• Le labyrinthe de Pan

Publié le par 67-ciné.gi-2006













Le labyrinthe de Pan fantastique de Guillermo del Toro (interdit au -12 ans)




avec :
Sergi López, Maribel Verdú, Ivana Baquero, Doug Jones, Alex Angulo, Ariadna Gil, Roger Casamajor, Cesar Bea, Frederico Luppi et Manuel Sol


durée : 1h52
sortie le 1er novembre 2006

***

Synopsis
Espagne, 1944. La guerre civile est finie depuis 5 ans. Carmen, récemment remariée, s’installe avec sa fille Ofélia chez son nouvel époux, le très autoritaire Vidal, capitaine de l’armée franquiste.
Alors que la jeune fille se fait difficilement à sa nouvelle vie, elle découvre près de la grande maison familiale un mystérieux labyrinthe. Pan, le gardien des lieux, une étrange créature magique, va lui révéler qu’elle n’est autre que la princesse disparue d’un royaume enchanté.
Afin de découvrir la vérité, Ofélia devra accomplir trois dangereuses épreuves, que rien ne l’a préparée à affronter…


***

Génèse
Un an de préparation, quatre mois de tournage et six mois de post-production ont été nécessaires à Guillermo del Toro pour concrétiser Le Labyrinthe de Pan, qui est, de son propre aveu, son film le plus abouti et celui dont il est le plus fier.
Bien qu’il s’agisse de son sixième film en tant que réalisateur, la génèse du Labyrinthe de Pan remonte au tout début de sa carrière, avant même qu’il ne réalise son premier long-métrage, Cronos. "À la base, le scénario du Labyrinthe de Pan ressemblait à ma toute première version de L’Échine du Diable, et aurait dû être mon tout premier film si j’avais réussi à trouver le budget nécessaire pour le réaliser à l’époque. Il y était question de la révolution espagnole et l’histoire parlait d’une jeune femme enceinte qui rejoignait son mari dans une maison restaurée par ce dernier. En visitant la demeure, la future mère découvrait un jardin en forme de labyrinthe, où elle croisait un satyre. Elle faisait l’amour avec la bête qui lui proposait de sacrifier son enfant pour que le labyrinthe puisse fleurir. Si la femme avait accepté, elle aurait vécu pour l’éternité aux côtés du satyre. Même si au final, des ressemblances demeurent, la nouvelle version du Labyrinthe de Pan est malgré tout très différente, mon côté sentimental ayant finalement pris le dessus.
Le Labyrinthe de Pan, à l’instar de L’Échine du Diable, se déroule en pleine période franquiste, et traite donc du fascisme, de son essence même. Pas de manière directe, mais plutôt de façon transversale, quelque peu codée, car j’aime les films qui donnent à réfléchir. À mes yeux, le fascisme est une représentation de l’horreur ultime et c’est en ce sens un concept idéal pour raconter un conte de fées destiné aux adultes. Car le fascisme est avant tout une forme de perversion de l’innocence, et donc de l’enfance. Pour moi, le fascisme représente en quelque sorte la mort de l’âme car il vous force à faire des choix douloureux et laisse une trace indélébile au plus profond de ceux qui l’ont vécu. C’est d’ailleurs pour cette raison que le véritable monstre du film est le Capitaine Vidal, qui est incarné à l’écran par Sergi Lopez. Un monstre bien réel comparé à ceux qui évoluent dans le labyrinthe. Le fascisme vous consume à petit feu, pas forcément physiquement, mais au moins spirituellement. Cette idée se trouvait déjà au coeur même de L’Échine du Diable, mais je pense l’avoir encore mieux traitée dans Le Labyrinthe de Pan, qui est un film encore plus sombre, bien plus complexe et métaphorique".


