The queen

The queen drame de Stephen Frears

avec :
Helen Mirren, James Cromwell, Alex Jennings, Roger Allam, Sylvia Syms, Tim Mcmullan, Robin Soans, Lola Peploe, Douglas Reith, Joyce Henderson, Amanda Hadingue, Gray O’brien, Dolina Maclennan, Jake Taylor Shantos, Dash Barber, Michael Sheen, Helen Mccrory, Mark Bazeley, Kananu Kirimi, Susan Hitch, Harry Alexander Coath, Earl Cameron, Elliot Levey, Anthony Debaeck, Emmy Lou Harries, Laurence Burg, Michel Gay, Wolfgang Pissors, Malou Beauvoir, Paul Barrett et Xavier Castano
durée : 1h39
sortie le 18 octobre 2006
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Synopsis
Un portrait intime et saisissant d’Elizabeth II et de la famille royale au lendemain de la mort de Diana.
Dimanche 31 août 1997 : Diana, princesse de Galles, ex-épouse de l'héritier de la Couronne britannique, meurt des suites d’un accident de voiture survenu sous le pont de l’Alma à Paris.
Si la disparition de la femme la plus célèbre du monde plonge la planète dans la stupeur, elle provoque en Grande-Bretagne un désarroi sans précédent.
Alors qu'une vague d'émotion et de chagrin submerge le pays, Tony Blair, élu à une écrasante majorité au mois de mai précédent, sent instantanément que quelque chose est en train de se passer, comme si le pays tout entier avait perdu une soeur, une mère ou une fille. Au château de Balmoral en Ecosse, Elizabeth II reste silencieuse, distante, apparemment indifférente.
Désemparée par la réaction des Britanniques, elle ne comprend pas l’onde de choc qui ébranle le pays. Pour Tony Blair, il appartient aux dirigeants de réconforter la nation meurtrie et il lui faut absolument trouver le moyen de rapprocher la reine de ses sujets éplorés.

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Notes de production
Quand la princesse de Galles meurt dans un accident de voiture à Paris en août 1997, peu de gens devinent les conséquences immédiates de cette tragédie pour le gouvernement britannique et la famille royale. Pourtant, lors de sa séparation avec le prince Charles, Diana avait fait savoir haut et fort qu'elle ne se retirerait pas tranquillement de la vie publique…
La disparition brutale et prématurée de la femme la plus célèbre et la plus photographiée au monde provoque une violente émotion chez les Britanniques et bouleverse en profondeur leur rapport à la monarchie. La mort de la princesse possédait toute la dramaturgie nécessaire à un film : une terrible poursuite en voiture par d'impitoyables paparazzi se soldant par le décès d’une jeune femme dans la fleur de l'âge, une histoire d'amour sujette à caution et stoppée net avant même qu’elle puisse s'épanouir, une population anéantie par la nouvelle de sa mort, et des journaux qui, jugés responsables du décès de la princesse, cherchent à tout prix à détourner l’attention.
Mais c'est un tout autre aspect du drame qui a encouragé la productrice Christine Langan et Andy Harries, directeur du département cinéma de la chaîne de télévision britannique Granada, à entreprendre le film. Tous deux avaient déjà produit ensemble The Deal. Ce film de télévision écrit par Peter Morgan et réalisé par Stephen Frears retraçait la naissance du New Labour et évoquait les rapports entre Tony Blair et Gordon Brown. L'expérience fut si concluante que les deux producteurs souhaitaient faire de nouveau équipe avec Morgan et Frears sur un autre projet évoquant la société britannique d'aujourd'hui.
Il s'agissait cette fois d’un projet plus ambitieux destiné au cinéma. The queen oppose en effet l'univers traditionnel de la famille royale – symbolisé à la fois par le château de Balmoral, niché dans la lande écossaise, les salons élégants et par les appartements privés du palais de Buckingham – à la modernité et à la simplicité du nouveau Premier ministre Tony Blair et de son aréopage de conseillers en charge de son image.
