• La méthode (El método)

Publié le par 67-ciné.gi-2006














La méthode (El método) thriller de Marcelo Pineyro









avec :
Eduardo Noriega, Najwa Nimri, Ernesto Alterio, Pablo Echarri, Eduard Fernández, Carmelo Gómez, Adriana Ozores et Natalia Verbeke


durée : 1h55
sortie le 20 septembre 2006


au cinéma


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Synopsis
Sept cadres pour un seul poste. Cinq hommes et deux femmes se présentent pour une série de tests psychologiques dans une multinationale, un jour de grève générale…
Tailleurs stricts et costumes sombres interchangeables : l'évocation d'une ancienne liaison entre deux postulants ne suffit pas à briser l'ambiance glaçante d'une salle de réunion où tous vont glisser progressivement dans la paranoïa générale orchestrée par un système informatisé des ressources humaines, la méthode Grönholm…
Après s'être présentés, avec méfiance, les uns aux autres, tous commencent a se demander s'ils ne sont pas observés par des caméras et si l'on n'a pas infiltré parmi eux un psychologue qui serait en train de les examiner, de les éliminer…
Dans cette ambiance claustrophobe de compétitivité exacerbée, sans aucun scrupule, les alliances vont naître, les disputes vont éclater ; les secrets et le passé de chacun mis au crible : que vaut l'individu face à l'horreur économique ?

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Entretien avec Marcelo Piñeyro
- : « Comment avez-vous connu cette pièce ? »

Marcelo Piñeyro : « J'ai découvert la pièce de Jordi Galcerán El Método Grönholm, grâce à mes producteurs du film Kamchatka que je venais de finir. Le sujet m'a tout de suite intéressé, à condition d'y apporter quelques modifications même si je trouvais la pièce magnifique. Je ne voulais pas faire une simple transposition cinématographique de la pièce de théâtre. Il y a peu de textes qui réussissent à traiter de telles métaphores sur ce qui arrive à notre société où se conjuguent l'action, l'espace et le temps. J'ai pensé qu'à partir de là, s'expliquaient de nombreux comportements de la société contemporaine. J'ai demandé à Paco Ramos (producteur) d'en parler avec l'auteur afin de savoir s'il était d'accord avec mon parti pris. Par contre, je n'ai vu la pièce que juste avant le tournage. »

- : « Quels sont les différences ou les similitudes du film avec à la pièce de théâtre ? »

M. P. : « Beaucoup. La différence apparaît avec de nouveaux personnages et de nouvelles méthodes de sélection. Par contre, l'ambiance glaciale et le ton de comédie de réflexion reste le même. »

- : « Pourquoi avoir travaillé avec Mateo Gil co-scénariste d'Alejandro Amenábar ? »

M. P. : « J'ai connu Mateo grâce à Eduardo Noriega. Cela faisait un bon bout de temps que j'avais envie de travailler avec lui et c'était réciproque. De plus, pour ce film j'avais besoin d'un regard espagnol. L'occasion était trop belle, nous l'avons saisi. Notre collaboration a été fantastique, nous avons énormément discuté. De plus, ni l'un ni l'autre ne connaissions les techniques de recrutement aussi, dès l'écriture, nous nous sommes documenté et nous avons enquêté. Nous avons terminé le scénario en neuf mois. »

- : « La Méthode met en scène la réalité de façon cruelle; dépasse-t-elle la fiction ? »

M. P. : « Lors d'un concept pyramidal « si tu tombes, tu disparais », cette sensation, qui n'existait pas deux générations plus tôt, se ressent dans l'atmosphère du film. J'étais intéressé par l'idée du processus de sélection du personnel parce que d'une certaine manière c'est une métaphore très précise pour déterminer les mécanismes qui vont au de-là du monde du travail. Au dehors tout bouge, les groupes d'anti-globalisation… : Il y a comme des tumultes, des chaos, des incertitudes. Dans cette entreprise où se déroule La Méthode, on n'entend pratiquement jamais l'extérieur : tout est parfait, serein, du moins en apparence. »


- : « Le film révèle une grande cruauté pour démotiver ou élire le candidat idéal. Vous ne croyez pas que les défis lancés sont trop cruels ? »

M. P. : « Dans ma vie professionnelle je n'ai jamais été confronté à ce type de sélection. Par contre j'ai connu de nombreuses personnes proches ou non, qui ont vécu des épreuves semblables.
Si elles semblent cruelles, elles sont toutes réelles. D'ailleurs avec Mateo Gil, nous avons décidé de garder des épreuves assez innocentes afin que cela soit crédible. Si nous avions eu une démarche de documentaristes, le résultat aurait été bien plus sauvage et cruel !
»

- : « Quelle est l'épreuve qui vous a le plus intrigué dans vos recherches ? »

