• Pardonnez-moi

Publié le par 67-ciné.gi-2006













Pardonnez-moi comédie dramatique de Maïwenn Le Besco







avec :
Pascal Greggory, Aurélien Recoing, Hélène de Fougerolles, Marie-France Pisier, Mélanie Thierry, Marie-Sophie L., Yannick Soulier, Maïwenn Le Besco, Franck Bussi, Rita Dalle et Louise-Anne Hippeau


durée : 1h26
sortie le 22 novembre 2006

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Synopsis
Alors qu’elle attend son premier enfant, Violette (Maïwenn) décide de lui offrir un film sur sa famille.
Caméra au poing, elle va faire éclater la vérité et révéler les secrets de famille en affrontant à tour de rôle sa mère (Marie-France Pisier), ses soeurs (Hélène de Fougerolles & Mélanie Thierry), un journaliste que sa mère a connu vingt ans auparavant (Aurélien Recoing), et enfin son père (Pascal Greggory)...
Aveux, cris, larmes et fous rires... : personne n’en sortira indemne !


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Entretien avec Maïwenn Le Besco
- : « Comment êtes vous passée de votre idée de départ au film ? »

Maïwenn Le Besco : « C’est très simple. Cette histoire, c’est mon fantasme. Dans le film, mon personnage s’appelle Violette car ce n'est pas réellement moi dont il s'agit. Ce qu’elle vit est tout ce que j’aurais aimé qu’il m’arrive. Je pars d’un fait réel – les problèmes avec mon père qui ont existé – pour faire au cinéma ce que je n’ai pas eu le courage de faire dans la vie. J’ai alors écrit un séquencier où j’ai résumé chacune des séquences parfois en 3 lignes, parfois en 10. De temps en temps, il y avait un bout de dialogue. Cela ne ressemblait donc pas à un scénario classique. Et c’est ce que les comédiens ont eu en main. Moi, j’écris de manière instinctive. J’ai besoin que ça ressemble à ma manière de parler. Et je sais que je ne changerai pas de méthode pour les projets suivants. »

- : « Quelles étaient les références que vous aviez en tête en écrivant ? »

M. Le B. : « Magnolia de Paul Thomas Anderson, notamment ce personnage qui se sort de la douleur du passé dû à ses rapports avec son père mais surtout Tarnation de Jonathan Caouette qui m’a bouleversée. »

- : « Qu’avez vous ressenti en revisionnant ces images de votre passé ? »

M. Le B. : « J’ai vu à quel point j’étais manipulée dans mon enfance. C’est fou de voir comment les gens autour de moi étaient complices et n’ont alors voulu voir que ce qui les arrangeait. C’est vrai que je criais à ce moment-là que je voulais être actrice mais personne n’est arrivé à voir ce qu’il y avait derrière les mots de cette petite fille de 10 ans. Ils n’ont pas compris que je ne me sentais aimée que quand je disais ça. En visionnant toutes ces images d’archives, j’ai donc éprouvé un sentiment de trahison. Ca m’a rendu mélancolique, un peu en colère contre les autres… »

- : « Dans le film, vous répondez par avance à une question qu’on ne va pas manquer de vous poser : la part de l’autobiographie et son corollaire, l’intérêt que d’autres que vous peuvent avoir à suivre votre histoire à l’écran. Est-ce que cela vous fait peur ? »

M. Le B. : « J’ai décidé de ne pas faire de langue de bois. C’est très simple. Oui, j’ai été battue par mon père. Mais à part cela, tout ce que l’on voit dans le film est du bidouillage. Il y a un peu de vrai que j’ai entendu chez un tel, un peu de faux, un peu de mes fantasmes, un peu de mes failles… Je pense qu’un film c’est une mayonnaise ! Et puis, encore une fois, je n’invente ici rien en tant que réalisatrice. Chaque réalisateur se nourrit consciemment ou non des choses qui l’ont touché tout au long de sa vie. Aujourd’hui, avec toute cette vague d’actrices passant à la réalisation les femmes ont moins envie de se cacher. On l’a vu récemment avec Valeria Bruni-Tedeschi et Il est plus facile pour un chameau ou Sophie Marceau… J’ai d’ailleurs proposé mon rôle à Valeria et cela m’a fait beaucoup de bien d’en parler avec elle. Elle a préféré me dire non car elle préparait au même moment son deuxième long métrage. »