« Andy, Stephen, Peter et moi souhaitions nous retrouver sur un film parlant d'une autre institution britannique majeure » explique Christine Langan. « La famille royale était un choix évident. La mort de Diana et surtout la façon dont la famille royale a vécu et géré ce drame s’est imposée comme le sujet le plus riche sur le plan dramatique. La princesse avait été cause de grande tension de son vivant ; il semblait inévitable que sa mort violente devienne pour la monarchie le plus grand défi des cinquante dernières années. »
Pour Harries, c'est le souvenir de la réaction de la reine et de la famille royale à la mort de Diana qui le décida à s'engager dans l'aventure : l'image d'une famille royale incapable de la moindre entorse au protocole à l’occasion de cette grave crise l'intéressait. « Ce qui m'a fasciné dans l'histoire de Diana et de la reine » reprend Harries, « c'est de voir une souveraine vieillissante, digne héritière de l'époque victorienne, mise en difficulté par une jeune princesse devenue tellement différente de la fiancée timide choisie au départ avec la bénédiction de la famille royale. Il émanait de Diana une véritable aura. Je me souviens de la semaine où elle est morte. C'était vraiment bizarre : il régnait un calme étrange, comme si personne ne savait encore comment réagir. Puis, les gens ont commencé à manifester du chagrin. S'agissait-il d'une émotion authentique ? Ou d'une émotion feinte ? Les gens éprouvaient-ils véritablement de la peine pour elle ? Ou était-ce en raison d'autres malheurs dont souffrait le pays ? »
Christine Langan et Andy Harries savaient que Peter Morgan avait tout le talent nécessaire pour écrire un scénario d'une grande authenticité et donner au récit une ampleur romanesque propre à un film captivant. « Il fallait absolument que le film reste le plus près possible de la réalité » ajoute Harries. « Peter a su remarquablement trouver le juste équilibre entre ce qu'on connaît de la réalité et l'imaginaire collectif. »
La perspective d'adapter les événements liés à la mort de Diana pour le cinéma avait bien sûr de quoi intriguer Morgan : « Au départ, je pensais écrire une sorte de relevé exhaustif des événements se déroulant sur 24 heures, mettant en scène les personnages – connus et inconnus – qui ont été touchés par ce drame » précise le scénariste. « Il m'est vite apparu que l'aspect le plus intéressant concernait la manière dont la famille royale a réagi à la tragédie au cours de la semaine qui s'est écoulée entre la mort de la princesse et ses funérailles. Il s'agissait d'une famille en crise, confinée dans le monde protégé de Balmoral. La reine avait décidé de faire enlever toutes les radios et tous les téléviseurs du château pour protéger ses petits-fils. C'était leur manière de refuser d'affronter la réalité. Ils évoluaient ainsi entre les quatre murs d'un univers de flagorneurs et on ne leur racontait ni ce qui se passait à Londres, ni dans le reste du pays. Les gens défilaient dans les rues pour réclamer une réaction de la famille royale, et ils ne voyaient rien venir. Au cours de cette semaine, il se propagea dans le pays un profond sentiment anti-monarchiste, entretenu par la presse qui voyait là une occasion de s'exonérer de toute culpabilité. »
Mais la famille royale n'était pas un thème suffisamment fort en soi : il y manquait la tension dramatique qui fait les grands films. Grâce aux recherches menées par Christine Langan et son équipe,Morgan a pu se renseigner sur le rôle qu'a joué Tony Blair, le nouveau Premier ministre travailliste, pendant la semaine qui a suivi la mort de Diana. Très vite, le scénario de The queen insista sur le contraste entre l’ordre ancestral du pouvoir héréditaire et le monde moderne du pouvoir acquis par élection démocratique.
« Le scénario s'est rapidement focalisé sur la constitution, la notion de gouvernance et l'équilibre des pouvoirs entre le Premier ministre et la reine » ajoute Morgan. « L’aspect le plus fascinant de cette histoire est tout ce qui se déroule en coulisses » note Christine Langan. « Le gouvernement était depuis peu au pouvoir, et les attentes des électeurs et des chroniqueurs politiques étaient énormes. Pourtant, quatre mois après avoir été élu, Blair n'avait toujours pris aucune décision importante. Tout d'un coup, avec la mort de la princesse, il a trouvé une occasion d’imprimer sa marque. L'élément clé de l'histoire était la relation entre le Premier ministre et la reine, car Blair a su tout de suite qu'il était un partenaire incontournable dans la gestion de cette crise. »
Pour Harries, le scénario de Morgan était parfait dans sa simplicité même. « D'un côté, vous avez la reine et la famille royale qui se préparent au pire dans un coin reculé de l'Ecosse, et de l'autre, le jeune et fringant Tony Blair qui a compris immédiatement la situation. Dans une certaine mesure, il sauve l'avenir de la famille royale en obligeant cette dernière à faire face aux exigences des médias et à une opinion publique en furie. »
Stephen Frears n'a pas eu besoin de se faire prier pour s'engager dans l'aventure.
