• Mon colonel

Publié le par 67-ciné.gi-2006













Mon colonel drame de Laurent Herbiet






avec :
Olivier Gourmet, Robinson Stevenin, Cécile de France, Charles Aznavour, Bruno Solo, Eric Caravaca, Guillaume Gallienne, Georges Siatidis, Thierry Hancisse, Jacques Boudet, Vladimir Yordanoff, Bruno Lochet, Hervé Pauchon, Christophe Rouzaud, Philippe Chevalier, Abdemalek Kadi, Olga Grumberg, Samir Guesmi, Ahmed Benaissa, Xavier Maly, Philippe Beglia, Marie Kremer, Franck Pitiot, Alexandre Gavras, Faouzi Saichi et Rabah Loucif


durée : 1h51
sortie le 15 novembre 2006

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Synopsis
Paris – Aujourd’hui
On trouve le Colonel en retraite Raoul Duplan chez lui, une balle dans la tête. L’enquête tourne en rond jusqu’à l’arrivée d’un courrier anonyme : « Le Colonel est mort à Saint-Arnaud ».
Saint-Arnaud – Algérie – 1957 Le jeune Guy Rossi - licencié en droit - a devancé l’appel sous les drapeaux par dépit amoureux. Aide de camp du Colonel Duplan qui commande la garnison de Saint-Arnaud dans l’Est Algérien, Rossi a pour mission d’étudier la latitude qu’offrent les pouvoirs spéciaux votés par l’Assemblée Nationale à l’unanimité. “Aucune mesure même celles contraires aux grands principes de notre droit n’est à écarter” conclut Rossi. Ce blanc-seing les mènera à leur perte… l’un en Algérie, l’autre 40 ans plus tard en France.


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Propos de Laurent Herbiet
Laurent Herbiet : « Je fais partie de ces 6 à 8 millions de personnes en France liées directement ou indirectement, familialement ou personnellement, à la Guerre d’Algérie… tout comme l’est notre coproducteur Salem Brahimi, nos pères ayant servi dans les camps adverses.
L’Histoire est une discipline extraordinaire et frustrante : plus on creuse, moins on est sûr… À l’adolescence, grâce entre autres au cinéma et à la télévision (merci les Dossiers de l’Écran), j’ai commencé à comprendre que tout pays possède sa part d’ombre. Des films comme Lacombe Lucien de Louis Malle ou Section spéciale de Costa-Gavras nous montraient que là où il y a des vainqueurs, il y a forcément des vaincus, là où il y a des héros, il y a aussi des lâches et que ces destins-là aussi ont leur mystère.
J’avais à coeur pour mon premier long-métrage de trouver un sujet original et ambitieux. Le livre de Francis Zamponi est un récit haletant, qui mêle habilement la grande et la petite histoire et qui se trouve être un parfait concentré de ce qu’avait été le conflit. Au lieu d’être une histoire de guerre de plus, il décrit, simplement et efficacement, la mécanique de la répression et comment les politiques, l’Autorité Civile, se sont débarrassés du problème du maintien de l’ordre en s’en déchargeant sur l’armée.
Quand le politique cesse d’encadrer l’usage des armes c’est la porte ouverte à tous les dérapages. La guerre d’Algérie ne fut pas une exception à cette règle, pas plus que les redites de ces erreurs, hier au Vietnam et aujourd’hui en Irak. C’est ceci qui est au coeur du roman et du scénario. La grande force de l’adaptation du livre a été de mettre en évidence, à travers la partie contemporaine, l’écart entre l’indifférence quasi-générale qui prévaut toujours dans l’opinion publique au sujet de cette guerre et la vivacité des souvenirs, des douleurs de ceux qui l’ont vécu.
Le choix du noir et blanc et de la couleur s’est imposé. Dans l’inconscient collectif les images de la Guerre d’Algérie sont très majoritairement en noir et blanc. La seconde raison est due à l’alternance dans l’histoire de deux époques : l’Algérie en 1956 et la France de 1993. Parfois nous passons d’une époque à l’autre le temps d’un seul plan. Le contraste permet au spectateur de se repérer.
Du point de vue mise en scène je tenais à deux styles différents : la partie 1956 est essentiellement subjective puisque vue et racontée par le lieutenant Rossi. La caméra de Patrick Blossier est alors souvent à l’épaule et s’attache essentiellement à montrer le point de vue de Rossi.