- : « Aviez-vous des acteurs en tête au moment de l’écriture ? »

M. Le B. : « Oui parce que ça m’aide d’avoir des visages. Je n’arrêtais pourtant pas de me dire dans ces moments-là, de ne pas trop me fixer sur untel ou untel pour ne pas être trop déçu. Et bien évidemment, les deux ou trois visages que j’avais en tête n’ont pas fait le film ! La seule actrice à laquelle j’ai pensé pendant l’écriture et qui se retrouve dans le film, c’est Hélène de Fougerolles. Pour les autres, je me suis battu pour essayer de convaincre des acteurs, de franchir les barrières de leurs agents respectifs. Mais comme il s’agissait de mon premier long, que je n’envoyais pas un scénario normal et que je produisais moi-même ce film, je pense que je n’ai pas du tout été prise au sérieux. »

- : « Pourquoi avoir pensé à Hélène de Fougerolles pour jouer l’une de vos deux soeurs ? »

M. Le B. : « Parce qu’elle arrive à tout jouer, aussi bien la comédie que le drame et qu’elle était le plus proche du personnage de Billy.. Parce qu’elle est toujours partante, toujours gaie. C’est hyper agréable de travailler avec elle. »

- : « Pourquoi avoir confié à Pascal Greggory et Marie-France Pisier le rôle de vos parents dans le film ? »

M. Le B. : « Dans le cas de Pascal, il y a d’abord un aspect physique. Je trouve qu’on se ressemble : les pommettes assez hautes, les yeux clairs, une grosse bouche… Je trouvais qu’il pouvait être d’emblée crédible dans le rôle de mon père, même si, je l’avoue, il est arrivé après que j’ai rencontré des acteurs qui n’étaient pas libres, m’ont déçue ou n’avaient pas envie. C’est d’ailleurs aussi pour ça que j’ai été scotché par lui : je ne m’attendais pas à ce qu’il me donne tout ce qu’il m’a donné. Marie-France, c’est son agent qui m’a parlé d’elle. A mes yeux, peu d’actrices de son âge possèdent son charisme. Et puis j’aimais l’idée que ce soit une femme réalisatrice. On s’est tout d’abord parlé par téléphone. Elle était dans le Sud de la France. Je lui ai envoyé le séquencier mais je ne l’ai rencontrée que trois jours avant le tournage ! J’avais très peur. Mais lors du montage, ce fut ma plus belle surprise. Elle m’a épatée à la découverte de chacune de ses scènes. Elle apporte un côté cynique au film. »

- : « Pourquoi avoir fait appel à Aurélien Recoing ? »

M. Le B. : « Pour son visage, en premier lieu… Je lui ai d’abord proposé le rôle du père qu’il avait d’ailleurs tout de suite accepté. Mais en fait je n’arrivais pas à y croire. Or lui n’avait pas tellement envie de jouer l’autre rôle masculin. Il faut dire que dans mon séquencier, le personnage n’était pas assez développé. Je lui ai donc demandé de faire confiance, de croire que ce personnage allait être au final très ambigu, qu’il y allait avoir des choses à jouer. J’ai fait l’effort de le développer en étant plus précise, plus détaillée dans un nouveau séquencier. Je lui ai donc montré ce que je voulais et il a dit oui. »


- : « Et qu’est-ce qui vous a fait choisir Mélanie Thierry pour jouer votre deuxième soeur ? »