« Il est très difficile de trouver de vraies bonnes histoires qui ne soient pas usées jusqu'à la corde » déclare le réalisateur. « Par chance, cela fait trois ou quatre ans qu'on me propose des sujets vraiment originaux. En l'occurrence, il s'agissait d'un projet qui m'intéressait particulièrement, d'abord parce qu'il me permettait de retravailler avec Peter Morgan, mais aussi en raison du sujet lui-même. Le film parle du conflit qui oppose deux mondes. Il parle aussi de la tradition qui est à la fois une force et une faiblesse de ce pays. »
Le regard aiguisé de Frears était déterminant dans la réussite de The queen. « Lorsqu'on s'attaque à des thèmes complexes et quelque peu polémiques, il vous faut un metteur en scène qui ait une sacrée dose d'envergure, et Stephen en a à revendre ! », ajoute Harries. « C'est un très bon réalisateur non seulement très expérimenté, mais aussi incroyablement intelligent. C'est aussi quelqu'un qui prend des risques : il déteste la routine, change constamment de style d'un film à l'autre et c'est un esprit réellement curieux. »
Un des éléments importants de The queen est le souci quasi clinique du détail. Etant donné le sujet abordé par le film, celui-ci serait sans doute tombé sous le coup de la censure s'il n'avait pas été d'un réalisme absolu – qu'il s'agisse de la représentation du petit déjeuner de la reine ou de ses rapports intimes avec ses proches. Tout au long de l'écriture du scénario, plusieurs documentalistes se sont activés à dénicher des informations, à recouper des sources proches de la famille royale, à lire des coupures de presse et à visionner des images d'archives de la télévision.
Spécialistes de la famille royale, Robert Lacey et Ingrid Seward ont servi de consultants à la production. Lacey a notamment écrit Royal: Her Majesty Queen Elizabeth II (2002), The Queen Mother (1987), Princess (1982) et la première biographie de la reine faisant autorité, Majesty: Elizabeth II and the House of Windsor (1977) – autant d'ouvrages réputés pour le sérieux de leurs recherches et leur absence de sensationnalisme. Quant à Ingrid Seward, rédactrice en chef de la revue Majesty et spécialiste respectée de la monarchie britannique, elle a publié The Queen & Di: The Untold Story (2001) et Diana: An Intimate Portrait (1997).

« J'ai rencontré tous ceux qui étaient prêts à témoigner » ajoute Morgan. « Il existe énormément de biographes de la famille royale et des Blair, et ils ont tous leurs sources, qu'il s'agisse d'écuyers à la cour, de secrétaires, de majordomes, de bonnes ou de fonctionnaires. La documentation est très abondante, et du coup il faut bien veiller à faire le tri entre ce qui est véridique et ce qui ne l'est pas. » S'il a été assez simple de recueillir des informations fiables sur le fonctionnement du protocole – les témoignages sur la manière dont les domestiques s'adressent à la reine se recoupant tous – Morgan a dû se montrer plus prudent dès qu'il s'est agissait d'imaginer les propos de ses personnages dans un cadre privé. « Certes, en tant qu'écrivain, je dois faire appel à mon imagination » précise-t-il. « Mais cela devient plus facile si je peux rencontrer quelqu'un qui s'est entretenu avec le prince Charles le soir où Diana est décédée. Je sais alors ce qu'il a dit, et je peux donc écrire la scène avec plus de précision. Plus on glane d'informations, plus on peut faire le tri entre les différentes sources auxquelles on fait appel. En général, j'écris d'abord mes dialogues, et je vérifie ensuite s'ils sont vraisemblables » poursuit-il. « Cela peut paraître étonnant, mais la plupart du temps, je vois juste. Il y a bien des scènes qui sont de pure invention, comme la séquence où la reine croise un cerf à Balmoral. Mais il y en a d'autres qui s'inspirent d'événements réels. Par exemple, on peut se demander pourquoi Tony Blair a pris fait et cause pour la reine aussi ardemment. Eh bien, on sait que c'est un homme politique pragmatique, qu'il est plus conservateur que ne le pensent la plupart des gens, que sa mère aurait eu le même âge que la reine si elle avait été en vie à l'époque, et qu'elle aurait sans doute eu pas mal de points communs avec Elizabeth II. Fort de ces éléments, j'arrive à écrire une scène où Cherie Blair tente de trouver une explication au comportement de son mari. »
Peter Morgan a trouvé un vrai partenaire en Stephen Frears. « C'est un réalisateur qui travaille en étroite collaboration avec les scénaristes. Il n'hésite pas à étudier le moindre mot et à éplucher la moindre virgule, pour vous faire retravailler telle ou telle scène jusqu'à ce qu'elle soit plus limpide. Il me demandait sans cesse quel était mon regard sur telle ou telle séquence, je lui répondais, et il me disait alors que ça ne correspondait pas à ce que j'avais écrit. On passait notre temps à préciser tel élément, à faire en sorte que les enchaînements soient plus compréhensibles et à retravailler l'atmosphère du film. Je connais très peu de metteurs en scène dotés d’une telle rigueur intellectuelle. » Quant à Frears, il fait toujours preuve de la même humilité : « L'essentiel du travail de réécriture a consisté à clarifier le récit » explique-t-il. « Je cherche systématiquement à rendre l'intrigue la plus compréhensible possible. »
le choix des interprètes
A l'époque où il réfléchissait au projet de The queen, Harries supervisait la production de la sixième saison de la série Prime Suspect, avec Helen Mirren. Lors d'une lecture avec les comédiens, il s’est dit en regardant Helen qu’elle ferait une formidable reine Elizabeth II. Pour l'actrice, qui a campé plusieurs personnages inoubliables au théâtre, au cinéma et à la télévision, il s'agissait d'une proposition qu'on ne refuse pas. « Je me suis dit que The Deal était du beau boulot, et que j'étais donc en de très bonnes mains » confie t- elle. « Il s'agit d'un sujet sensible, risqué d'une certaine façon, et il faut donc être sûr que les gens avec qui on travaille soient assez talentueux pour porter une telle histoire à l'écran sans trahir grossièrement la réalité historique. »
Malgré son expérience, la comédienne n'a pas hésité à demander conseil à son partenaire Michael Sheen qu'elle avait admiré dans The Deal. Il lui recommanda de travailler dès que possible en étroite collaboration avec la répétitrice Penny Dyer, afin de posséder au plus vite la voix et les tics de langage de son personnage. Helen Mirren a également souhaité rencontrer les interprètes de la famille royale « afin d'entrer dans la peau de nos personnages et de nous habituer aux voix des uns et des autres, avant même le premier jour de tournage, comme si nous appartenions déjà à la même famille ».
