• Volver

Publié le par 67-ciné.gi-2006













Volver comédie dramatique de Pedro Almodovar






avec :
Penélope Cruz, Carmen Maura, Lola Dueñas, Blanca Portillo, Yohana Cobo, Chus Lampreave, Antonio de la Torre, Carlos Blanco, María Isabel Díaz, Nieves Sanz Escobar, Leandro Rivera, Yolanda Ramos, Carlos García Cambero, Pepa Aniorte, Elvira Cuadrupani, Alfonsa Rosso, Fanny de Castro, Eli Iranzo , Magdalena Broto, Isabel Ayucar, Concha Galán, Marie Franç Torres et Natalia Roig


durée : 2h01
sortie le 17 mai 2006

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Synopsis
Volver est un croisement entre Le roman de Mildred Pierce (Michael Curtiz), Arsenic et vieilles dentelles (Frank Capra), allié au naturalisme surréaliste de mon quatrième film - Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?, c'est-à-dire Madrid et les quartiers bouillonnants de la classe ouvrière, où les immigrés des différentes provinces espagnoles partagent leurs rêves, leur vie et leur sort, avec une multitude d'ethnies et de races étrangères.
Au sein de cette trame sociale, trois générations de femmes survivent au vent, au feu, et même à la mort, grâce à leur bonté, à leur audace et à une vitalité sans limites.


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À la lecture du scénario : réactions
De : Juan José Millás
À : Lola García
Objet : Volver
Chère Lola, j'ai lu le scénario d'une seule traite. L'hyperréalisme des premières scènes nous plonge dans un état de grande tension émotionnelle. On a donné son nom à la peinture hyperréaliste parce qu'on ne savait pas vraiment en quoi elle se différenciait de la peinture réaliste. En Espagne, on a toujours confondu le réalisme avec la peinture de mœurs. La peinture flamande est hyperréaliste autant qu'elle est fantastique, parce qu'elle nous place dans une dimension de la réalité qui nous permet de nous étonner des situations les plus quotidiennes. À partir du moment où Pedro nous a installés dans ce contexte dès le début, qui trouve sa raison d'être avec l'apparition du fantôme dans le coffre de la voiture, il peut faire ce qu'il veut avec le spectateur. Et il le fait. Volver est un tour de passe-passe narratif permanent, un mécanisme prodigieux. On n'en voit jamais les ficelles.
Dans ce scénario, il n'est pas de frontière que Pedro ne se soit pas risqué à franchir. Il se déplace sur la ligne qui sépare la vie de la mort comme un funambule sur un fil. Il mélange avec un naturel étonnant des éléments de narration apparemment incompatibles. Et plus il en ajoute, plus la logique interne du récit est grande…

P.-S. Je n'ai pas pu m'empêcher, en lisant Volver, de penser à Pedro Páramo. Le roman de Rulfo et le scénario de Pedro n'ont rien à voir, excepté le naturel avec lequel les deux parviennent à faire co-exister les vivants et les morts ; le réel et l'irréel ; le fantastique et le quotidien ; l'imaginaire et le vécu ; le rêve et l'état de veille. Pendant la lecture du scénario, comme pendant la lecture du roman de Rulfo, le lecteur est plongé en permanence dans une ambiance onirique. Il est bien réveillé mais embarqué dans un rêve, qui est le récit qu'il tient entre ses mains. Ce qui est curieux c'est que le roman de Rulfo est furieusement mexicain, de la même façon que le scénario de Pedro est furieusement manchego…

