• Mon nom est Tsotsi

Publié le par 67-ciné.gi-2006













Mon nom est Tsotsi drame de Gavin Hood





avec :
Presley Chweneyagae, Terry Pheto, Kenneth Nkosi, Mothusi Magano, Zenzo Ngqobe, Zola, Rapulana Seiphemo, Nambitha Mpumlwana, Nonthuthu Sibisi, Jerry Mofokeng, Ian Roberts, Percy Matsemela, Thembi Nyandeni, Owen Sejake, Israel Makoe, Sindi Khambule et Benny Moshe


durée : 1h34
sortie le 19 juillet 2006

***

Synopsis
Dans un bidonville aux abords de Johannesburg, en Afrique du Sud, un jeune homme de 19 ans (Presley Chweneyagae), orphelin, a occulté tout souvenir de son passé, jusqu’à son propre nom. Il s’appelle donc Tsotsi qui signifie voyou, gangster, dans le jargon des ghettos. Sans nom, sans passé, sans ambition, il n’existe que dans un présent plein de colère.
Il dirige une bande de marginaux : Boston, un instituteur raté (Mothusi Magano), Boucher, un meurtrier de sang-froid (Zenzo Ngqobe) et Gorille, un costaud à l’intelligence très moyenne (Kenneth Nkosi). Lors d’une soirée arrosée, Tsotsi tabasse Boston dans un accès de violence extrême, puis il disparaît dans la nuit, traverse le bidonville et se retrouve dans une banlieue aisée. Une femme descend de sa Bmw et tente en vain d’ouvrir le portail de sa maison. Tsotsi sort son arme, l’agresse, tire et s’échappe avec la voiture. Un enfant pleure sur la banquette arrière…


***

Genèse de Tsotsi
Le roman d’Athol Fugard, Tsotsi, a été publié en 1980 et a intéressé nomb re de producteurs à New York et à Los Angeles. Plusieurs scénarios adaptés du roman ont été écrits avant que le producteur Peter Fudakowski ne le découvre, mais jamais aucun montage financier n’avait pu aboutir. Il semble qu’adapter au grand écran une histoire essentiellement basée sur un dialogue intérieur ait paru particulièrement difficile.
Le roman Tsotsi se situe dans l’Afrique du Sud des années 50 mais dès le début du développement du film il est apparu que les thèmes universels de la rédemption et de la découverte de soi, explorés dans le roman, étaient aisément transposables à l’époque actuelle.
Selon Gavin Hood,
« En portant Tsotsi à l’écran, notre intention première était d’en faire un thriller psychologique bien rythmé et porté par le héros. On voulait également entraîner notre public dans un monde de contrastes radicaux. Gratte-ciels et cabanes, richesse et pauvreté, colère et compassion, qui entrent en collision dans un film s’avérant être une histoire classique de rédemption ».
Au début du film, le personnage principal semble irrémédiablement condamné à une vie sans amour marquée par la violence ordinaire. Il vit dans un bidonville, en banlieue de Johannesburg, une ville de 10 millions d’habitants vibrante d’une énergie viscérale et interculturelle. Tsotsi est le pur produit des extrêmes de cette ville. La violence fait partie intégrante de sa vie. Il existe sans même songer à son avenir et évite toute réflexion sur son passé. Il ne vit que dans un présent pétri de colère.
Gavin Hood voulait traiter la violence avec franchise et réalisme, sans mont rer la criminalité sous un jour séduisant. Le film est jalonné de moments violents mais le réalisateur affirme qu’il ne voulait pas faire l’apologie de ces actes. Ils surviennent de façon soudaine, simple et laissent le spectateur se focaliser sur les conséquences de la violence sur la vie des personnages.
Le film a été tourné en super 35 pour donner une touche épique à une histoire plutôt intimiste. Gavin Hood a délibérément choisi ce format pour déroger à la convention du film de ghetto qui privilégie le grain du 16 mm. Le format écran large permet une composition qui, même en gros plan, donne une perception de l’environnement dans laquelle les personnages existent. Gavin Hood voulait également créer le sentiment d’une certaine texture : un grain fin permettant que la couleur et les reliefs de l’environnement soient rendus dans le détail.
« Le défi de ce film était de plonger les spectateurs dans l’univers d’un personnage marginal, asocial, et de développer leur empathie pour lui », dit Gavin Hood. « On a donc fait beaucoup de gros plans. Je voulais instaurer une véritable intimité entre les spectateurs et l’acteur, de sorte qu’ils puissent presque le regarder droit dans les yeux ».