Comme souvent dans l’oeuvre de del Toro, ses principales références sur Le Labyrinthe de Pan ne proviennent pas forcément des films qui l’ont profondément marqué mais plus volontiers de la littérature et de la peinture. "J’ai toujours été très influencé par le peintre espagnol Goya et plus particulièrement par sa série des peintures noires, qui sont pour moi les plus belles et les plus impressionnantes de sa carrière. Le tableau de Saturne dévorant son fils, par exemple, fut une de mes principales sources d’inspiration pour créer le Pale Man, un des protagonistes du Labyrinthe. Mais pour ce qui est de l’ambiance générale, je me suis cette fois basé sur les travaux de l’illustrateur Arthur Rackham. J’ai essayé de renouer avec la perversité et le contenu très sexuel de son oeuvre. On obtient alors quelque chose de très intense et de très viscéral, ce qui était parfait pour Le Labyrinthe. Cela nous a demandé beaucoup de travail dans la construction des décors, qui devaient être très détaillés, et dans le choix des couleurs. Avec Eugenio Caballero, mon directeur artistique, nous avons donc tout inventé de A à Z, du moindre recoin d’une pièce à une chambre complète. Il n’y a ainsi pratiquement aucun décor naturel dans le film. Nous avons travaillé en étroite collaboration depuis le premier jour de préparation. J’avais même installé mon bureau en plein milieu de son atelier ! Au total, nous avons construit 34 décors différents, tous plus riches les uns que les autres. Eugenio a accompli un travail fabuleux. Il fallait également, pour retranscrire cet univers tel que je le souhaitais, apporter un soin particulier et méticuleux à l’ambiance lumineuse du film. Avec Guillermo Navarro, mon directeur de la photographie et ami de longue date, nous nous comprenons parfaitement. Dès le départ, nous avions une vision très précise des tonalités du film. Nous étions conscients que tout devait se jouer sur l’obscurité de manière à créer un sentiment de menace tapie dans les ténèbres. Il fallait également aborder le monde réel et le monde imaginaire différemment. Le premier se devait d’être froid, voire glacial, alors que le second serait beaucoup plus chaud et coloré d’un point de vue esthétique".


Dans les contes de fées, toutes les histoires parlent soit d’un retour à l’enfance (le paradis, le foyer) soit d’un égarement dans le monde et de l’affrontement de son propre Dragon. Nous sommes tous des enfants déambulant à travers notre propre fable. La conception du monde imaginaire où se réfugie Ofelia et où évolue Pan a été confiée à Carlos Giménez pour les croquis, et à David Marti et sa société Efectos Especiales pour leur donner forme et vie. Tous deux avaient déjà travaillé avec del Toro sur L’Échine du Diable. "Carlos Giménez, qui a remplacé William Stout au pied levé, s’est chargé de dessiner le labyrinthe tandis que Sergio Sandoval, qui avait déjà créé les différents masques de Kroenen pour Hellboy, s’est concentré sur les créatures, et notamment Pan. Pour ce personnage, que je souhaitais le plus organique possible, couvert de feuillages et de branches sur le bas du corps, comme s’il faisait partie intégrante de la nature, nous avons utilisé une technique d’effets spéciaux qui à mon sens n’a encore jamais été vue dans un film. De manière à ce qu’il soit le plus réaliste possible, nous n’avons pratiquement pas eu recours aux effets numériques. Tout a été réalisé en direct sur le plateau, à l’aide d’animatroniques, ce qui est une première dans l’histoire du cinéma espagnol, surtout pour une créature aussi complexe. Pour le Pale Man, j’imaginais juste au départ un vieil homme à la peau flasque abondante ; David Marti a réalisé une première sculpture selon mes instructions, et j’ai trouvé qu’il ne faisait pas peur. J’ai alors eu l’idée d’en faire un personnage totalement surréaliste en effaçant son visage et en plaçant ses yeux dans le creux de ses paumes, ce qui le rend beaucoup plus effrayant maintenant.
Mais même avec ces effets spéciaux très élaborés, ces deux créatures n’auraient pas eu le même impact sans l’interprétation de mon ami Doug Jones, un mime professionnel qui incarnait déjà Abe Sapien dans Hellboy. Et ce n’est pas tout ! Il y a encore d’autres créatures dans le film, notamment une grenouille géante et des fées comme vous n’en avez encore jamais vues, autrement plus malines et sournoises que celles de Peter Pan !".
Malgré cet artifice visuel des plus magnifiques et novateurs, Guillermo del Toro n’a jamais eu l’intention de faire du Labyrinthe de Pan uniquement un film fantastique : "J’ai toujours préféré le mélange des genres. Comme combiner l’horreur au récit historique par exemple. Pour moi, Le Labyrinthe est donc un drame ancré dans un contexte de guerre où viennent se greffer des éléments féeriques et mythologiques. Même s’il y a de très belles créatures que j’affectionne tout particulièrement, à mes yeux, ce n’est pas pour autant le plus important. Ce film repose avant tout sur une histoire des plus émouvantes, profondément humaine et mélodramatique. Une histoire qui soulève des questions universelles qui nous concernent tous. Afin d’y parvenir, j’ai été cherché des idées et des émotions au plus profond de moi-même pendant le processus d’écriture du scénario, qui est la phase la plus intime dans la confection d’un film".

