Echo park, L.A.

Echo park, L.A. drame de Richard Glatzer et Wash Westmoreland

avec :
Emily Rios, Jesse Garcia, Chalo Gonzalez, Jesus Castanos - Chima, Aracelli Guzmàn - Rico, J.r. Cruz, David W. Ross et Carmen Aguirre
durée : 1h30
sortie le 5 juillet 2006
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Synopsis
Echo Park, quartier hispanique de Los Angeles. Avec ses parents, Magdalena prépare sa quinceañera : la grande célébration qui aura lieu, selon la tradition, pour l’anniversaire de ses quinze ans.
Quelques mois avant la cérémonie, elle tombe enceinte. Rejetée par son père, elle est accueillie par son grand oncle Tomas, homme au grand coeur qui héberge déjà un de ses cousins, Carlos, jeune homme rebelle exclu lui aussi de la famille.
Ces quelques mois de vie commune marqueront un tournant dans leur vie à l’instar du quartier d’Echo Park, lui aussi en profonde mutation.

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Les coulisses du tournage
C’est en janvier 2005 que Richard et Wash commencent à réfléchir au projet d’Echo Park, L.A.. Par la suite, tout s’enchaîne très vite. Une simple poignée de mains avec le producteur Nick Boyias assure les bases financières du projet. Le script est écrit en trois semaines en février. La distribution est bouclée fin mars. Les dix-huit jours de tournage ont lieu en avril. En septembre 2005, le film est finalisé.
Le film est l’expression même du quartier qu’il évoque. Les réalisateurs ont emménagé à Echo Park en 2001 et ont souhaité saisir dans leur film l’esprit de la communauté latino-américaine de ce quartier de Los Angeles. Ils ont tenu à ce que le film soit réalisé en décor naturel. La distribution du film est constituée autant de locaux que d’acteurs chevronnés. L’objectif était que la vie même des habitants d’Echo Park soit la matière première du film.
Les auditions débutent en février alors que le script n’est pas totalement terminé. Plusieurs scènes sont écrites sur le vif pour permettre aux acteurs de passer les essais. Les réalisateurs ont également procédé à un casting sauvage en écumant les cours de théâtre, les écoles, les associations de quartier comme «Nosotros».
Beaucoup de non-professionnels ont été sélectionnés, comme Alicia Flamenco (Tante Isabelle), femme de ménage dans le civil et amie de longue date des réalisateurs. Elle s’est révélée d’un naturel étonnant devant la caméra. Elle a amené avec elle tout son clan : sa fille Marlene (jeune maman), son petit fils Jasiel (frère de Magdalena), sa soeur Bertha (Tante Sandra) et sa nièce Mercia Garcia.
Cette dernière venant juste de célébrer sa quinceañera, elle fit office de consultante sur le tournage fournissant vidéos, photos, fleurs artificielles et sollicitant ses amis pour qu’ils fassent de la figuration lors du tournage de la réception. L’enthousiasme de ces jeunes gens pour le film a été incroyable. Ils en sont devenus l’énergie vitale : chorégraphiant les valses, improvisant des scènes, et dansant pendant les heures de repas sur des rythmes Reggaeton.
Les habitants d’Hollywood savent qu’il ne faut jamais laisser une équipe de cinéma filmer chez eux. Heureusement les résidents d’Echo Park sont encore crédules quand on prétend que cela ne prendra que quelques heures. Les réalisateurs sont redevables aux habitants d’Echo Park qui, quasiment sans exception, leur ont ouvert leur porte. La minuscule impasse de Waterloo Street était envahie par les camions, et a fourni quatre lieux de tournage (dont la propre maison des réalisateurs). Chaque fois que les réalisateurs avaient besoin de quelque chose, ils n’avaient qu’à pousser la porte d’un de leurs voisins.