Comme ses partenaires, Helen Mirren était parfaitement consciente des écueils qu'il y avait à jouer un personnage réel, surtout lorsqu'il s'agit d'une protagoniste aussi célèbre que l’actuelle souveraine. La difficulté consistait à trouver le juste équilibre entre une interprétation très réaliste et un portrait à la limite de la caricature. « Le but n'était pas de faire une brillante imitation », reprend la comédienne. « J'ai fait beaucoup de recherches. Je ne suis pas très douée pour les imitations, et même si vous êtes la meilleure imitatrice du monde, vous ne brosserez jamais qu'un portrait partiel de votre personnage. Etant donné la force du symbole qu'incarne la reine, j'étais terrorisée. C'est le rôle qui m'a le plus angoissée de ma carrière. Le travail qu'on a fait avec Penny Dyer s'est avéré inestimable. Elle a un sens extraordinaire des voix. Puis, une idée m'a traversé l'esprit qui m'a beaucoup aidée : je me suis vue comme une portraitiste. En effet, les bons portraitistes apportent à leur tableau leur propre perception de leur sujet, et peignent ce dernier en fonction de leur personnalité, de leur psychologie : c'est ainsi que chaque portrait est unique. Je me suis imprégnée de tous les portraits que j'ai trouvés. Malheureusement, il n'y a pas de livre consacré exclusivement aux portraits d'Elizabeth II. C'est vraiment dommage. Bien entendu, il faut s'efforcer de reproduire certaines choses fidèlement, comme la coiffure, les gestes des mains, les attitudes, la démarche ou la voix” poursuit-elle. “J'avais des photos de la reine dans ma caravane, et j'ai passé mon temps à visionner des cassettes. C'était un peu angoissant, parce qu'à chaque fois que je voyais des images d'elle, j'avais l'impression de la trahir, de trahir son être profond – et c'est précisément l'être profond que je cherchais à approcher. Je me souviens d'un film assez ancien d'une minute environ, où on voit Elizabeth à l'âge de 12 ans descendre d'une voiture et se diriger vers quelqu'un pour lui serrer la main. C'était très émouvant. Je me le suis repassé plusieurs fois. Plus je l'observais, plus je la trouvais extraordinaire en tant que personne : on la voit comme un symbole très fort, célèbre dans le monde entier, alors qu'en fait on ne la connaît pas du tout. Elle est très différente de Tony Blair, qui lui est très extraverti. Elle est réservée et évolue dans son monde – mais elle n'a rien de névrosé ou de perturbé, elle est au contraire posée et sereine. Elle s'impose une formidable auto-discipline. C'est exactement dans cette direction que j'ai essayé d'aller. »
C'est aussi la perspective d'être dirigée par Stephen Frears qui a poussé Helen Mirren à tourner le film. « Stephen dirige ses comédiens comme un chef d'orchestre » explique l'actrice. « On a l'impression qu'il entend une mélodie du film dans sa tête, et qu'à partir de là, il tourne les plans et dirige les comédiens. » Comptant parmi les jeunes comédiens britanniques les plus doués de sa génération, Michael Sheen a été salué par la critique pour sa prestation de futur chef du gouvernement travailliste dans The Deal. Pourtant, s'il s'est agi d'incarner le même personnage, l'intrigue de The queen se déroule quatre ans plus tard et Blair n'est plus le même homme. Il a non seulement remporté la bataille pour la direction du Parti travailliste, mais il vient d'être élu Premier ministre avec une écrasante majorité.
