances d’été. Camille, 17 ans, y traîne son ennui coincée entre ses parents et son petit ami. Elle rencontre Blaise, la quarantaine, tout juste embauché comme moniteur de voile.
Camille et Blaise connaissent tous deux ce même mal de vivre qui les rapproche et les éloigne des autres. Mais leur complicité alimente la rumeur d’une liaison qui exaspère leur entourage et déchaîne les passions. Ils se lancent alors à corps perdus dans une dangereuse histoire d’amour…

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Propos de Christophe Ali et Nicolas Bonilauri
- : « c’est la rencontre de deux personnages égarés dans un monde hostile. Le camping, en apparence rassurant et sympathique, se révèle dangereux et inquiétant pour Camille et Blaise qui souffrent de ne pouvoir exprimer leurs désirs et leurs sentiments. Ici, dans ce monde à huis clos qui semble constamment porter son regard et son jugement sur leurs agissements, la tension est permanente et l’explosion inéluctable. »
- : « Pourquoi des êtres ordinaires se lancent à corps perdus dans des situations extrêmes au point de jouer leur vie ? S’aiment-ils ou aiment-ils la liberté qu’ils pensent pouvoir atteindre ensemble ? Est-ce un pied de nez à cette micro société qui les juge ou répondent- ils inconsciemment à ce qu’elle attend d’eux ? L’histoire s’inspire d’un fait-divers qui s’est déroulé il y a une quinzaine d’années en Vendée. Et nous avons volontairement tenu à distance les faits tels qu’ils se sont produits. Nous ne voulions pas savoir qui était Blaise ni voir le visage de Camille afin de conserver le sentiment que nous avions eu à la lecture des articles de presse : rester neutre et le plus objectif possible. Nous avions suffisamment d’éléments pour comprendre la mécanique et le déroulement du drame. »
- : « Choisir Denis Lavant et Isild Le Besco, c’était associer la glace et le feu. Ils sont la force et le moteur du film et forment un couple de cinéma passionnant. Ils ne se sont pas rencontrés avant le tournage, n’ont pas répété, se sont juste parlé une fois au téléphone pour la forme. C’était quitte ou double et ça a fonctionné dès la première prise. Denis est très précis, il a une conscience aiguë de ce qu’il propose et reste toujours très à l’écoute. C’est quelqu’un de très doux. Nous avons voulu le détourner du type de personnages qu’il incarne habituellement, faire de lui un homme plus ordinaire, faillible. Isild est plus fougueuse comme l’est son personnage. Elle savait parfaitement ce qu’elle voulait faire de son rôle. Elle a composé sa garde-robe, a travaillé sa démarche et son attitude. Elle est devenue Camille, cette jeune femme de 17 ans mal dans sa peau et qui crie sa rage à la terre entière. Nous avons écrit et tourné Camping sauvage en très peu de temps et au final, c’est vraiment la force du film. Nous avons fait le choix de tourner le film caméra à l’épaule. Nous ne voulions pas planter la caméra mais la laisser libre d’aller vite, être capable de se retourner s’il se passait quelque chose dans notre dos. Elle donnait la direction, les comédiens l’emmenaient le plus loin possible. La caméra ne se pose que pour les moments où Camille et Blaise sont tous les deux, comme si leur agitation intérieure s’apaisait. »
- : « Le camping est l’un des acteurs du film. Il est situé dans une grande forêt de pins qui abrite les emplacements numérotés, comme une immense prison en extérieur. Les arbres à perte de vue, et qui s’élèvent très haut dans le ciel, participent de cette sensation d’enfermement. Il y a des pins partout dans toutes les séquences de camping. Les allées sinueuses qui slaloment entre les caravanes et se croisent sans logique apparente nous donnent aussi une sensation de labyrinthe géant. Camille et Blaise s’y rencontrent pour la première fois au début du film. »

- : « Les éléments naturels ont un rôle important à l’image et au son. Ils englobent tout le camping et sont omniprésents : apaisants par moments et menaçants à d’autres. À commencer par la présence de l’eau dans le plan du générique de début : Camille dormant sur son matelas pneumatique au milieu du lac. Le film se termine également par un plan aérien de ce lac et les moments clé de l’histoire se situent à proximité de l’eau. L’élément liquide permet à Camille et à Blaise de s’isoler ou de s’échapper (en bateau, à la mer, au bord du lac…). Ensuite, la nuit a évidemment une part importante dans l’histoire car c’est là que le camping prend une autre dimension étrange, c’est là que tous les repères de la journée s’estompent. Le décor devient plus fantomatique, plus propice au voyeurisme et à la trivialité. Les protagonistes ne sont plus protégés par les campeurs autour d’eux, ils se retrouvent isolés et face à leurs conflits. »
- : « Il fallait décrire le camping de la façon la plus réaliste possible. Que l’on croit à cet univers et à l’ensemble des protagonistes qui composent généralement ces lieux. Lorsque Camille et Blaise se rapprochent et que ça commence à jaser autour d’eux, l’ambiance change imperceptiblement. Le camping et sa communauté deviennent hostiles, étranges et les font basculer dans un monde inconnu. Ils n’ont alors plus d’autre choix que de prendre la fuite. L’idée était de situer la romance dans un genre plus cinématographique à mi-chemin entre l’angoisse et le thriller. Les personnages eux-mêmes semblent avoir quitté la réalité et vivent dans le fantasme d’une autre vie. »
- : « Le camping est un vrai révélateur des comportements humains. À peu près toutes les classes y sont représentées. Il a ses codes, ses lois, ses mythes et ses personnalités. Il y a bien sûr des clichés qui ont la vie dure et que l’on retrouve inévitablement tous les étés dans les campings mais ce n’était pas notre propos. Nous voulions récréer cette ambiance à la fois familiale chaleureuse, et en même temps terriblement étouffante où chacun se mêle des histoires des autres et où tous les travers du quotidien sont démultipliés. Le voyeurisme est évidemment une donne importante qui peut déstabiliser les plus fragiles. Camille et Blaise vivent très mal le regard des autres sur eux. C’est un déclencheur à leur histoire, presque un moteur. Se seraient-ils aimés dans d’autres circonstances, dans un autre décor ? Ce n’est pas certain… »

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Fiche technique
Scénario et réalisation : Christophe Ali et Nicolas Bonilauri
Image : Jérôme Peyrebrune
Son : Dana Farzanehpour
Décors : Muriel Chinal
Costumes : Nina Wetzel
Assistante des réalisateurs : Carina Borgeaud
Régie : Martin Beilby
Montage : Laurent Roüan
Montage son : Nicolas Leroy et Manuel Vidal
Mixage : Philippe Heissler
Musique originale : Nicolas Baby, Dan Levy, Olivia Bouyssou et Philippe Neil
Producteur : Tom Dercourt
Production : Les films à un dollar
En coproduction avec : GL pipa, Sansho Production et Ratquirit Films
Avec la participation : du Centre National de la Cinématographie
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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de
remerciements à Mélanie Vincent
logos, textes & photos © www.shellac-altern.org