M. Le B. : « Au départ, j’avais choisi Sara Forestier qui a quitté le projet trois jours avant le début du tournage. Ca a été terrible. J’ai beaucoup pleuré car j’y voyais un signe du destin terrible. J’ai surtout cru que je n’allais pas pouvoir faire le film. Et à minuit, à tout hasard, j’ai appelé mon agent qui est aussi celui de Mélanie Thierry. Il se trouve qu’elle était à Paris, libre. Mais il fallait qu’elle en ait envie. Et ce n’était pas gagné car elle m’a tout de suite dit qu’elle n’aimait pas les impros, qui constituaient la base de mon travail. Elle a cependant accepté de lire le scénario. Elle a compris l’urgence de la situation et a fait des essais exceptionnels. J’en ai pleuré tellement elle était touchante et vraie. Et au final, cette tuile s’est révélée un vrai cadeau pour moi. »

- : « Vous aviez prévu dès le départ de jouer dans votre film ? »

M. Le B. : « Pas du tout. J’ai dû voir 25 actrices pour ce rôle. Et j’avais fini par en trouver une mais les affinités entre nous n’étaient pas géniales. J’ai donc décidé de ne pas faire le film avec elle, ce qu’elle a très bien compris. J’ai donc commencé à chercher des inconnues puis ça m’a titillé de le faire moi-même. Mais l’idée de jouer Violette n’est pas venu de moi mais de quelqu’un qui me connaît bien et qui a eu les mots pour me convaincre. C’est d’ailleurs la même personne qui ma conseillé de le produire moi même.
J’avais très peur de réaliser et jouer en même temps. Mais, en même temps, quand je dirigeais une actrice pour les essais correspondant à ce rôle, j’avais en permanence l’envie de lui montrer comment faire.
Je sais que, vu de loin, les gens vont penser que je me suis écrit un rôle. Mais ce n’est pas du tout ça. J’aime bien jouer mais je préfère réaliser. Comme je préfère regarder qu’être regardée. Ca fait dix ans que je suis en analyse et j’ai compris que le métier d’actrice était venue à moi par une manipulation de ma mère et l’amour maternel, dont chaque enfant a besoin. »

- : « Comment avez-vous financé ce film ? »

M. Le B. : « Je savais que je ne faisais pas du tout comme les autres. Donc que j’avais très peu de chance d’être produite classiquement. J’ai quand même tenté le coup avec Les Films du Kiosque qui avait produit mon court métrage et avec qui on était resté en bons termes et une autre société de production que je ne citerai pas. Cette dernière ne m’a jamais répondu. Quant aux Films du kiosque, ils m’ont vite expliqué que ce n’était pas vraiment leur style de films. Ils ont cru en fait que ce n’était qu’un journal intime où j’allais me filmer tout le temps. Ils n’ont pas compris à ce moment-là l’importance de la fiction dans mon projet. Je n’ai pas insisté parce que je n’avais pas envie de dépenser mon énergie à ça. Je savais que c’était inutile. J’ai donc créé ma propre société de production pendant la préparation en transférant l’argent de mon compte assurance- vie (gagné grâce au spectacle et au film de Claude Lelouch) sur celui de la société nouvellement créée ! »

- : « Comment avez vous recruté votre équipe technique ? »

M. Le B. : « Par bouche-à-oreille. Au début, je pensais que l’on ne serait que 3 ou 4 et n’avoir besoin de personne d’autre. Mais mon premier assistant m’a convaincu qu’il fallait élargir l’équipe : une scripte, un maquilleur… Au final, nous avons fini à 13. Et il a eu raison. »

- : « Avant de se lancer dans le film, quel était l’univers visuel que vous aviez imaginé pour le film ? »

M. Le B. : « Je voulais que l’image soit tout sauf préparée. Comme l’improvisation était la règle, je tenais à ce qu’on soit sans cesse en mouvement. C’est pour cette raison que j’ai donné très peu d’indications à ma chef opératrice. J’avais envie qu’elle soit elle-même souvent surprise au point parfois de ne pas savoir qui filmer. Je souhaitais créer cette instabilité. Même chose pour l’équipe technique. J’avais tout dans ma tête mais je le gardais au maximum pour moi. »

- : « Et comment avez vous travaillé avec vos comédiens ? De la même manière ? »