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Confession
Volver  [Revenir] est un titre qui englobe pour moi plusieurs retours. Je suis revenu, un peu plus, à la comédie. Je suis revenu à l'univers féminin, à la région de La Mancha (sans doute est-ce mon film le plus strictement manchego, à travers le langage, les coutumes, les patios, la sobriété des façades, les rues pavées). Je me suis remis à travailler avec Carmen Maura (dix-sept ans que cela ne nous était pas arrivé), avec Penélope Cruz, Lola Dueñas et Chus Lampreave. Je suis revenu à la maternité, comme origine de la vie et de la fiction. Et, tout naturellement, vers ma mère. Revenir vers La Mancha est toujours un retour au sein maternel.
Pendant l'écriture du scénario et le tournage, ma mère a toujours été présente et très proche. Je ne sais pas si c'est un bon film (ce n'est pas à moi de le dire), mais je sais que ça m'a fait du bien de le faire.
J'ai l'impression, et j'espère que ce n'est pas un sentiment passager, que j'ai réussi à emboîter une pièce manquante (dont l'absence, tout au long de ma vie, m'a apporté beaucoup de souffrance et d'anxiété, je dirais même que ces dernières années elle a empoisonné mon existence, en la dramatisant à outrance). Cet élément dont je parle c'est la mort, pas seulement la mienne et celle des êtres que j'aime, mais la disparition inéluctable de tout ce qui est vivant. Je n'ai jamais pu l'accepter ni la comprendre. Et cela provoque un état d'angoisse devant la fuite à chaque fois plus rapide du temps.

Le principal retour de Volver est celui du fantôme d'une mère qui apparaît à ses filles. Dans mon village, ces choses-là arrivent (j'ai grandi en entendant des histoires de revenants), pourtant, moi, je ne crois pas aux apparitions. Seulement quand ça arrive aux autres, ou quand ça se passe dans la fiction. Et cette fiction, celle de mon film (ici arrive ma confession), m'a apporté une certaine sérénité que je n'avais pas connue depuis longtemps (en réalité, la sérénité est un terme dont la signification est pour moi un mystère).
Aussi longtemps que je me souvienne, je n'ai jamais été une personne sereine (et ça a toujours été le cadet de mes soucis), mon inquiétude innée ajoutée à une insatisfaction galopante m'ont en général servi de stimulant. Il en a été ainsi ces dernières années, quand ma vie s'est peu à peu détériorée, consumée par une terrible anxiété. Et ce n'était bon ni pour vivre ni pour travailler. Pour faire un film, la patience est plus importante que le talent. Et moi, ça faisait longtemps que j'avais perdu toute patience, précisément face aux choses banales qui en réclament le plus. Ceci ne veut pas dire que je sois devenu moins perfectionniste ou plus complaisant, absolument pas. Mais je crois qu'avec Volver j'ai retrouvé un peu de patience, chose qui naturellement en engendre beaucoup d'autres.
J'ai l'impression, à travers ce film, d'avoir fait un deuil nécessaire, un deuil indolore (comme celui du personnage de la voisine Agustina). J'ai comblé un vide, j'ai pris congé de quelque chose (ma jeunesse ?) que je n'avais pas encore quitté alors que je devais le faire, je ne sais pas. Il n'y a rien de paranormal dans tout cela. Ma mère ne m'est pas apparue, même si, comme je l'ai dit, j'ai senti sa présence plus proche que jamais.
Volver est un hommage aux rites sociaux que pratiquent les gens de mon village et qui sont liés à la mort et aux morts. Les morts ne meurent jamais. J'ai toujours admiré et envié le naturel avec lequel les gens de chez moi parlent de leurs morts, cultivent leur mémoire et entretiennent régulièrement leurs tombes. Comme le personnage d'Agustina dans le film, beaucoup d'entre eux prennent soin de leurs propres tombes pendant des années, de leur vivant. Je sens avec un certain optimisme que je suis imprégné de tout ça et que quelque chose m'en reste.
Je n'ai jamais accepté la mort, je ne l'ai jamais comprise (je l'ai déjà dit). Pour la première fois, je crois que je peux la regarder sans crainte, même si je continue à ne pas la comprendre ni à l'accepter. Je commence à me faire à l'idée qu'elle existe.
En dépit de ma condition de non-croyant, j'ai essayé de faire venir le personnage (de Carmen Maura) de l'au-delà. Je l'ai fait parler du ciel, de l'enfer et du purgatoire. Et, je ne suis pas le premier à le découvrir, l'au-delà est ici. L'au-delà est ici-bas. L'enfer, le ciel ou le purgatoire, c'est nous, ils sont à l'intérieur de nous, Sartre l'a dit bien mieux que moi.