« Dans The Deal, Blair était jeune et naïf » précise Michael Sheen. « Dans The queen, il s'agit d'un homme plus posé, plus réfléchi. Il a gagné en influence et en maturité. L'élection qu'il a remportée quatre mois avant la mort de Diana lui a certes donné confiance en lui, mais il a encore du chemin à faire pour se sentir vraiment à l'aise dans son rôle de Premier ministre. Il est certain qu'à la fin du film, il a gagné en envergure et en assurance. »
La difficulté consistant à interpréter un personnage réel a séduit Michael Sheen. « Etonnamment, le travail de l'acteur est inversé pour un rôle de ce genre » poursuit-il. « Lorsqu'on joue un personnage fictif, on commence par s'approprier sa psychologie, et puis on acquiert la voix et les attitudes de manière quasi naturelle. Quand il s'agit d'un personnage réel, on travaille d'abord son aspect physique pour se focaliser ensuite seulement sur sa personnalité. J'ai visionné beaucoup d'images d'archives et lu pas mal de livres au sujet de Blair, et j'ai parlé de lui à plusieurs personnes. Je n'ai pas seulement essayé de l'imiter, mais j'ai souhaité pouvoir faire comprendre ce qui se passe dans sa tête par une multitude de petits signes à peine perceptibles. Quand on imite quelqu'un, on tombe dans la caricature, alors qu'avec ce film, nous avons voulu faire un drame sentimental. Il s'agissait de raconter une histoire avant tout. On a fait un gros boulot de documentation en amont, et on s’est lâché ensuite au moment du tournage. » The queen marque la troisième collaboration de Michael Sheen avec Stephen Frears, après Mary Reilly et The Deal. « Stephen vous encourage sans cesse à vous dépasser et à explorer de nouvelles pistes. Il révèle des choses en vous que vous ne soupçonniez pas. C'est une expérience extrêmement agréable et gratifiante, mais qui ne met pas franchement à l'aise. Les personnages de Stephen sont toujours complexes, et pour parvenir à ce degré de complexité, il vous pousse sans cesse à fouiller au plus profond de vous-même et à vous dépasser. On est tout à fait conscient d’être manipulé, mais on l'accepte bien volontiers car on lui fait confiance. Il passe son temps à vous faire des petites remarques. Quand j'étais sur le point de tourner une scène avec Helen Mirren, il me faisait des commentaires du genre "Elle fout vraiment la trouille, non ?", afin de créer l'atmosphère qu'il estime être nécessaire pour mon personnage. Il a toujours l'oeil qui pétille, et ça fonctionne ! »
Mais le film possède aussi, selon Michael Sheen, sa part de légèreté : « Le film est souvent très drôle. Le scénario de Peter Morgan flirte avec l'audace et l'impertinence. Ce qui est formidable, c'est qu'il mêle la sphère privée – on voit par exemple les Blair en train de manger des pâtes devant la télé – et la sphère professionnelle, et c'est ce qui en fait un film réaliste. Le résultat devrait être amusant parce que c’est toujours un peu bizarre de voir des gens célèbres faire des gestes de la vie quotidienne. A première vue, The queen parle de la manière dont la famille royale a géré la mort de Diana, et dont Blair a conseillé la reine sur la ligne de conduite à adopter » conclut Michael Sheen. « Mais, en réalité, il s'agit d'un film qui parle de nos valeurs et évoque un moment de l'histoire britannique où les notions de devoir et de tradition, incarnées par l'institution monarchique, entrent en conflit avec l’idée de modernité et de simplicité. C'est aussi un film qui traduit l'état d'esprit et les attentes du pays à ce moment précis, et la manière dont les dirigeants y ont répondu. »

Parmi les autres interprètes, citons Helen McCrory (Cherie Blair), Sylvia Syms (la reine mère) ainsi qu’Alex Jennings (le prince Charles), Roger Allam (Sir Robin Janvrin, secrétaire particulier adjoint de la reine) et Tim McMullan (Alastair Campbell). De façon plus surprenante, Stephen Frears a souhaité confier le rôle du prince Philip à James Cromwell. Surtout connu pour ses prestations dans Babe et L.A.Confidentail, James Cromwell avait déjà été dirigé par Frears dans le film de télévision américain Fail safe. « Je crois qu'il lui fallait un bouc émissaire, quelqu'un sur qui la presse britannique pourrait tirer à boulets rouges » plaisante James Cromwell. « Un Américain dans le rôle du prince Philip ? Impensable ! Stephen a un peu hésité au départ, se demandant bien si j'y arriverais. Je crois que ce qui l'a convaincu, c'est que j'ai bel et bien rencontré le prince Philip et la reine, et que j'ai joué devant eux à Whitehall dans un spectacle parrainé par le prince pour soutenir le Wwf. Cela m'a permis d'avoir un aperçu de la manière dont il s'exprime ainsi que de sa gestuelle. Mais pour l'essentiel, je m'en suis remis au scénario. Ce qui m'intéresse, c'est de débusquer l'humanité derrière le personnage. Et cela revient à formuler certaines hypothèses en fonction de votre propre notion de l'humanité et de vos propres préférences – qui ne correspondent d'ailleurs peut-être pas à celles d'un tel personnage. Pour moi, Philip est quelqu'un de très respectueux du protocole, et qui sait parfaitement quel est son rôle. Il s'exprime autant qu'il le peut et l'estime nécessaire, mais il sait à quel moment il doit s'effacer. Il reste pourtant des questions sans réponse. Qui porte la responsabilité du dysfonctionnement de cette famille ? La reine s'est-elle déchargée de ses responsabilités de mère sur Philip pour mieux assumer celles de monarque ? Philip s'est-il avéré incapable de donner à Charles l'amour et la confiance en soi dont il aurait eu besoin pour agir différemment ? Je ne le juge pas car si, en tant qu'acteur, je me mettais à le juger, je prendrais de la distance et ne pourrais alors plus le jouer. »
Pour Helen McCrory, son rôle permettait de clarifier les choses sur Cherie Blair. Bien que l'épouse du Premier ministre ait fait l'objet d'une abondante littérature – la plupart des ouvrages sont critiques et univoques – on trouve très peu d'archives où on l'entend s'exprimer. C'est sans doute étonnant, mais il existe également très peu d'images d'archives de Cherie Blair.
