• Duelist

Publié le par 67-ciné.gi-2006













Duelist aventure de Lee Myung-Se




avec :
Ha Ji-won, Gang Dongwon, Ahn Ahn Sungki et Song Youngchang


durée : 1h50
sortie le 17 mai 2006

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Synopsis
Dans la Corée du XVIIème siècle, Da Mo est le titre donné à une poignée de femmes servant la royauté. Chargées de résoudre des affaires épineuses, elles sont investies du pouvoir d’enquête.
La jeune Namsoon poursuit Sad Eyes, un voleur énigmatique, virtuose de l’épée et plein de charme. La policière acharnée et l’habile rebelle vont s’affronter dans des combats majestueux avec humour et amour.


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Entretien avec Lee Myung-Se
Lee Myung-Se : « Tout au long du tournage, j’avais constamment à l’esprit deux mots - mouvement et rythme - et deux oeuvres d’art - Danse de Matisse et Manhattan de Mondrian - comme références. »

- : « Quand on pense à la notion de duel qui est au coeur du film, elle semble disposer de nombreux moyens d’expression autres qu’un simple affrontement entre les personnages : les nombreuses variations dans les couleurs, les mouvements et les situations déclinent bel et bien ce thème en filigrane. »

L. M.-S. : « Je dirais que le duel est plus un sujet structurant qu’un thème à proprement parler. Un sujet en tant que tel crée un style visuel qui permet ensuite de donner une forme bien précise aux éléments contenus dans le film, une unité.
Si l’on veut aller plus loin, le duel dans mon film est une somme de plus petits duels intermédiaires.
La progression de l’histoire veut que certains passages traduisent une lutte intérieure des personnages avec leurs propres émotions.
»

- : « Il semble que le duel entre les protagonistes et l’histoire d’amour qui se noue entre eux, soient deux intrigues qui entrent sans cesse en conflit, le combat représentant traditionnellement l’opposition et l’affrontement tandis que l’amour évoque bien sûr la fusion, l’unité et la paix. »

L. M.-S. : « Tout dépend de la définition que vous donnez de l’amour. Habituellement des instants harmonieux entre deux personnes sont présentés comme des attributs de l’amour mais les batailles, les duels, la haine, le conflit en sont aussi des manifestations.
C’est de l’amour lorsqu’un couple se dispute violemment, lorsqu’il se bagarre et que chacun renvoie l’autre dans ses cordes ?
Comment est-ce que je peux appeler ça de l’amour ? Tout simplement parce que le lendemain matin, quand ils se réveillent côte à côte, ils pansent leurs plaies et se préparent leur café comme si de rien n’était.
»

- : « Pourquoi avoir choisi de filmer le duel entre cette jeune enquêtrice et ce mystérieux criminel ? »

L. M.-S. : « Le cinéma est un art commercial. En terme d’efficacité, il est facile de captiver le public avec une histoire rappelant Roméo et Juliette. J’ai voulu ainsi mêler intrigue grand public et histoire plus personnelle, celle que je voulais réellement raconter pour Duelist.
Si j’ai choisi une intrigue policière c’est parce que c’est un genre reconnu qui parle aux gens et susceptible de les attirer suffisamment pour que je puisse les amener sur le registre de l’émotion.
En réalisant
First love, je me suis rendu compte que je n’avais pas eu suffisamment de temps pour exprimer les sentiments qui s’emparent de vous lorsqu’on tombe amoureux pour la première fois. Si cela ne tenait qu’à moi, ce film aurait duré 1h50 et l’action se serait concentrée dans une chambre d’hôtel pour pouvoir saisir toutes les émotions. »


- : « Quels défis avez-vous eu à relever en situant cette histoire d’amour dans un contexte historique ? »

L. M.-S. : « Il faut voir Duelist comme un film en costumes plus que comme un vrai drame historique avec un souci de la reconstitution.
Si le film s’était déroulé à notre époque, on aurait pu se dire
mais pourquoi ne s’appellent-ils pas sur leurs portables pour régler leur problème ? mais ici les personnages sont directement plongés dans une situation critique justement parce qu’ils n’ont pas les moyens d’entrer rapidement en contact l’un avec l’autre. Le contexte historique sert à construire cet enjeu dramatique et à le faire facilement accepter par le public.
Les gens ne voient le genre dramatique que comme une somme de conventions d’écriture. Mais en fait, chaque histoire que l’on raconte a sa propre part de drame.
Il faut dépasser les clivages et prouver que le genre ne se réduit pas à la représentation de personnages marqués par la souffrance et la trahison.
Souvent, le plus difficile pour moi est justement d’arriver à réaliser le film que j’ai envie de faire en adaptant et en utilisant des intrigues déjà connues, pour les équilibrer entre elles.
On peut voir
Duelist comme la première pierre de cet édifice hétéroclite où les genres coexistent dans un effort d’harmonie. Duelist est à la fois un drame et une histoire d’amour. »