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Lettre de Gustave Martin Garzo
Cher Pedro,
Le scénario de ton nouveau film m'a beaucoup plu. Tout en lui m'est familier et je te reconnais bien. Il me fait penser à l'univers de Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?
Mais il est moins baroque, il y a une sorte de transparence qui nous plonge à nouveau dans cet univers-là - il ne pourrait pas en être autrement - mais en même temps sous une forme différente, plus poétique, plus sage, plus émouvante. Le mélange d'horreur et de bonheur est merveilleux. Comme si tes personnages pouvaient trouver au beau milieu de l'enfer, comme le souhaitait Italo Calvino, ce qui n'est pas l'enfer et qu'ils s'arrangeaient toujours pour le faire durer dans leurs vies.
Ce mélange, qui t'appartient tout à fait, de candeur et de perversité, qui rend drôles les choses les plus terrifiantes, et réussit à mettre en lumière la beauté et l'espoir là où ils n'auraient pas lieu d'exister, me paraît être une des plus belles choses de ton cinéma.

Ton scénario m'a rappelé une histoire que Tolstoï raconte quelque part. Un pater visite un de ses monastères perdus dans les îles grecques et rencontre quatre moines. Il découvre qu'ils ne savent pas le Notre Père et, scandalisé, le leur apprend. Puis il les quitte. Il est déjà loin de la côte lorsqu'il aperçoit quelque chose qui glisse rapidement au fil de l'eau jusqu'à son bateau. Il observe mieux et constate que ce sont les moines qu'il vient de visiter. Et qu'ils s'approchent en courant sur l'eau ! Quand ils arrivent près de lui, ils lui disent qu'ils ont oublié la prière qu'il vient de leur apprendre et lui demandent de la leur répéter. Le pater, ému, leur répond qu'il est inutile qu'ils s'en souviennent, qu'ils n'en ont pas besoin.

Je vois les personnages de ton film comme ça. Ils viennent, vulnérables et perdus, nous demander du secours, mais ils le font en courant sur l'eau. Ils ne se rendent pas compte, pourtant, que l'essentiel est ce chemin étrange et magnifique qu'ils prennent pour arriver jusqu'à nous. Alors, que pouvons-nous leur dire ? Que ce qui se passe pour eux n'a pas d'importance, ni ce qu'ils endurent, ni les choses étranges et terribles qui leur arrivent, que nous, nous ne sommes pas là pour les juger. Encore mieux, que ce sont eux qui pourraient nous juger, même si nous savons bien qu'ils ne le feraient jamais, parce qu'ils ne sont pas eux-mêmes obsédés par la justice, mais par l'amour. Et que le mieux qu'ils puissent faire, c'est de continuer à être ce qu'ils sont.

Je vois ce scénario comme ça, comme un conte. Dans les contes, il y a des choses terribles : dépeçages, pères qui veulent coucher avec leurs filles adolescentes, enfants abandonnés dans la forêt, créatures féroces qui dévorent la chair humaine… Le plus extrême s'y trouve et, malgré tout, à côté de tant d'horreur, survient toujours cette chose si rare qu'on appelle l'innocence. C'est très difficile de dire ce que c'est mais il n'est pas plus aisé de la reconnaître lorsqu'elle apparaît. Je crois que l'art est fait pour traquer cette innocence, qui habituellement n'advient que dans les recoins les plus obscurs…