Des décors aux costumes, le quartier d’Echo Park a été la source d’inspiration du film. Plutôt que de chercher des idées dans les magazines ou d’autres films, le costumier allait s’asseoir sur un banc au coin de Sunset Bd et de la rue Alvarado pour observer les passants et parfois même les photographier à leur insu.
Pour les décorateurs, le défi était non pas de copier la réalité mais de la transposer pour l’écran. Le contenu cinématographique était potentiellement à portée de mains. La clé pour tous les intervenants sur ce projet était de comprendre ce qu’ils avaient sous les yeux et de faire le tri entre ce qu’il s’agissait de retenir ou non.
Réaliser ce film a permis aux deux réalisateurs de mieux comprendre ce quartier et ses habitants. Echo Park, L.A. se présente comme une re-création de la vie de cette communauté. A l’image de son héroïne dont la grossesse s’apparente à une sorte d’immaculée conception, le film mélange la réalité et la fiction. Il rend hommage au courage de ses habitants qui face à l’adversité conservent intactes leur force de caractère et leur créativité.
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Un cinéma social et réaliste
Echo Park, L.A. s’inscrit dans la tradition du Kitchen Sink Drama. Ce film stigmatise le quotidien d’une communauté latino-américaine sur fond de lutte des classes et de conflits raciaux et sexuels. Le Kitchen Sink Drama est un mouvement cinématographique né dans l’Angleterre de la fin des années cinquante. Il a donné naissance à des films narrant des histoires pour adultes, au réalisme cru, engagés politiquement et à l’humour grinçant. Ils se déroulaient toujours au nord de l’Angleterre, bastion de la classe ouvrière. Les têtes de file de ce mouvement furent Lindsay Anderson, John Schlesinger ou encore Tony Richardson. Ils ont réalisé des films sombres comme This Sporting life, A kind of loving, et aussi A taste of Honey qui a été une source d’inspiration significative pour les réalisateurs d’Echo Park, L.A..
Richard Glatzer et Wash Westmoreland ont souhaité renouer avec ce cinéma social au réalisme poétique, un cinéma qui restitue le quotidien aussi bien dans sa dimension politique qu’émotionnelle, dans sa drôlerie comme dans sa violence. C’est donc avec à l’esprit le désir de recréer l’atmosphère du Kitchen Sink Drama qu’ils ont abordé le projet d’Echo Park, L.A..
Comment le Nord de l’Angleterre a pu se transposer dans Echo Park, L.A. ?
En 2004, Richard Glatzer et Wash Westmoreland sont invités à être les photographes officiels de la quinceañera de leur voisin dans le quartier d’Echo Park où ils se sont installés deux ans auparavant. On les sollicite en janvier alors que la fête est prévue pour le mois de juin. Ce délai est significatif de l’importance des préparatifs pour ce type de cérémonie. Dimanche après dimanche, alors qu’une douzaine de jeunes filles apprenaient la valse dans l’arrière cour d’une maison, les réalisateurs prennent conscience de l’importance de cette cérémonie pour la jeune fille concernée et sa famille.

Le jour J dans la salle paroissiale d’une église de Sunset Bd, la réception était sensationnelle. Les jeunes filles étaient habillées tout en rose, l’église elle aussi était décorée de rose avec des guirlandes de fleurs de toute part. Leur jeune voisine est apparue telle une reine de beauté avec son diadème et sa robe longue en soie. Elle est remontée vers l’autel sur la marche d’Aida. Une arrière-garde de jeunes hommes en smoking était présente également mais un peu en retrait ; cette journée particulière est dédiée aux jeunes filles. Cette fête célèbre tout à la fois l’explosion de la jeunesse, la féminité et la pureté de la virginité. Bien qu’elle se déroule dans une église protestante, l’événement est très influencé par la tradition catholique, nombre d’images évoquant la vierge Marie. Cette tradition remonte à l’époque aztèque près de cinq siècles avant JC.
Dans la salle de réception, quelques verres de Tequila plus tard, les formalités laissent place à la formidable énergie de la jeunesse. La quinceañera illustre l’incroyable complexité de cette communauté latino-américaine : l’éveil à la sexualité adolescente y cohabite avec l’éducation catholique la plus sévère, la tradition avec la modernité, les valses viennoises avec le reggaeton.
L’Echo Park qu’évoque Alison Anders dans Mi vida Loca a bien changé en 20 ans : les communautés homosexuelles et artistiques à la pointe des tendances ont investi les lieux générant une inflation des loyers et des tensions économiques et raciales plus ou moins sous-jacentes.
L’idée de départ de décrire la préparation d’une quinceañera a désormais un contexte : le rituel ancestral prend souche dans un voisinage en pleine mutation.
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Fiche technique
Scénaristes et réalisateurs : Richard Glatzer et Wash Westmoreland
Image : Eric Steelberg
Décor : Denise Hudson et Jonah Markowitz
Musique : Micko et Victor Bock
Montage : Robin Katz et Clay Zimmerman
Productrice : Anne Clements
Producteurs exécutifs : Todd Haynes, Nicholas Boyias, Avi Raccah et Mike Koulakis
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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de
remerciements à Xavier Hirigoyen et Thibaut Bracq
logos, textes & photos © www.memento-films.com