- : « Certains aspects du film sont tellement modernes qu’ils finissent par sembler anachroniques. »

L. M.-S. : « Je connais les faits historiques. Je les ai juste interprétés en faisant preuve d’imagination.
Par exemple, quelqu’un qui a vu le personnage de Namsoon dans le film avec les cheveux bouclés en a déduit que
Duelist est un film fusion qui jette un pont entre les époques, juste parce que sa coupe de cheveux est très actuelle. Est-ce qu’autrefois toutes les femmes avaient forcément les cheveux raides ? Je suis sûr que certaines d’entre elles avaient les cheveux bouclés. Je n’ai pas fait table rase de ce que l’on sait sur l’époque, j’ai simplement essayé de dépasser les limites imposées par le cadre des drames historiques ; j’ai voulu avancer et porter le genre un cran au-dessus en montrant quelque chose de différent. »

- : « Vous mettez en avant l’implication des acteurs dans les scènes de combats. Pourquoi leur avoir demandé de réaliser eux-mêmes toutes les cascades ? »

L. M.-S. : « Gang Dongwon n’a jamais utilisé de doublure pour ses scènes. Il courait et tombait sans que je le lui demande, même pour les plans où on le voit de loin. Je lui ai dit qu’on pouvait le remplacer mais il était important pour lui de tout jouer. Mis à part une ou deux scènes trop dangereuses, Ha Ji-won a aussi tout fait elle-même. Ils ont vraiment comblé toutes mes attentes.
J’espère que le public verra les litres de sueur qu’il a fallu transpirer pour obtenir un tel résultat.
Faire un long métrage c’est comme suivre une recette de cuisine : le secret de la réussite c’est d’y mettre tout son coeur. Le talent du cuisinier est variable selon les personnalités bien sûr, mais l’ingrédient de base, le liant, ce sont les acteurs, faisant de leur mieux, donnant tout et suant sang et eau pour le film.
»

- : « Comment avez-vous déterminé le choix de la musique ? »

L. M.-S. : « La musique et plus largement le travail sur le son sont des aspects très importants de Duelist.
La musique se substitue aux dialogues et ne se résume pas à de l’illustration sonore. Dans sa variété, elle est le reflet des émotions intérieures et des situations : elle est une des voix du film et en est indissociable. Elle correspond vraiment à l’idée que j’ai de la
musique de film qui n’accompagne pas seulement les images mais les raconte et va au-delà de la perception visuelle. »


- : « Pourquoi avoir choisi le titre Duelist comme titre à l’international ? »

L. M.-S. : « Si j’ai fait ce film c’est pour qu’il touche tous les publics et pas seulement le public coréen. J’ai toujours choisi des thèmes universels (l’amour, le combat, la rivalité, etc...) comme fils directeurs de mes films et pas seulement pour Duelist.
Si je n’ai pas gardé le titre original (
Détective), c’est pour cette question d’universalité.
Dans la vie de tous les jours, nous utilisons l’anglais, le coréen sans faire de distinction ; nos modes de vie sont le résultat de l’ouverture aux autres et de la mixité, pourquoi ne pas appliquer cela au cinéma ?
L’art est pluri-dimensionnel et montre un monde imaginaire et alternatif. Mon but en tant que réalisateur et cinéaste est de concentrer tous mes efforts afin d’atteindre ce but.
»

***

Fiche technique
Réalisation : Lee Myung-se
Scénario : Lee Myung-se et Lee Haekyung
Basé sur la bande dessinée de Bang Hakki
Direction de la photographie : Ki S. Hwang
Lumière : Shin Gyungman
Décors : Lee Myung-se
Directeurs artistiques : Lee Hyeongjoo et Cho Keunhyun
Costumes : Chong Kyonghee
Chorégraphies : Jeon Moonshik
Son : Park Jun-o
Montage : Go Limpyo
Effets spéciaux : Jang Sungho (MoFac Studio)
Assistants réalisateurs : Koo Sangbeom, Lee Seryoun et Kim Junggon
Directeurs de production : Kim Hun et Jin Jihyun
Régisseur : Sun Bongkil
Musique : Cho Sungwoo
Producteur exécutif : Kim Jae-young
Producteurs : Oh Eunsil et O Sumi
Production : Production M

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de


remerciements
à Julia Esquiage, Charlotte Boucon et Stéphanie Laroque
logos, textes & photos © www.lafabriquedefilms.fr

Publié dans PRÉSENTATIONS

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