***

Origine et signification du mot Tsotsi
Le terme Tsotsi désigne un délinquant urbain de race noire, un voyou des rues, ou un membre de gang dans le jargon des townships d’Afrique du Sud. Il serait une corruption de tsotsa, issu de la langue sesotho qui signifie habillé de façon voyante, le costume zazou étant originellement associé aux tsotsis. Un homme est un tsotsi et une femme une noasisa.


Les tsotsis sont originaires des gangs qui se sont répandus dans les rues du ghetto. Leur histoire remonte aux célèbres gangs des années 30 du township de Soweto, en banlieue de Johannesburg. Nelson Mandela, l’ex-président d’Afrique du Sud, dans son autobiographie La longue marche vers la liberté, se rappelle qu’ils faisaient partie intégrante de la vie du township surpeuplé de Johannesburg dans les années 40.
« Comme c’est souvent le cas dans les endroits désespérément pauvres, les pires éléments se retrouvent sur le devant de la scène », écrit Mandela. « Une vie ne valait rien; armes à feu et couteaux faisaient la loi, la nuit venue. Les gangsters, appelés tsotsis, armés de crans d’arrêt, étaient légion. A l’époque, ils imitaient les vedettes des films américains et portaient chapeau mou, costume croisé et cravate aux couleurs vives. » Il y avait les grands tsotsis, en costume zazou, et les petits tsotsis, les arnaqueurs. Dans les années 50 et 60, les caïds qui avaient souvent des Asiatiques et des Blancs sous leurs ordres, appartenaient au grand banditisme. Les petits étaient des amateurs, des garçons qui n’étaient pas allés à l’école, de jeunes hommes qui n’avaient aucune envie de travailler, ou qui ne trouvaient pas d’emploi. Aujourd’hui, le terme est réservé aux jeunes délinquants à la dérive. Bien que le mot tsotsi évoquait autrefois un gangster glamour, il est plus fréquemment employé aujourd’hui pour de jeunes voyous des rues dont les vies sont loin d’être idéales. Mais une chose n’a pas changé : la plupart des tsotsis sont issus des milieux déshérités. Comme l’écrivait en 1950 Henry Nxumalo, le journaliste d’investigation du Drum : « Il en sort tous les jours du Reef (aux alentours de Johannesburg, un endroit également dénommé la cité dorée). Quand un jeune garçon est sur une mauvaise pente, c’est en partie de sa faute, mais la criminalité dans une ville est fonction de l’aisance ou de la pauvreté de la totalité de ses habitants. Vu la misère noire qui règne dans la cité dorée, tout s’explique. La lutte pour la vie fait rage et l’individu a vocation à survivre. » L'apartheid instaure dés 1952 des lois limitant les libertés des Noirs qui doivent dorénavant posséderun permis pour vivre et travailler dans certaines zones. Ne pas en posséder ou en posséder un inapproprié est un délit. Comme l’écrit Henry Nxumalo : « Sans instruction, sans travail, et sans permis, un jeune est condamné à vivre la nuit et non le jour, et devient un délinquant. Les individus compétents sont frustrés par le peu d’opportunités qui s’offrent à eux : ils se rendent vite compte que la délinquance leur fera gagner plus d’argent que l’honnêteté ». C’est dans ce contexte que naissent les tsotsis… Les tsotsi parlent le tsotsi-taal ou l’isicamtho, l’argot des townships d’Afrique du Sud, savant mélange d’afrikaans et de dialectes locaux tels que le zulu, le xhosa, le tswana et le sotho. Le South African Concise Oxford Dictionary le décrit comme un patois des townships influencé par l’afrikaans, typique du Gauteng (ancienne appellation de la zone du Reef). Le tsotsi-taal est peu à peu rentré dans la langue par le biais de la musique, de la radio et de la communication en général. La plupart des gens vivant en Afrique du Sud ont des notions de tsotsi-taal.