***

Un peu de mythologie à propos du dieu Pan
Dieu de l’Antiquité Hellénique, Pan (dont l’équivalent romain est le Dieu Faune) est à l’origine le Dieu des bergers et des troupeaux, avant d’être associé à la Fécondité et à la Nature (voire même à la Nature Universelle, au Tout, traduction du mot Pan en grec). Fils d’Hermès et de la Nymphe Dryops (ou, selon les versions, d’Hermès et de Pénélope, femme d’Ulysse), il naît avec les membres inférieurs d’un bouc et de petites cornes sur la tête. Devant son apparence monstrueuse, il est abandonné par sa mère, mais son père Hermès l’emmène sur l’Olympe, ce qui confèrera à Pan sa nature divine.
Toutefois Pan n’aime pas l’Olympe, où les Dieux rient de son aspect, et il préfère vivre dans les bois et les forêts en compagnie des Satyres, Nymphes et autres divinités de la nature.


La flûte de Pan qui le caractérise vient de la Nymphe Syrinx dont il était épris. Pour lui échapper, elle se transforma en roseau. Fou de rage de ne pouvoir la retrouver, Pan coupa des roseaux de différente longueur pour en confectionner une flûte.
Sa mauvaise réputation, Pan la doit à son odieux caractère. Détestant être dérangé dans son sommeil, il se réveillait alors avec fureur et poussait un cri terrible qui provoquait une peur panique (manifestation humaine de la colère de Pan). Il lui arrivait aussi d’apparaître par surprise aux humains pour provoquer une frayeur mortelle.
Quant à son activité sexuelle, elle n’est pas que mythique : Nymphes, Déesses et même Satyres faisaient souvent l’objet de ses ardeurs.
Cette réputation sulfureuse alliée à ses caractéristiques physiques inspireront sans doute le christianisme du Moyen-Âge qui le diabolisera en octroyant ses attributs au Démon, pour lutter contre le paganisme et autres traditions païennes.
Pan est le seul Dieu à avoir un jour connu la mort, que l’on peut aussi interpréter comme une représentation du cycle des saisons, et du passage de la belle saison à l’automne puis l’hiver.

***

Fiche technique
Réalisateur : Guillermo del Toro
Scénario : Guillermo del Toro
Producteurs : Guillermo del Toro, Bertha Navarro, Alfonso Cuaron, Frida Torresblanco,  Alvaro Augustin
Directeur de la photographie : Guillermo Navarro
Musique : Javier Navarrete
Montage : Bernat Vilaplana
Chef Décorateur : Eugenio Caballero
Directeur de Production : Victor Albarrán
Costumes : Lala Huete
Maquillages : Pepe Quetglas
Maquillage Effets spéciaux : David Martí
Son : Miguel Polo
Monteur du son : Martín Hernández
Effets spéciaux : Reyes Abades
Effets digitaux : Cafe Fx

***



présentation réalisée avec l’aimable autorisation de

remerciements à
Alexandre Cerf et Hélène Ber
www.wildbunch-distribution.com
logos, textes & photos © 2006 WBD - Tous droits réservés

Publié dans PRÉSENTATIONS

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article