• Pavee Lackeen, la fille du voyage

Publié le par 67-ciné.gi-2006













Pavee Lackeen, la fille du voyage drame de Perry Ogden




avec :
Winnie Maughan, Rose Maughan, Rosie Maughan, Paddy Maughan, Michael Collins, Helen Joyce, Abbie Spallen, Brian Dignam, Martin Maughan, Kate Maughan et James Maughan


durée : 1h27
sortie le 3 mai 2005




en vost, au cinéma

à partir du 28 juin 2006


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Synopsis
Winnie vit avec sa mère, ses frères et soeurs dans une caravane d’une zone industrielle de Dublin.
Exclue de l’école après une bagarre, elle déambule dans la ville, rêve devant les robes de mariée des vitrines, ramasse les pièces d’une fontaine pour aller jouer aux jeux vidéos, se maquille avec sa soeur pour aller danser, récupère des vêtements dans les containers de la Croix Rouge…
Portrait d’une petite fille espiègle et débrouillarde dont la mère lutte contre l’administration et les préjugés pour offrir à ses enfants une vie décente. Pavee Lackeen offre une plongée dans le quotidien des Irish Travellers dans l’Irlande contemporaine.


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Entretien avec Perry Ogden
- : « Comment est né ce film ? »

Perry Ogden : « A la fin des années 90, j’ai réalisé à Dublin une série de photographies sur les Poney kids, des enfants du voyage qui s’occupaient de poneys sauvages, dans un haras laissé à l’abandon.
Pendant, deux, trois ans, je suis allé les photographier au travail. Mais des lois les ont privé de cette activité, au motif qu’ils étaient mineurs. Les photos ont donné lieu à une exposition qui a fait l’objet d’un livre intitulé
Poney kids. Ces enfants sont devenus des icônes, restant pourtant victimes de discriminations sociales. J’ai alors éprouvé le besoin de continuer le travail entrepris avec les enfants que j’avais interviewés et photographiés. Je m’interrogeais sur leurs chances dans la vie. La plupart d’entre eux grandissant en marge de la société irlandaise.
Un certain nombre de ces enfants comparaissait devant le Tribunal pour Enfants de Dublin. Avec mon co-scénariste Mark Venner, nous avons obtenu l’autorisation sans précédent d’assister aux audiences. C’est là que nous avons pris conscience du nombre important d’enfants travellers impliqués dans des problèmes judiciaires.
Pavee Lackeen, la fille du voyage est né des situations et des histoires entendues durant les deux ans passés à la Cour 55. C’est pendant cette période de recherche que j’ai trouvé la plupart des enfants qui sont dans le film. J’ai bien sûr pensé à Los Olvidados de Buñuel (1950), portrait des enfants des bas-fonds de Mexico et à Streetwise (1980), le documentaire de Martin Bell sur les enfants des rues de Seattle à la fin des années soixante-dix, inspiré par une série de photos la célèbre photographe Mary Ellen Mark. »

- : « Comment avez vous trouvé Winnie ? »

P. O. : « Nous voulions surtout des acteurs non professionnels et intégrer leurs expériences à l’histoire du film.
Un jour, je devais retrouver les gamins et elle était là toute seule, me demandant ce que je cherchais auprès de ses frères. Elle me conduit à sa caravane et me raconte son histoire. Je pouvais voir son imagination se déployer au fil des histoires invraisemblables qu’elle me racontait. C’était assez fantastique. Cette fille me semblait tellement extraordinaire. Innocente et curieuse en même temps. J’ai su à cet instant qu’elle serait l’héroïne de mon film.
»

- : « Aviez-vous un scénario écrit avant votre rencontre avec Winnie ? »

P. O. : « Dans le projet d’origine, il y avait trois histoires autour de trois personnages différents. Winnie, la fille du voyage. Ensuite, un jeune adolescent plus âgé, un sédentaire, un settled boy, et, pour finir un jeune homme d’origine africaine. Nous avons commencé à filmer durant l’hiver et nous avions déjà plus de 30 minutes sur Winnie. Ces séquences étaient très fortes. J’ai compris en voyant les rushes qu’il fallait tout remanier et se concentrer sur Winnie qui s’imposait par sa présence. A la fois intense et pleine de vie. »