M. Le B. : « Je leur ai dit dès le départ que je travaillais au maximum dans l’improvisation. Et certains comédiens ont d’ailleurs refusé de jouer dans le film à cause de ça. Ca m’a fait peur au début de les diriger. Mais comme je joue avec eux et que je distribue les cartes, cela s’est avéré plus facile. Mais tous les comédiens n’avaient pas les mêmes séquenciers. Certains étaient plus remplis d’annotations que d’autres ! Hélène ou Mélanie avaient quasiment un séquencier vide. Car je ne voulais pas qu’elles sachent ce qui allait se passer dans l’histoire avant de le vivre sur le plateau. J’ai dû rassurer certains de mes acteurs au départ. Mais je savais que j’étais dans le vrai. Je n’aurais de toute façon jamais pu écrire ce qu’ils m’ont donné en improvisation. »

- : « Combien de temps a duré le tournage ? »

M. Le B. : « 17 jours. Mais ça ne m’a pas fait peur. Mon plan de travail était finalement très cool car on faisait très peu de prises. Pour la scène du dîner de famille par exemple, on a pris toute une journée mais on n’a fait que deux prises une le matin et une l’après-midi. Parce que je tournais avec six caméras. Je n’avais donc pas besoin de faire les contre-champs. »

- : « Dans quel état étiez vous le premier jour de tournage ? »

M. Le B. : « Je me suis vraiment dit que j’étais folle. On n’avait pas arrêté de me le dire et pour la première fois, je le pensais moi-même. Je me demandais où j’allais. Mais c’était trop tard ! Je ne devais surtout pas montrer ce que je ressentais à ce moment-là, sinon c’était fini. »

- : « Qui avait un regard sur vous pendant que vous jouiez ? »

M. Le B. : « J’ai demandé à mon premier assistant, Georges Ruquet, qui est aussi un auteur et un metteur en scène qui a aussi été très important pour moi au moment de l’écriture, de m’aider. »


- : « L’une des scènes les plus violentes de votre film est celle où votre personnage va rendre visite à son père pour le confronter à votre passé d’enfant battue par lui. Est-ce que ce fut la scène la plus compliquée pour vous comme actrice ? »

M. Le B. : « C’est en effet la scène qui m’a le plus troublée car, à un moment donné, j’ai été dépassée. Je me souviens précisément du moment où ça a basculé : quand ma tête frappe le sol. A ce moment-là, j’ai oublié le film, les acteurs, les caméras… J’étais plombée par les souvenirs. Je n’avais jamais revécu ces moments. Et puis, une fois la scène terminée, je suis pourtant allée normalement derrière le combo et je n’ai montré à personne que j’étais à ce point troublée. C’est dur d’être chef d’orchestre car il ne faut jamais montrer qu’on doute et qu’on a mal. »

- : « On vit ce film de manière très active. Et on en ressort justement troublé et dérangé. Est-ce que c’était l’un de vos buts quand vous vous êtes lancée dans ce projet ? »

M. Le B. : « J’avais en fait envie de livrer un petit message tout simple: il ne faut pas mentir, il ne faut pas taper, il faut aimer. C’est très premier degré, j’en conviens mais j’avais envie de faire passer cette idée. »

- : « Avec le recul, comment avez vous vécu ce tournage ? »

M. Le B. : « C’était plutôt joyeux. Très dur parce que je produisais en plus de réaliser et de jouer. Mais très joyeux. A un moment donné, ça l’est même devenu trop et comme par hasard il y a eu des petites négligences au niveau technique. J’ai donc dû m’énerver et je me suis aperçue concrètement que dès qu’ils étaient sous tension, les gens travaillaient mieux. Je vais passer pour une tortionnaire ! (rires) Mais c’est vrai… »

- : « A quel moment Les Films du Kiosque sont-ils intervenus dans cette aventure ? »

