• La flûte enchantée

Publié le par 67-ciné.gi-2006













La flûte enchantée musical de Kenneth Branagh








avec :
Joseph Kaiser, Amy Carson, Benjamin Jay Davis, Lyubov Petrova, René Pape, Tom Randle, Teuta Koço, Louise Callinan, Kim-Marie Woodhouse, Silvia Moi, Liz Smith, William Dutton, Luke Lampard, Jamie Manton, Rodney Clarke, Charne Rochford, Peter Wedd et Keel Watson


durée : 2h13
sortie le 13 décembre 2006

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Synopsis
À la veille de la Première guerre mondiale, Tamino s'engage dans un dangereux périple : alors que le monde s'enfonce dans les ténèbres et la folie destructrice, il se met en quête d'amour, de paix et de lumière.
Un calme inquiétant plane sur la région encore épargnée par la guerre tandis que Tamino, en compagnie de ses hommes paralysés par l'angoisse, attend l'ordre de partir au combat.
Au cours du chaos qui s'ensuit, Tamino se retrouve projeté dans un univers crépusculaire, entre rêve et cauchemar, où trois infirmières militaires lui sauvent la vie… Lorsque Papageno, gardien des canaris utilisés pour détecter la présence de gaz dans les tranchées, apparaît en prétendant avoir sauvé Tamino, les Soeurs décident de les envoyer sur une mission périlleuse.
Ils doivent retrouver la trace de Pamina, la ravissante fille de la Reine de la Nuit, enlevée par le redoutable seigneur Sarastro.
Deux jeunes gens qui s'aiment parviendront-ils à influer sur le sort des nations et la vie de millions d'êtres humains ?


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Entretien avec Kenneth Branagh
- : « Pourquoi avez-vous choisi de transposer l'intrigue de La Flûte enchantée à l'époque de la Première guerre mondiale ? »

Kenneth Branagh : « La thématique du conflit est au coeur de La Flûte enchantée. Cela se ressent au niveau musical, et l'opéra lui-même parle de la résolution d'un conflit entre parties rivales. Il s'agit de l'opposition entre lumière et ténèbres, haine et amour, et, dans le cas du film, guerre et paix. Le conflit le plus frappant est celui qui oppose Sarastro à la Reine de la Nuit. En plaçant chacun de ces deux personnages à la tête d'une armée, et en reconstituant le cadre visuel de la Première guerre mondiale, j'ai voulu donner de l'ampleur aux actes de Sarastro et de la Reine de la Nuit. Avec la Grande Guerre, nous disposions d'un contexte historique et métaphorique, aussi complexe et chargé d'émotions que l'opéra lui-même. D'autre part, il faut voir qu'en cette période tragique de l'histoire, la musique, la chanson populaire, la poésie et l'humour relevaient de l'instinct de survie. Ce contexte nous a donc permis d'obtenir un équilibre entre émotion et humour et de faire surgir une dimension d'opéra comique dans le film. En fin de compte, cette intrigue, assez déroutante, a l'ampleur d'une épopée et décrit une trajectoire cohérente et pleine de rebondissements. »

- : « En quoi des jeunes d'aujourd'hui peuvent-ils se reconnaître dans La Flûte enchantée ? »

K. B. : « Il y est question d'un mythe ancestral. Engagés dans une vaste quête, deux jeunes gens s'embarquent dans une aventure pleine de dangers qui leur permettra de mûrir et faire l'apprentissage du monde. Cette quête prend alors tout son sens à travers le périple spirituel, psychologique et émotionnel de ces deux personnages. Même si l'intrigue se rapproche du mythe arthurien, voire de la Guerre des Etoiles, on s'identifie sans mal aux personnages qui nous semblent ancrés dans une réalité contemporaine. Le sujet du film est universel. »


- : « Qu'aimeriez-vous que les spectateurs retiennent du film ? »

K. B. : « La musique est une invitation à l'imagination. Les gens retiendront de cette version de La Flûte ce qu'ils voudront. On réagit forcément à une telle oeuvre de manière subjective. Dans notre interprétation, nous avons essayé d'ouvrir l'opéra, et surtout pas d'en donner une vision sclérosée. Nous avons souhaité proposer une grille de lecture à travers les décors, le jeu des interprètes et le traitement de l'intrigue. Nous avons cherché à mettre à profit toutes les ressources et la créativité du cinéma, mais surtout, nous avons voulu que le public soit captivé par la musique de Mozart. »

- : « Quels éléments avez-vous tenté d'apporter à votre vision de La Flûte enchantée qui vous semblaient faire défaut dans les interprétations antérieures ? »

K. B. : « Nous avons vraiment mis l'accent sur la vraisemblance et le réalisme du jeu des interprètes. Il s'agissait de faire en sorte que les parties chantées s'intègrent le plus naturellement possible à notre univers. Il fallait qu'on ressente le besoin impérieux des personnages de communiquer et de chanter. Nous voulions aussi retranscrire l'énergie qui émane de l'opéra, et donner suffisamment de souffle et d'humour au récit pour que le spectateur ne soit pas déconcerté par l'intrusion de la magie. Nous avons souhaité rendre compte de l'opéra dans toute sa diversité, en assumant la moindre variation de ton et de style, sans chercher à expliquer ou à justifier de supposées contradictions. Il s'agit d'une oeuvre à mi-chemin entre conte de fée, drame, comédie, aventure et traité philosophique. Il semble que Mozart ait souhaité donner à La Flûte toutes ces dimensions. »