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Fiche technique
Scénariste et réalisateur : Pedro Almodóvar
Producteur exécutif : Agustín Almodóvar
Productrice : Esther García
Compositeur : Alberto Iglesias
Monteur : José Salcedo
Directeur de la photographie : José Luis Alcaine A.E.C.
Directeur artistique : Salvador Parra
Directeur de production : Toni Novella
Deuxième opérateur caméra : Joaquín Manchado
Ingénieur du son : Miguel Rejas
Mixeur : José Antonio Bermúdez
Chef maquilleuse : Ana Lozano
Coiffeur : Massimo Gattabrusi
Créatrice des costumes : Bina Daigeler
Directeur de casting : Luis San Narciso
Volver, chanson interprétée par Estrella Morente
Graphiste générique : Juan Gatti
Assistant de réalisation : Rafa Carmona
Assistante personnelle du réalisateur : Lola García
Scripte : Yuyi Beringola
Deuxièmes assistantes de réalisation : Elena Valverde et Eva Sánchez
Assistant du réalisateur : Juan Varela
Troisièmes assistants de réalisation : Mari Franç Torres et Bruno Velasco
Responsable repérages : Sergio Díaz
Coordinatrice de production : Verónica Díaz
Assistante de production : Marta de Miguel
Deuxième assistant de production : Federico Rozadillas
Troisièmes assistantes de production : Concha Fontenla et Patricia Alcolea
Assistante de production à Almagro : Vanessa Contreras
Premier assistant caméra : José Ramón Delgado
Deuxième assistant caméra : Luis Lattanzi
Technicien vidéo : Igor Iglesias
Stagiaire caméra : Sandra López
Steadycam : Joaquín Manchado
Photographes de plateau : Paola Ardizzoni et Emilio Pereda
Making of : Lara Gómez
Perchman : Jaime Fernández-Cid
Auxiliaire son : Ruth Márquez
Décoratrice : Mara Matey
Première assistante décoratrice : Zaloa Ziluaga
Deuxième assistante décoratrice : Inés Aparicio
Régisseurs : José Mariano Serrano et Mariona Julbe
Responsable construction : Alejandra Loiseau
Dessinatrice et architecte : Inmaculada Jiménez
Accessoiristes : Juan I. Viñuales et Alejandro Pavón
Menuisiers/constructeurs : Mikel Izaguirre et Valentín Isakov
Assistantes costumes : Ana Cuerda et Paola Torres
Couturières : Ana López et Rosa López
Maquilleuse : Mariló Osuna
Assistante maquillage : Ana Caballero
Assistante coiffure : Esther Gázquez
Stagiaire maquillage/coiffure : Jessica Aguirre
Assistants montage : Rosa Ortiz et Manolo Laguna
Responsable du personnel : Diego Pajuelo
Directeur financier : Oscar Valero
Conseiller du producteur exécutif : Mauricio Díez
Responsable presse : Deborah Palomo
Responsable relations internationales : Bárbara Peiró Aso
Secrétaire de production : Adela Donamaría
Responsable paie : Beatriz Gordo
Assistante presse : Rosa Serrano
Auxiliaire comptabilité : Arancha Yusti
Auxiliaire paie : Silvia Sancho
Auxiliaires administratifs : Javier Ruiz, Mª Paz Sancho, Mercedes González et Liliana Niespial
Chauffeur du réalisateur : Antonio Barrio
Chauffeur de Penélope Cruz : Antonio Estrada
Conseillères à propos de la Mancha : Antonia Almodóvar et Mª Jesús Almodóvar
Conseillère coiffure sur le plateau : Juani Moreno
Chef électricien : Fernando Beltrán
Electriciens : Alberto Sánchez, Antonio de Benito, Juan Pompas et José Manuel Reboul
Chef machiniste : Carlos Miguel Miguel
Machiniste : José Luis Molero
Effets spéciaux : Reyes Abades, César Abades, Oscar Abades, Daniel Reboul et Tomás Urban
Spécialiste : Ángel Planas
Cascadeur : Diego García Platero
Graphistes Studio Gatti : Juan Sánchez et Gabriel Del Boca
Coordinatrice de postproduction : Ascen Marchena
Coordinatrice de production : Covadonga R. Gamboa
Supervision effets visuels : Eduardo Díaz
Production effets visuels : Niké Alonso
Postproduction effets visuels : Thorsten Riente, Ramón Ramos, Iván López, Javier García-Plaza, Federico Reano et Juan Alonso
3D : Sergio García
Monteur son : Manolo Laguna
Monteur son/assistant mixage : Diego Garrido
Effets salle : Manolo Corrales

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présentation réalisée avec l'aimable autorisation de

remerciements à Claire Cortes et Damien Golla
logos & textes © www.pathedistribution.com
photos © Paula Ardizzoni et Emilio Pereda

Publié dans PRÉSENTATIONS

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