- : « Comment avez vous pu rentrer dans l’intimité de la famille de Winnie ? »

P. O. : « Winnie et sa famille ont accepté que je les filme, car elles avaient confiance en moi. Surtout Winnie. Les jeunes filles étaient enthousiastes à l’idée de participer à un film, alors que la mère contrôlait beaucoup plus son image. Je devais gagner sa confiance, afin d’établir une vraie relation. La mère a compris pourquoi je les choisissais alors qu’elles n’étaient pas actrices. C’était une question d’authenticité. Elle a admis que c’était une bonne chose pour elle et ses filles. Le tournage a duré dix mois. »

- : « Que pensez-vous que le cinéma puisse pour Winnie et sa famille ? »

P. O. : « En tournant au jour le jour avec Winnie, je ne réalisais pas réellement la portée politique du film. S’agissant de ce genre d’histoire et de ce type de production, il est impossible de ne pas s’engager ou du moins de s’exprimer à partir du politique.
Faire ce film avec Winnie a été une expérience bouleversante. Je ne cherche pas à donner des réponses. J’observe et je filme pour poser ces questions : qui est exclu dans notre société contemporaine ? Comment ? Pourquoi ? Quel est notre lien, notre engagement ? Il me semble que cela rejoint le problème des banlieues françaises. En Irlande, chacun a son point de vue sur les
travellers. Si le gouvernement ne fait rien, rien ne pourra s’améliorer pour eux. Et ce, à tout point de vue. »

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Quelques éléments sur les Irish Travellers
Les Irish travellers sont une minorité indigène de la société irlandaise depuis des siècles, dont on fait remonter l’origine au Moyen-Age. Si leur origine est sujette à caution, ils ont un système de valeurs, une langue, des coutumes et des traditions qui en font un groupe identifiable entre eux et aux yeux des autres. Le mode de vie et la culture traveller fondés sur des siècles de tradition nomade, tiennent les travellers à l’écart de la population sédentarisée.
Alors que les Irish travellers sont natifs d’Irlande, ils ont beaucoup en commun avec les Roms d’Europe et les populations gitanes du monde entier, notamment l’expérience de la discrimination.
Le racisme les a relégués à la frontière de la société irlandaise. Les Irish travellers ont été marginalisés et rejetés depuis des siècles et c’est encore ce climat qui prévaut dans l’Irlande contemporaine.
Changer continuellement d’endroit a donné aux travellers une autre façon de voir le monde. Le nomadisme est souvent décrit comme un état d’esprit. Même quand ils occupent des maisons, les travellers voient leur logement comme étant par essence temporaire – comme tous les nomades de par le monde. Un traveller sédentarisé reste un traveller dans l’âme.
Les travellers vivent dans deux mondes : celui des sédentaires et le leur. Leur culture reflète cette dichotomie. Si leur langue, le Cant, est peu employée de nos jours, elle est une partie vitale de leur patrimoine. En dépit des récentes initiatives de plusieurs écoles primaires de zone rurale, cette langue est aujourd’hui menacée.
Au début des années 60, on recensait environ 3000 travellers en Irlande ; aujourd’hui, plus de 25 000. La population traveller compte de nombreux enfants mais peu de personnes âgées . Le taux de natalité est fort mais l’espérance de vie faible. L’espérance de vie actuelle d’un Irish traveller est équivalente à celle des Irlandais sédentarisés des années 40.
Même si la crise du logement des travellers a été mise en évidence par différents gouvernements, nombre d’entre eux vivent encore au bord des routes, sans accès à un confort minimal tel que l’eau courante, les toilettes, l’électricité. Beaucoup d’autres vivent dans des logements sociaux mal entretenus et souvent situés dans des zones insalubres et dangereuses. L’accès des travellers aux soins, à la scolarisation, à la sécurité sociale et aux autres services sociaux est encore problématique.


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Fiche technique
Production, réalisation, image : Perry Ogden
Scénario : Perry Ogden et Mark Venner
Co-producteur : Martina Niland
Producteur associé : John Rocha
Montage : Breege Rowley
Son : Michael Lemass
Costumes et accessoires : Susie Isherwood
Ventes internationales : Wide Management

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de

remerciements à
Maurice Tinchant
logos, textes & photos © www.pierregrise.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

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