- : « Comment êtes-vous arrivé sur le projet ? »

K. B. : « C'est Stephen Wright, producteur exécutif à la Fondation Peter Moores, qui m'a contacté. Nous nous sommes rencontrés, et il m'a expliqué que Sir Peter rêvait de produire un film-opéra. J'ai alors rédigé un traitement de 5-6 pages, qui passait en revue mes idées concernant une adaptation cinématographique. J'en ai parlé à Peter Moores, avant de m'atteler à l'écriture du scénario. »


- : « Comment en êtes-vous venu à travailler avec Stephen Fry sur La Flûte enchantée ? Comment avez-vous collaboré au scénario et au livret du film ? »

K. B. : « J'ai remis à Stephen un scénario de 120 pages, en détaillant autant que possible les décors de chaque scène, la description des personnages tels que je les envisageais, et mes différentes approches des questions que soulèvent Mozart et Schikaneder dans l'intrigue. Il s'est alors servi d'une traduction littérale du livret d'origine, et nous avons cherché à y injecter la langue parlée à l'époque où se situe l'action : 1916. Nous avons un peu modernisé certains dialogues, et supprimé certaines scènes. On voulait qu'il y ait à la fois de l'humour et de l'émotion, ce qui correspond bien à l'état d'esprit de Stephen. Il a écrit une première ébauche formidable du livret, après quoi, Stephen, notre conseiller musical Gareth Hancock et moi, nous sommes retrouvés pour chanter les scènes. Nous avons ensuite corrigé quelques phrases et expressions, pour qu'elles soient plus faciles à chanter, notamment pour les registres de voix aiguës. J'ai adoré notre collaboration. »

- : « Sachant que vous avez souvent porté Shakespeare au cinéma, qu'estce qui vous séduisait et vous intéressait dans le projet de La Flûte enchantée ? Y a-t-il eu des difficultés que vous aviez pressenties - et que vous avez ensuite rencontrées - dans votre travail d'adaptation ? »

K. B. : « Ce sont des difficultés largement comparables à celles que j'ai rencontrées sur mes adaptations shakespeariennes. Il s'agit en effet de transposer une oeuvre majeure dans une autre forme artistique, sans en édulcorer le génie auquel on cherche à rendre hommage. Mais de même que Shakespeare, Mozart est coriace ! La Flûte a connu autant de mises en scène qu'Hamlet : en effet, la lune, le cirque, Stonehenge ou la plage ont servi de décors à l'opéra, et Mozart peut facilement s'approprier chacun d'entre eux. Ce qui compte surtout pour moi, quels que soient le décor ou la mise en scène, c'est la vraisemblance de l'interprétation - et peu importe les exigences techniques imposées par la matière dramatique, qu'il s'agisse de Shakespeare ou de Mozart. Les interprètes ont dû enregistrer les passages chantés plusieurs mois avant le tournage. Ce qui s'est avéré un véritable enjeu, c'est de faire correspondre ces enregistrements avec les images que nous avons tournées par la suite, tout en visant la plus grande spontanéité sur le plateau. »

- : « Vous avez travaillé avec des interprètes qui n'ont guère l'habitude des tournages. Comment les avez-vous préparés à leur rôle ? »

K. B. : « Les auditions ont été longues et fatigantes. Quand on a démarré les répétitions, nous avons consacré pas mal de temps au livret, à la psychologie des personnages et à leurs rapports, avant même de nous atteler aux parties chantées. La plupart d'entre eux n'avaient jamais tourné de film, et je n'avais moi-même jamais travaillé sur un opéra. Nous étions tous des étrangers sur une terre étrangère… Ce type de situation rend à la fois vulnérable et enclin à écouter les autres et à apprendre. C'est ce que nous avons tous fait. »

- : « A votre avis, à qui s'adresse votre version de La Flûte enchantée ? »

K. B. : « Compte tenu de l'écho de cet opéra auprès du public sur les deux derniers siècles, on peut alors dire que le public de La Flûte enchantée touche aussi bien les femmes que les hommes, quels que soient leur appartenance sociale et leur âge. Il m'a fallu 45 ans pour apprécier l'opéra, et je serais très heureux que d'autres que moi, qui n'ont peutêtre pas eu l'occasion de découvrir l'art lyrique, puissent le faire grâce au film. Mozart nous fait ce cadeau magnifique qu'est sa musique, et en cette année anniversaire, je me sens très flatté de contribuer à la transmission de son art à un tout nouveau public, grâce au cinéma. »


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Fiche technique
Réalisation & scénario : Kenneth Branagh
d'après l'opéra de Wolfgang Amadeus Mozart
Livret original : Emanuel Schikaneder
Adaptation anglaise : Stephen Fry
avec : le Chamber Orchestra of Europe et les Choeurs Apollo Voices
Direction musicale : James Conlon
Producteur : Pierre-Olivier Bardet
Producteur pour la Fondation Peter Moores : Stephen Wright
Producteur musical : Daniel Zalay
Photographie : Roger Lanser
Décors : Tim Harvey
Costumes : Christopher Oram
Maquillage et coiffure : Sarah Monzani
Montage : Michael Parker
La bande originale du film La Flûte enchantée éditée par France Télévisions Distribution et distribuée par Sony Music sera disponible le 4 décembre 2006

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de
remerciements à Mathieu Berthon
logos, textes & photos © www.filmsdulosange.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

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