« J'ai toujours éprouvé de la sympathie pour elle » explique la comédienne, « et j'ai le sentiment qu'elle a souvent été maltraitée par la presse qui ne peut s'empêcher de publier des images d'elle peu flatteuses. C'est une femme intelligente qui a fait une magnifique carrière comme avocate des droits de l'homme. J'ai été très heureuse de pouvoir donner une autre image d'elle, celle d'une mère et d'une épouse affectueuse, qui ne peut se réduire à la caricature qu'en font les médias. En étudiant sa gestuelle, j'ai compris qu'elle était attachante, qu'elle aimait rire, qu'elle est très à l'aise face aux gens qu'elle ne connaît pas, et que c'est elle plus que son mari qui va d'abord vers les autres. »
style visuel et décors
L'un des thèmes les plus importants du film concerne l'opposition entre le monde de la monarchie, nourri de traditions et d'obligations protocolaires, et un monde plus moderne, à la fois riche d'émotions et de simplicité. C'est la tension entre les deux univers qui a inspiré le style visuel du film, qu'il s'agisse des éclairages, des mouvements d'appareil, des décors ou des costumes. Chef-opérateur d'origine brésilienne, réputé pour ses collaborations avec plusieurs grands cinéastes, Affonso Beato a signé la photo de The queen. Sa mission était simple : « Stephen souhaitait tourner les scènes de la famille royale en 35 mm et celles avec Blair en Super 16. Cela correspondait aux besoins du film : l'image 35 mm est plus léchée et en impose davantage qu'un tournage caméra à l'épaule en 16 mm, qui est plus dynamique et fait davantage ressortir le grain. Nous souhaitions créer un contraste important entre ces deux mondes – l'un, imposant et immuable, l'autre moderne et trépidant. » L'une des difficultés qu'a dû surmonter Affonso Beato était le laps de temps pendant lequel se déroule le film. « L'intrigue s'étale sur une semaine, mais le tournage a duré plus de deux mois. Si je pouvais maîtriser les éclairages des intérieurs, je ne pouvais rien faire pour ceux des extérieurs. Ce fut difficile de faire en sorte que tous les extérieurs aient la même tonalité, et j'aurais Bretagne, c'est souvent un problème… »
Le contraste entre l'atmosphère guindée de la famille royale et l'ambiance détendue et conviviale des Blair est plus manifeste encore dans les décors et les lieux de tournage.
Le chef décorateur Alan Macdonald, qui a conçu les décors de The queen, estime que « un décor est réussi lorsqu'il ne se voit presque pas. Le film se déroule dans un univers qu'on a l'impression de bien connaître ». Il s'est servi de biographies et d’images d'archives de la famille royale et des Blair dans son travail. « On croit très bien connaître l'univers du château de Windsor, de Balmoral et du Palais de Buckingham, parce que ce sont des symboles forts. Mais le film ne se déroule pas dans ces espaces publics qu'on a beaucoup vus à la télévision. En réalité, il se déroule dans les appartements privés des résidences royales, dont il existe très peu de témoignages : on voit la reine dans sa chambre, dans son lit, en train de regarder la télévision ou conduire sa voiture dans le domaine de Balmoral. Cela m'a dérouté au départ, mais je me suis rendu compte que ça nous permettait d'être particulièrement audacieux sur le plan visuel. »
Une partie importante du film se déroule à Balmoral, en Ecosse, au sein des appartements les plus privés de la reine. Construit sous le règne de Victoria et conçu comme un lieu permettant d'échapper à la sévérité du protocole royal, Balmoral est l'un des deux domaines appartenant à la reine, et non à l'Etat. Imaginé par la reine Victoria elle-même et son époux le prince Albert dans le plus pur style baronnial écossais, le château mêle des influences néo-gothiques et Tudor – sans oublier une forte influence liée aux origines allemandes du prince Albert. Le domaine n’est pas sans évoquer certains pavillons de chasse du roi Louis II de Bavière. Pour Macdonald, les repérages ont été d'autant plus difficiles que plusieurs châtelains refusaient d'accorder la moindre autorisation de tournage en apprenant le sujet du film. Macdonald dut réduire sa liste d'une trentaine de châteaux et demeures écossais aux trois propriétés qui ont finalement été retenues pour évoquer Balmoral : le château de Cluny dans l'Aberdeenshire, le domaine de Glenfeshie dans l'Invernessshire et le château de Blairquhan dans l'Ayrshire. C'est la première fois qu'on les verra dans un film.