En Algérie nous avons eu la chance d’être très bien accueillis par les autorités mais nous avons aussi eu la chance de bénéficier d’une équipe technique volontaire et chaleureuse, et de comédiens et figurants toujours enthousiastes, ce qui nous a permis de boucler notre lourd plan de travail sans un seul jour de retard.
Il a été très vite décidé que les scènes de torture seraient tournées en Région Parisienne. Mais plusieurs autres scènes importantes (l’attentat du 14 Juillet, l’exposition des cadavres de moudjahidin, l’attentat du café) devaient être filmées dans les centre-ville de Blida et de Sétif.
Pendant la préparation, je me demandais comment j’allais aborder ces journées particulières qui allaient forcément remuer des souvenirs douloureux de part et d’autre. En fait, tout cela s’est déroulé très normalement. Avant tout parce qu’une journée de tournage n’est qu’un enchaînement d’actions très pratiques (mise en place du décor, répétition avec les comédiens, réglage du plan, tournage prise après prise, passage au plan suivant). On est rapidement pris dans une routine qui éloigne l’affect. Et, plan après plan, la scène, malgré l’horreur de ce qu’elle décrit, prend corps. On reste toujours très conscient de faire du cinéma. Bien sûr, on se retrouve tout d’un coup à se poser la question de la décence de son travail, le décalage qu’il y a à réclamer un peu plus de sang là, une plus belle blessure ailleurs…
À Blida nous avons tourné l’exposition publique, ordonnée par le colonel, des cadavres de moudjahidin. En mettant en place le plan et en réglant le maquillage des blessures avec Dominique Colladant, responsable des effets spéciaux maquillage, j’ai entamé une conversation, au départ anodine, avec l’un des figurants qui jouait un moudjahid mort : en 1959 son oncle avait été torturé, abattu puis finalement exposé par les soldats français sur cette même place de Blida où je lui demandais de s’allonger et de faire le mort… J’ai à plusieurs reprises posé la question du ressentiment qu’il pouvait y avoir du côté algérien à voir remettre en scène les exactions de l’armée française. Les réponses allaient toutes dans le même sens : "On vit ça plus sereinement que vous. Tout simplement parce qu’on l’a gagnée, cette guerre…"
En faisant Mon colonel, l’idée n’était pas uniquement de manier le passé. Très tôt on s’était dit avec Costa que nous racontions une histoire se déroulant sur fond de Guerre d’Algérie mais que cette histoire-là était indubitablement emblématique de toutes les guerres de libération. Que ce soit la France résistant au joug nazi, les Vietnamiens se débarrassant des Français puis des Américains, l’Irak… Les exemples ne manquent pas.
Cette actualité m’a forcément influencé, volontairement ou pas. Je me suis par exemple attaché à moderniser la manière de bouger des soldats en opération en m’inspirant de documentaires sur les GI’s stationnés en Irak. Je me suis évertué à gommer le côté reconstitution pour renforcer le côté symbolique, emblématique de ce conflit.


Il y a cependant dans le film une réalité historique qui demeure et qui est propre à l’Algérie Française : la France occupait l’Algérie depuis plus de 130 ans. En 1956 pour la grande majorité des Français, remettre en cause l’appartenance de ce territoire à la Nation aurait été aussi incongru que de parler aujourd’hui de l’indépendance de l’Alsace-Lorraine. C’est dans ce contexte historique là qu’ont grandi les personnages du film, y compris François Mitterrand qui adhérait au fameux "La France sans l’Algérie ne serait plus la France".
»

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Propos de Costa-Gavras
Costa-Gavras : « Mon colonel est un film sur le passé autant que sur le présent. Le présent ne finissant pas d’être prégnant du passé il était indispensable d’associer l’un à l’autre, psychologiquement, historiquement, politiquement.
La quasi-absence de nos écrans de la guerre d’Algérie comme tragédies personnelles, tend à éloigner de nous ces drames, leurs victimes et leurs responsables, et à les classer parmi les histoires poussiéreuses, les faits ancestraux sortis de je ne sais quel placard du passé.
Nous avons pensé qu’un film axé uniquement sur le passé risquait d’être anesthésiant, aussi délétère que l’absence de film. Il accélérerait le travail de l’oubli déjà instauré. Les victimes sont toujours parmi nous et les responsables le sont aussi. Les uns oubliés, les autres normalisés, et souvent pardonnés. Certains n’hésitant pas à justifier, sinon glorifier les abus, les tortures, ou leurs exactions perpétrées.
La présence de ce passé est une constante dans la vie politique et sociale de notre pays. La récente loi sur
les bienfaits de la colonisation, la stèle célébrant l’Oas, des assassins, sont autant de preuves que notre pays continue à être contaminé, hanté, blessé par cette période.
Aujourd’hui, dans d’autres pays ont lieu les mêmes horreurs commises par des
colonels et des démocrates comme il y en avait dans la France d’alors. »


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Fiche technique
Réalisé par : Laurent Herbiet
Scénario de : Costa-Gavras et Jean-Claude Grumberg
D’après le livre de : Francis Zamponi
Image : Patrick Blossier
Décor : Ramdane Kacer et Alexandre Bancel
Son : Olivier Hespel
Mixage : Thomas Gauder
Costumes : Edith Vespérin
Montage : Nicole D.-V. Berckmans
Musique : Armand Amar
Produit par : Michèle Ray Gavras
Coproducteurs : Salem Brahimi, Luc et Jean-Pierre Dardenne et Arlette Zylberberg
une coproduction : franco-belge  Kg Productions - Arte France Cinéma - Wamip Films
Les Films du Fleuve – Rtbf (Télévision Belge)
en association avec : l’Algérie Battam Films, Entv (Télévision Algérienne)
Producteur délégué : Kg Productions
avec le soutien de : Canal + et de Cinécinéma
ce film a été développé avec le support : du Programme Media de l’Union Européenne et soutenu par Eurimages, et le Centre National de la Cinématographie, la Région Ile-de-France, en partenariat avec le Cnc, le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Communauté française de Belgique  et les télédistributeurs wallons

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présentation réalisée avec l'aimable autorisation de

remerciements à Claire Cortes
logos, textes & photos © www.pathedistribution.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

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