2h37

2h37 drame de Murali K. Thalluri

avec :
Teressa Palmer, Joel Mackenzie, Frank Sweet, Charles Baird, Marni Spilane, Clementine Mellor et Sam Harris
durée : 1h33
sortie le 29 novembre 2006
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Synopsis
2h37. Le corps d'un adolescent est retrouvé dans les toilettes du lycée. Le film remonte alors le temps pour suivre le début de journée de six lycéens et tenter de faire la lumière sur ce qui s'est passé. Fiction, interviews réalistes et points de vue opposés se mêlent tandis que les adolescents se retrouvent confrontés à leurs problèmes. Des angoisses les plus banales (intégration, relations amoureuses et pressions scolaires ) aux plus sombres, l'adolescence se révèle être pour eux l'âge où il faut choisir entre vivre et mourir.

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Notes de production
Face au suicide
2h37 nous plonge dans le quotidien lycéen de six adolescents, dont la journée va se terminer par un terrible suicide.
Murali a rencontré le suicide pour la première fois lorsqu'un de ses amis a décidé que la vie était si insupportable qu'il valait mieux mourir. Il a choisi de le faire d'une manière incroyablement atroce et sanglante. Deux jours après qu'il s'était tailladé les poignets, Murali a reçu une cassette vidéo par la poste. C'était un message, une lettre de suicide en vidéo.
Murali se souvient : « Voir un être humain crier, pleurer, hurler et supplier alors qu'il se prépare à effectuer cet acte extrême, se supprimer, est une chose qui me hante encore à ce jour. Longtemps, j'ai haï cette personne pour avoir détruit sa propre vie et m'avoir, si cruellement, laissé un message qui me hantera jusqu'à mon dernier souffle. Je voyais le suicide comme quelque chose d'injuste, d'égoïste, un signe de faiblesse : je ne comprenais tout simplement pas. »
Solitude
Six mois après ce suicide, Murali a sombré de plus en plus profondément dans les abîmes de son esprit.
Il raconte : « A cette époque, quantité d'ennuis m'étaient tombés dessus et ma propre vie s'effilochait. J'avais des soucis de santé, à la fois à cause d'un problème de reins dont je souffrais depuis l'enfance, et parce que je devais envisager de me faire réopérer de mon oeil, qui me faisait souffrir à la suite d'une agression qui avait eu lieu cinq ans plus tôt. J'avais rompu avec ma petite amie, et je travaillais aux impôts - ce qui est déjà déprimant en soi. L'attitude enjouée et insouciante qui avait toujours été la mienne semblait de plus en plus loin de moi, tandis que je m'enfonçais chaque jour plus loin dans la dépression. J'ai soudain commencé à comprendre ce qu'avait ressenti cette personne pendant ses derniers mois. J'étais acculé, sans aucun lieu de repli alors que le quotidien m'échappait et m'écrasait. Seul, cerné, la seule possibilité de fuite semblait résider hors de la vie... en me tuant.

J'ai essayé d'en parler, d'approcher des gens, des adultes, pour qu'ils m'aident, mais leurs réponses étaient toujours les mêmes : "ça ira mieux demain... tu vas surmonter ce cap... ça passera...". Toutes ces phrases m'étaient dites avec une telle régularité que cela me rendait furieux. Qu'importe le nombre de fois où on me les avait répétées, j'étais convaincu que c'était faux. Personne ne voulait affronter le problème tel qu'il était... A l'intérieur, je pleurais, je criais, et personne n'était là pour m'aider. »
L'impasse
Murali se souvient s'être assis dans sa chambre, sur son canapé. Devant lui, il y avait une table basse, et au-delà, sa télévision.
Murali confie : « Sur la table, il y avait 14 comprimés de codéine, qui étaient censés soulager la douleur de mon oeil, et à côté, une bouteille de Jim Beam. Dans mon champ de vision, il n'y avait que la codéine et l'alcool que je voyais distinctement, tout le reste était flou. Je ne pensais pas à me venger des gens que j'aimais, je ne pensais pas à me venger de ceux que je haïssais, ça n'avait rien à voir avec les autres. C'était moi et moi seul. Il n'y avait que moi et cette douleur indescriptible qui torturait mon corps. Mon esprit n'était pas en état de penser aux effets qu'aurait mon acte. Je ne me sentais pas faible en faisant ce que je m'apprêtais à faire. En fait, c'était même le contraire. Je me sentais fort, parce que finalement, j'avais du pouvoir sur quelque chose. J'avais le pouvoir de me donner la mort, et j'ai essayé de le faire. Ce soir-là, j'ai pris ces 14 comprimés de codéine, et j'ai bu la bouteille de Jim Beam. J'ai essayé de me tuer. Cela me fait drôle d'écrire ces mots, alors que je suis maintenant aussi heureux qu'on peut l'être, mais à ce moment-là, c'était ma seule option. »
Le réveil
Quelques heures plus tard, à sa grande consternation, Murali était réveillé. Mais il était paralysé.
Murali K. Thalluri se rappelle : « Je pouvais à peine bouger, et j'étais forcé de pense: à la vie, à l'avenir, au passé, mais surtout, à mes rêves. Je me suis mis à penser à mes aspirations en tant que cinéaste. Je me suis dit que si je vivais, je suivrais ce rêve sans jamais plus renoncer. Des heures plus tard, alors que je retrouvais peu à peu l'usage de mes membres, j'ai vomi, j'ai rejeté tous ces produits chimiques que j'avais pris pour me tuer, et après avoir récupéré, j'ai écrit le premier jet de 2h37 - intitulé alors "All In A Day", en trente-six heures. »