***

La musique Kwaito
Le kwaito est la musique moderne des townships d’Afrique du Sud. Elle est abondamment utilisée dans ce film pour ajouter une note d’authenticité à la vie du ghetto. D’après le South African Concise Oxford Dictionary, le terme kwaito viendrait de amakwaito, un groupe de gangsters des années 50 originaires de Sophiatown, un township de Johannesburg, qui a emprunté son nom au mot afrikaans kwaai, qui signifie en colère ou vicieux.
Le kwaito est une musique locale typique et profondément ancrée dans la culture jeune de Johannesburg. Il s’agit de chants scandés en rythme sur un accompagnement de basses puissantes. Comme d’autres formes de house music, le kwaito est composé en studio puis donné sur scène ou dans des clubs accompagné de chanteurs en live. Avec ses paroles très colorées et son beat très marqué, le kwaito reflète parfaitement la culture jeune post-apartheid. On l’entend d’un bout à l’autre du pays, des taxis collectifs aux clubs, des radios aux fêtes privées, incarne la voix de la jeunesse noire d’Afrique du Sud. A l’instar du hip-hop, il exprime et valide à la fois le mode de vie urbain et m o d e rne chanté en argot des rues, mélange d’anglais, de zulu, de sesotho et d’isicamtho (la version moderne du tsotsi-taal). Le kwaito, qui a fait son apparition en Afrique du Sud courant 90, marie différents rythmes : le marabi des années 20, le kwela des années 50, le mbaqanga-maskhandi, voire la musique des chewing-gum des années 80 et le traditionnel imibongo (poésie religieuse africaine). Selon Oscar waRona Mdlongwa, D.J. et producteur :
« Fin 80, on a commencé à mixer des morceaux de house en leur donnant une petite touche locale. On a ajouté un peu de piano, des percussions et des mélodies africaines et ralenti le tempo. »


Le kwaito est la voix de la colère des townships, qui en parle, les connaît et les comprend.
Le kwaito est un symbole authentique de cette vie revendiquée avec ferveur par la jeunesse d’Afrique du Sud (la moitié des 50 millions d’Africains du Sud a moins de 21 ans). Il a contribué à renforcer l’optimisme et la confiance des sud-africains après l’apartheid, et modifié le paysage culturel pour toujours. Selon le musicien Hugh Masekela,
« le kwaito n’est pas prêt de disparaître »
La bande originale de Mon Nom est Tsotsi sera éditée chez Milan Music en juillet 2006.

***

Fiche technique
Réalisation
: Gavin Hood
Scénario
: Gavin Hood
Montage
: Megan Gill
Assistant de réalisation
: Richard Kellond
Directeur artistique
: Janine Eser
Casting
: Moonyeenn Lee
Photographie
: Lance Gewer
Costume
: Nadia Kruger et Pierre Vienings
Maquillage et coiffure
: Tania Brooke
Son
: Shaun Murdoch
Chef décorateur
: Emelia Weavind
Conseiller artistique
: Mark Walker
Musiques originales
: Mark Kilian et Paul Hepker
Production
: Peter Fudakowski
Coproduction
: Paul Raleigh
Producteurs Exécutifs
: Sam Bhembe, Robbie Little, Doug Mankoff, Basil Ford, Joseph D’morais, Alan Howden et Rupert Lywood
Producteurs associés
: Janine Eser
Henrietta Fudakowski
Post production
: Gavin Joubert
Chanteurs : Vusi Mahlasela et Khanyo Maphumulo
Percussions : Barry Van Zyl
Violon Alto: Brendan Jury
Choeur : Khanyo Maphumulo, Phinda Mtya ,Matlala, Thofo Goge, Phuthuma Tiso,
Sipho Mbele, Bongani Masuku, Linda Gcwensa, 29 et Innocent Modiba (Choir contracted by Sipho Mbele)
Voix
: Nick Heaton (Custom percussion supplied by Andries Bruyns, Frans Kilian)
Titre enregistré par
: Nick Heaton
Titre enregistré par
: Rhythm Nation Studios
Titre mixé par
: Casey Stone et Steve Kaplan
Titre mixé à
: Gravy Street, Venice, California
Consultant Musical : Lance Stehr, Ghettoruff, Sa

***


présentation réalisée avec l’aimable autorisation de

remerciements à Marc-Antoine Pineau, Vincent Mercier et Thierry Dubourg
logos, textes © www.mk2images.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article