M. Le B. : « En fait, je m’étais associée avec quelqu’un qui avait trop peu d’expérience dans la production et dont j’ai dû me séparer. Je me suis donc retrouvée au montage avec quatre mois de travail et la gestion en solitaire des fiches de paie ! Je voyais l’argent partir à une vitesse incroyable. Je me demandais dans quelle galère je m’étais mise. J’ai alors appelé Les Films du Kiosque par amitié. Je leur ai demandé de m’aider, de m’orienter vers qui serait susceptible de reprendre le film en main car vraiment je n’y arrivais plus. Ils sont alors venus au montage pour voir à quoi mon travail ressemblait. Ils ont vu 26 minutes du film et dix minutes plus tard, ils m’ont proposé de racheter mes parts, de me rembourser tout ce que j’avais dépensé et de leur donner le film à 100 %. J’étais évidemment très flattée. C’était aussi une sorte de petite revanche pour moi ! (rires) Mais je n’ai pas voulu leur vendre toutes mes parts. Je suis donc restée productrice mais me suis associée avec eux. A partir de là, ils ont été super avec moi. Très rassurants quand il le fallait, structurés. Tout le contraire de moi ! Ils ont été solidaires. Et j’avais vraiment besoin d’entendre à ce moment-là que j’étais dans le vrai. »

- : « Comment s’est passé le montage ? »

M. Le B. : « J’avais 55 heures de rushes. Il m’a fallu deux semaines pour simplement tout regarder ! Au final, je n’ai pas beaucoup jeté de scènes à la poubelle. Juste trois petites. Mais j’ai fait des milliards de coupes à l’intérieur de toutes les autres. Quant aux images d’archives, ce n’est vraiment qu’à la toute fin du montage que j’ai trouvé le bon équilibre. Au début, j’en avais mis 15 minutes avec des images de moi chez moi en train de faire des imitations… Or le premier montage faisait 2h30. Et très vite, les producteurs des Films du Kiosque ont pointé les longueurs : ces fameuses séquences d’archive qui ne nourrissaient pas le fond de ce que je voulais raconter. Ils ont donc été primordiaux à ce moment-là, tout comme ma monteuse. Et au final, on a donc dû visionner 100 K7 d’images d’archive pour ne prendre que quelques minutes d’une seule ! »

- : « Comment avez-vous choisi la musique ? »

M. Le B. : « Il y a cette chanson de Montand, Trois petites notes de musique, que j’ai découverte dans L’été meurtrier mais qui n’est pas un clin d’oeil. Ses paroles font juste un écho parfait au film. Je l’ai mis dans mon montage au départ sans penser avoir les droits. Et finalement, quand Denis et François l’ont entendue sur mes images, ils ont accepté de les acquérir. Pour la musique de La boum, ça a été un acharnement. Mon petit caprice. J’ai réussi à parler à Vladimir Cosma qui a consenti à un gros effort financier. J’ai eu énormément de chance. Et puis il y a Mirwais car au moment où j’écrivais le film, j’écoutais son disque en boucle. J’ai donc essayé de le contacter plutôt que d’engager quelqu’un qui ferait une musique à sa manière. J’ai donc envoyé un mail à sa maison de disque qui m’avait prévenu qu’il refusait tout et il m’a finalement répondu dès le lendemain. »

- : « Quel est le moment le plus drôle que vous avez vécu sur cette aventure ? »

M. Le B. : « Il y en a eu énormément. Je dirais que c’est au moment où je cherchais à monter ma boîte de production et que je ne savais pas dans quelle banque aller. J’ai donc appelé Luc (Besson) pour lui demander dans quelle banque il était. Et à ce moment-là, j’ai dû lui expliquer tout le processus, notamment que je n’avais pas de scénario… Et là il a insisté pour me donner son avis. En gros, il m’a expliqué que j’étais folle, qu’on ne faisait pas de film avec son argent personnel, qu’on prenait le temps, qu’on allait voir les chaînes, qu’on demandait des prêts et que si personne n’avait confiance dans le scénario proposé, il fallait le retravailler jusqu’à ce qu’on me dise oui. Je lui ai alors répondu sèchement : Merci du conseil. Mars et Jupiter ! On a longtemps vécu en fusion mais là on était vraiment sur deux planètes différentes. Et ce qui m’a fait le plus rire, c’est que voilà un mois, il a fini par voir le film et sitôt après il est venu me voir en larmes et m’a juste dit : Tu es toujours aussi folle mais je suis content que tu ne m’aies pas écouté. »