2h37
L'histoire de 2h37 se déroule durant une journée ordinaire au lycée, remplie des activités banales associées à la vie scolaire, des cours au terrain de sport, en passant par les différents échanges sociaux.
Murali raconte son film : « Nous présentons la vie scolaire comme elle devrait l'être, grouillant non seulement du tourbillon de la vie et des activités, mais aussi pleine de mélancolie. Nous faisons voir au public cette journée en entier selon la perspective ressenti de leurs propres âmes. Cette approche souligne le fait que des problèmes qui pourraient paraître insignifiants, comme par exemple des difficultés relationnelles, peuvent parfaitement conduire quelqu'un à se suicider - de la même manière que des choses horribles comme un viol peuvent le faire. Le public peut ainsi voir que les problèmes sont une question de perspective... Malgré les foules omniprésentes qui entourent tout un chacun lors de sa vie scolaire, l'école peut être un lieu de solitude extrême, un endroit capable d'engendrer le malaise et la dépression, et de permettre à une maladie comme le suicide de prospérer. Nous présentons la vie au lycée comme un endroit où le bonheur et la tristesse vivent côte à côte, et où l'on peut passer de l'un à l'autre de manière parfaitement ordinaire et courante. »
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Le tournage
Lorsqu'il prit la décision de réaliser son premier film, Murali K. Thalluri entama un long périple pour rechercher des fonds, pour convaincre des interlocuteurs chevronnés du cinéma de travailler avec lui et pour faire tout son possible pour se retrouver en position de faire ce film.
Murali se souvient : « J'ai passé plusieurs semaines assis dans une librairie à lire tous les livres sur le cinéma, la télévision et le théâtre que j'ai pu trouver. Je suis entré en contact avec des cinéastes expérimentés pour les interroger sur les aspects techniques d'un film. J'ai étudié le système de taxes pour en exploiter toutes les failles, afin de pouvoir amener différents entrepreneurs immobiliers à placer de l'argent dans mon film, et j'ai voyagé dans le monde avec l'un de mes tout premiers collaborateurs, Nick Matthews, tout cela au nom de 2h37. Nous avons passé deux ans sur la production de ce film. Je l'appelle "le film qui a sauvé ma vie". Et mon ultime espoir est qu'il en sauve beaucoup d'autres. »
Le jeune réalisateur ne prétend pas avoir la connaissance que peuvent avoir nombre de ses collègues de l'industrie cinématographique en matière de création de film. Mais il croit fermement que la connaissance humaine est faite de davantage de choses que la physique, les mathématiques et la chimie.
En effet, Murali explique : « La connaissance humaine est faite de toutes les connaissances gravées dans les coeurs, ciselées sur les âmes, inscrites dans notre psychisme, et en disant cela, je crois que malgré mon manque d'expérience, ce film pourra toucher beaucoup d'êtres humains. J'espère que 2h37 est un film qui saisira l'imagination, et touchera le coeur des spectateurs du monde entier. »
Il ajoute : « Le film que j'ai fait avec mes deux coproducteurs, Nick Matthews et Kent Smith, est non seulement un film qui m'a sauvé la vie, mais quelque chose qui, je le crois, est un miracle en soi, et j'espère qu'il est le début d'une association qui durera toute une vie, le premier de nombreux films à venir. »

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Dans un monde de haine, nous devons espérer,
Dans un monde de désespoir, nous devons oser rêver,
Et dans un monde de méfiance, nous devons toujours croire...
Ce n'est que le début.
Dans un monde de désespoir, nous devons oser rêver,
Et dans un monde de méfiance, nous devons toujours croire...
Ce n'est que le début.
Murali K. Thalluri
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Fiche technique
Réalisateur : Murali K Thalluri
Scénariste : Murali K. Thalluri
Producteurs : Kent Smith, Murali K. Thalluri et Nick Matthews
Producteurs exécutifs : Kent Smith, Murali K. Thalluri, Gary Hamilton et Dean O’Flaherty
Designer sonore : Leslie Shatz
Musique : Mark Tschanz
Chef monteur : Murali K. Thalluri, Nick Matthews et Dale Roberts
Directeur de la photographie : Nick Matthews
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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de
remerciements à Olivier Lebraud
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