« Ce que je trouvais intéressant, c'est qu'on s'infiltrait dans la sphère privée » confie Macdonald. « Il fallait qu'on imagine un espace atemporel qui mêle la notion de tradition à celle d'une demeure familiale de villégiature. Dans le film, les membres de la famille royale donnent le sentiment de ne pas avoir beaucoup évolué depuis les années 50. Ils n'arrivent pas à se détacher d'une certaine solennité car ils appartiennent à une génération qui a grandi pendant et après la guerre – une période d'austérité – et cela est ancré dans leur mentalité, mais aussi dans le style de leurs habitations. La reine est économe, et on trouve à Balmoral des radiateurs électriques au lieu du chauffage central : d'ailleurs, à Balmoral, on vit plutôt au grand air qu'à l'intérieur car c'est un espace qui préserve de la solennité de Buckingham. Nous n'avons utilisé ni rouge, ni bleu dans la décoration, mais seulement des tons naturels, ocre et couleur terre. En outre, Victoria et Albert avaient décoré Balmoral entièrement à l'écossaise, ce qu'on voit encore au château. On n'a pas osé aller jusque-là et utiliser des tissus écossais pour les rideaux, la moquette et la tapisserie, parce que ça aurait vraiment eu l'air d'un hôtel à thème… J'ai donc utilisé ces tissus et cette gamme de couleurs, en les atténuant, pour que l'ensemble soit un peu plus neutre. Mais on a conservé l'aspect solennel, bien entretenu et méthodiquement rangé du lieu. Chez les Blair, c'est tout autre chose » poursuit-il. « D'après mes recherches, il semble que Tony et Cherie aient vécu comme des étudiants. Ils n'ont pas les préoccupations propres à la famille royale, mais ils forment un couple avec des enfants en bas âge, et ont le mode de vie de la plupart des couples avec enfants. Leur cadre de vie tranche totalement avec la solennité et les règles strictes auxquelles sont soumis les membres de la famille royale. Chez les Blair, on vit dans le désordre, l'atmosphère est chaleureuse et n'a rien de guindée. »
Cette simplicité se retrouve même dans les appartements privés du 10 Downing Street. « J'ai l'impression que le New Labour a fait souffler un vent de décontraction sur Downing Street, un état d'esprit où on a plutôt tendance à appeler Tony Blair par son prénom que par son titre. J'ai donc donné à Downing Street un style contemporain, où se mêlent malgré tout des vestiges d'époques révolues. »
La production a tourné dans d'autres sites encore, comme le Goldsmith Hall de Londres pour évoquer la Salle Chinoise de Buckingham, Brocket Hall dans l'Hertfordshire pour la chambre et le salon de la reine, les bâtiments de la Royal Air Force à Halton, dans le Buckinghamshire, pour les différentes salles de réception du palais de Buckingham et l'aéroport de Southend pour la base militaire de Northolt.

les costumes
Pour la chef costumière Consolata Boyle, la difficulté a été de concevoir les costumes de la famille sans doute la plus photographiée au monde : « Je me suis dit qu'il était risqué de tenter de reproduire leurs costumes à l'identique. Il y avait un double défi à relever car si la reine est très célèbre, elle n'en est pas moins l'une des femmes les plus énigmatiques qui soient. Si on se contente de tout reproduire à l'identique, cela peut s'avérer très gênant. J'ai souhaité créer un monde qui semble juste sur le plan émotionnel et spirituel, j’ai donc gardé certains éléments de la garde-robe de la reine… mais certains éléments seulement ! »
L'une des phases les plus agréables a consisté à créer le style vestimentaire de la reine à Balmoral. « C'est dans ces moments qu'elle se sent le plus à l'aise, et elle se retrouve là-bas telle qu'elle était quand elle était jeune. Il y a de l'élégance, de l'aisance et une certaine beauté dans la manière dont elle et son entourage s'habillent. J'ai voulu qu'on ressente son amour de la nature et la force qui émane de la lande écossaise – qu'on éprouve la beauté presque effrayante du site. Etant donné qu'il s'agit du lieu où elle se sent le mieux, j'ai souhaité que l'on retrouve ce bien-être dans ses tenues, c'est pourquoi elle porte des jupes écossaises de couleur naturelle, des bottes et des richelieus Wellington, des tenues confortables et fonctionnelles. A Londres, l'atmosphère est beaucoup plus froide, anodine et urbaine, à la fois chez la reine et chez les Blair. La reine est alors dans un cadre officiel, qui tranche avec l'ambiance décontractée et simple de Balmoral. »
Tandis que la plupart des costumes de la reine ont été créés pour les besoins du film, les autres membres de la famille royale portent des tenues dont certaines ont été louées, comme les vêtements en tweed du prince Philip et de Charles, les robes féminines aux couleurs chatoyantes de la reine mère et les costumes du personnel de la reine.