M. P. : « Prenons une entreprise qui informe ses quinze cadres que quatre d'entre eux vont être éliminés. Par exemple, cela peut se passer durant un week-end de tourisme d'aventure, en leur faisant partager les mêmes chambres … Ce sont des jeux qui n'ont rien a voir avec la fonction professionnelle ou les compétences mais qui ont pour but d'exacerber les peurs de chacun. Ceci est sauvage. »

- : « Comment avez-vous choisi vos acteurs ? »

M. P. : « Ni plus ni moins avec du fantasme et du désir. Avec Mateo, on se disait : houlala s'il acceptait, ce serait génial !. Je me souviens quand j'ai proposé à la productrice les noms des acteurs aussi prestigieux les uns que les autres, elle est restée de marbre : cela ne va pas être possible ! Puis lorsque tous les acteurs ont accepté, à ce moment là, c'est moi qui suis resté pétrifié ! Un tel casting est un luxe pour lequel je me suis senti très privilégié. »

- : « Comment les répétitions se sont-elles passées ? »

M. P. : « Ce sont des acteurs très différents et tous étaient excités de travailler ensemble dans un film choral. Dès les répétitions, j'ai senti l'alchimie s'installer. Certaines séances de travail de quatre heures pouvaient durer à la fin jusqu'à seize heures : plus personnes ne voulait partir ! »

- : « Comment se sont passées les retrouvailles avec Eduardo Noriega ? »

M. P. : « Avec ce film, j'ai retrouvé trois acteurs : Eduardo Noriega et Pablo Echarri qui avaient joué ensemble dans Vies brûlées (Plata Quemada) et Ernesto Alterio avec qui j'avais tourné Tango feroz : la leyenda de Tanguito, mon premier film. Eduardo, est un acteur fantastique et je suis ravi de voir son évolution, c'est un gars très fiable avec une technique très épurée ; je lui ai confié un personnage très complexe, différent des autres. C'était un rôle très difficile et j'ai adoré son interprétation. J'ai déjà envie de retravailler avec lui ! »


- : « A quelles difficultés avez-vous été confronté lors du tournage ? »

M. P. : « Je peux le dire, j'ai eu de l'appréhension. J'ai été face à huit personnalités très différentes qui parlaient autour d'une table. Par contre, pouvoir filmer dans la chronologie du film a été un énorme avantage. de même que d'avoir une équipe technique et artistique soudées. Dans le film pas besoin de la méthode Actor's studio très prisée en Argentine, car les personnages commencent sans se connaître, ce qui leur importe c'est le ici et maintenant qui change sans arrêt. D'habitude, je travaille toujours avec un story board, mais cette fois cela a été impossible. En fait, j'avais l'impression d'être à l'école en train de tout réapprendre avec une euphorie permanente. En plus nous avons tourné à trois cameras simultanées de ce fait les acteurs n'ont pas eu un moment de relâchement car ils étaient toujours en tension. »

- : « L'histoire Officielle (La historia oficial), Vies brulées (plata Quemada), Kamchatka ont toujours été motivés par des thèmes politiques. »

M. P. : « Je ne me sens pas un réalisateur de film politique. Par contre, mes personnages sont ancrés dans leur époque, ils ont une préoccupation pour le monde ou la société dans lesquels ils vivent. Cependant avec La Méthode il y a un changement. Si auparavant, mes personnages par désir ou par accident se confrontaient à l'establishment. Dans la Méthode ils s'affrontent à mort pour justement faire partie de cet establishment. »

- : « Pour quelle raison avez-vous décidé de situer l'action au milieu d'une manifestation contre le FMI à Madrid ? »

M. P. : « Je le voulais pour que transparaisse dans le film un instantané d'aujourd'hui. C'est pour cela que j'ai décidé que tout se déroulerait le même jour que la manifestation contre le Fmi. Le film ne prend parti ni pour l'un ni pour l'autre. Par contre, il montre la tension et la distance qu'il y a entre les deux mondes qui s'ignorent. Je crois que nous vivons dans un monde au bord de l'éclatement. Nous sommes si distraits que nous ne nous en rendons pas compte. »

- : « Cette histoire a-t-elle une morale ? »

M. P. : « Je pense que non. Elle pose des questions rien de plus. Dire que les méchants sont les entreprises multinationales serait un raccourci trop facile. Le film fait un diagnostique de choses qui nous arrivent à tous, des points de départ qui permettent à nos propres misères de se dérouler. Pour paraphraser Bergmann : à partir de là, le démon est en nous même. »
Propos traduits par François Vila

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Fiche technique
Réalisateur : Marcelo Piñeyro
Producteur : Francisco Ramos
Scénario : Mateo Gil et Marcelo Piñeyro
d'après la pièce "The Grönholm Method" de Jordi Galcerán
Directeur de la photographie : Alfredo Mayo
Producteur exécutif : Ricardo Garcia Arrojo
Directeur artistique : Veronica Toledo
Montage : Teresa Font
Directrice de production : Alicia Telleria

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de

remerciements
à Boris Pugnet
logos, textes & photos © Ctv International

Publié dans PRÉSENTATIONS

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