- : « Le moment le plus dur ? »

M. Le B. : « Avant que Les Films du Kiosque me rejoigne. Je me sentais dans un tunnel dont je ne voyais pas le bout. »

- : « Le plus beau ? »

M. Le B. : « Quand j’ai montré 26 minutes d’un premier montage aux Films du Kiosque. C’était le premier regard au bout de deux mois de montage enfermée dans une petite pièce avec ma monteuse. On n’en revenait pas quand ils nous ont dit que c’était génial et qu’ils voulaient faire partie de l’aventure. »

- : « Quel est votre état d’esprit avant la sortie du film ? »

M. Le B. : « Je suis peut-être plus fière que d’habitude. Je l’étais déjà au moment du spectacle mais le film peut avoir la chance de toucher plus de gens. C’est autre chose. J’ai pris plus de risques. Mais à vrai dire, je n’ai pas très peur car tout ce qui est arrivé depuis que j’ai montré les premières images aux Films du Kiosque a été génial. J’ai eu l’embarras du choix pour trouver un distributeur et j’ai choisi celui qui, à mes yeux, était le plus motivé… Donc même si ce film sortait dans deux salles et faisait trois entrées, ce serait malgré tout pour moi un cadeau car je n’avais pas imaginé tout ça. Mais évidemment maintenant que le budget est plus important qu’au début, mes producteurs m’expliquent le palier d’entrées à partir duquel on rentrera dans nos frais. Cependant, je ne cherche pas à récupérer l’argent que j’ai dépensé. Comme pour mon spectacle. C’est comme si je jouais au casino. J’ai récupéré beaucoup d’argent pour le spectacle. Peut-être qu’ici je vais tout perdre. Mais ce ne serait pas de l’argent perdu au final. Enfin, je n’ai pas peur des critiques mais je pense que je serai assez fragile malgré tout sur leurs réactions. Si un jour je lis névrose familiale faite avec trois bouts de ficelle, je le prendrai mal ! »

- : « Avez vous déjà une autre idée de film en projet ? »

M. Le B. : « Oui, il est même déjà écrit. C’est très différent. Très léger. La toile de fond n’est plus la famille mais l’univers du cinéma. »

- : « Et avez vous pris ici tout le plaisir que vous n’avez jamais connu comme actrice ? »

M. Le B. : « En fait, si je tournais tout le temps sur le mode de l’improvisation, j’adorerais être actrice. Mais ce n’est pas le cas et la plupart du temps je m’ennuie sur un plateau. Je déteste apprendre un texte car ça me rappelle l’école. Et le plaisir que j’ai à jouer est bouffé par ce qu’il y a autour, les concessions indispensables. Alors si, à l’avenir, je ne joue que dans mes films, ça ne pose pas de problème. Et même si je ne joue plus du tout ça ne m’en posera pas davantage tant que je peux réaliser. »

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Fiche technique
Réalisation : Maïwenn Le Besco
Scénario : Maïwenn Le Besco
Assistant réalisateur : Georges Ruquet
Directeur de production : Patrick Nebout
Image : Claire Mathon
Son : Pierre-Yves Lavoué, Sandy Notarianni et Rym Debbarh-Mounir
Montage : Laure Gardette
Mixage : Emmanuel Croset
Musique : Mirwaïs Ahmadzaï
Scripte : Mylène Mostini
Régie : Rémi Putoud
Costumes : Marité Coutard
Production : Les Films Du Kiosque & Maï Productions
Producteurs : François Kraus, Denis Pineau-Valencienne & Maïwenn
En coproduction avec : Gamzu Participations – Bruno Ledoux
Clo Productions
Distributeur salles : Snd – Groupe M6
Video & ventes internationales : Snd – Groupe M6

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de

remerciements à
Olivier Lebraud
logos, textes & photos © www.snd-films.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

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