Quant à la garde-robe du couple Blair, Consolata Boyle s'est inspirée des images d'archives. « Ils sont aujourd'hui beaucoup plus élégants et apprécient les vêtements de grands couturiers, » précise la chef costumière. « Mais auparavant ils s'en moquaient complètement et n'avaient pas beaucoup de style. C'est avec ce type de costumes qu'on peut facilement se tromper, et il a donc fallu que je sois très vigilante. »
les archives
A plusieurs reprises, Consolata Boyle, Alan Macdonald et Affonso Beato ont dû se conformer à la stricte réalité historique : la production a alors utilisé de nombreuses images d'archives. Comme pour The Deal, Frears n'a pas hésité à monter plusieurs plans d'archives dans The queen.
Documentariste réputé pour son audace, Adam Curtis s'est avéré un précieux allié dans cette démarche. Il s'est notamment fait remarquer pour son documentaire autour d'Al-Quaida et de la guerre contre le terrorisme menée par le gouvernement américain, The power of nightmares, présenté au festival de Cannes en 2005. Après The Deal et Madame Henderson présente, The queen marque sa troisième collaboration avec Stephen Frears.
« Nous souhaitions donner le sentiment qu'en dépit de la mort de Diana, sa présence est toujours palpable » indique Frears. « Il y a peu de scènes sans un téléviseur allumé. Adam Curtis nous a apporté sa propre sensibilité dans le choix des images d'archives, mais surtout, il sait parfaitement dénicher les meilleures. Il nous fallait certaines images qu'on a tous en tête, comme celle de Cherie ouvrant la porte en chemise de nuit le lendemain de l'élection, mais nous avons aussi souhaité surprendre le spectateur avec des images inédites qu'a trouvées Adam. Il y a deux ou trois séquences où les images d'archives sont montées, presque sans raccord, avec des plans qu'on a tournés, ce qui permet de mieux s'y retrouver dans le déroulement des événements. »
Harries et le reste de l'équipe sont parfaitement conscients que le film risque de susciter des réactions de rejet et une vaste polémique. Cependant, le réalisateur, le scénariste et lui insistent sur le fait qu'ils n'ont pas cherché à être subversifs. « Nous avons fait en sorte de ne rien cacher » note Harries. « Nous n'avons rien fait de manière souterraine. Nous n'avions aucunement l'intention d'être anti-royalistes. C'est l'audace même du projet qui rend le film aussi fort. Car il s'agit bien d'un film autour d'un monarque encore en vie. »
« Le film sera polémique en raison de son existence même » conclut Frears. « Il y aura un énorme écart entre l'idée que se feront les gens du film et le film luimême. Je m'attends à ce que les journalistes y recherchent l'aspect sensationnel, mais ils ne le trouveront pas dans ce film. Son propos n'a rien de choquant ou de scandaleux, et le film ne révèle rien qui ne soit de notoriété publique. Mais le fait de parler de la reine comme une femme, plutôt que comme une icône, en choquera sans doute certains. »
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Fiche technique
Réalisation : Stephen Frears
Scénario : Peter Morgan
Image : Affonso Beato
Musique : Alexandre Desplat
Décors : Alan Macdonald
Montage : Lucia Zucchetti
Costumes : Consolata Boyle
Casting : Leo Davis
Son : Peter Lindsay
Coiffure et maquillage : Daniel Phillips
Photographe de plateau : Laurie Sparham
Producteurs : Andy Harries, Christine Langan et Tracey Seaward
Producteurs exécutifs : François Ivernel, Cameron Mccracken et Scott Rudin
Une production : Granada Screen (UK), Pathé Renn Production (France), Bim Distribuzione (Italie) et France3 Cinéma et Canal+ pour Pathé Productions
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présentation réalisée avec l'aimable autorisation de
remerciements à Claire Cortes
logos & textes © www.pathedistribution.com
photos © 2006 Laurie Sparham
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photos © 2006 Laurie Sparham