• Requiem

Publié le par 67-ciné.gi-2006













Requiem drame de Hans-Christian Schmid



 




avec :
Sandra Hüller, Karl Klinger, Marianne Klinger, Helga Klinger, Hanna Imhof, Stefan Weiser, Gerhard Landauer et Martin Borchert

durée : 1h33
sortie le 13 décembre 2006

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Synopsis
1970, Michaela, 21 ans, grandit dans une petite ville du sud de l’Allemagne entre un père faible et affectueux et une mère autoritaire.
Depuis de nombreuses années, Michaela souffre d’épilepsie et rêve de reprendre ses études à l’université. Elle y découvre la liberté, l’amitié d’Hannah et un amour naissant pour Stephan.
De nouvelles attaques épileptiques plus violentes que les précédentes lui font entendre des voix et lui révèlent d’inquiétantes apparitions. Craignant d’être renvoyée dans sa famille, Michaela consulte un prêtre. Il la persuade qu’elle est possédée par des forces démoniaques.
S’opposant à l’homme d’église, ses amis, l’incitent à se faire soigner, mais se trouvent impuissants face aux convictions religieuses et familiales. Prise entre psychiatrie et exorcisme, Michaela subit un destin tragique.


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Entretien avec Hans-Christian Schmid (réalisateur) et Bernd Lange (scénariste)
Hans-Christian Schmid : « Requiem est avant tout l’étude psychologique d’une jeune fille au coeur d'une situation extrême. Aujourd’hui, tout le monde est convaincu que l’exorcisme n’est pas la meilleure méthode pour soigner les malades mentaux. La situation limite de Michaela me fascinait : voilà une jeune fille entourée de sa famille, de ses amis et de tous ceux qui cherchent à lui venir en aide. Mais sa maladie l’a tellement coupée de ses proches qu’un rapprochement semble désormais impossible. »

- : « Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire le film ? »

Hans-Christian Schmid : « Un reportage sur un pèlerinage à Klingenberg. C’est là qu’en 1976 Anneliese Michel, étudiante catholique, est morte de malnutrition et d’épuisement, après avoir subi plusieurs dizaines d’exorcismes. J’étais sidéré que même vingt ans après sa mort, elle soit encore vénérée comme une martyre à Klingenberg par des pèlerins venus de toute l’Europe. Je me suis penché sur son histoire, je me suis pas mal documenté sur d’autres formes d’exorcisme au XXème siècle, et je me suis mis à écrire un traitement. Cela s’est passé il y a une dizaine d’années, et cette histoire ne m’a pas lâché depuis. »

- : « Dans la forêt vierge après cinq heures et Crazy brossaient le portrait de jeunes gens qui souhaitaient rompre avec leur famille. 23 évoquait également le parcours d’un jeune homme qui perdait ses repères en essayant de trouver sa place dans le monde… »

H.-C. S. : « Il y a probablement des similarités entre 23 et Requiem. En effet, ces deux films retracent le parcours de jeunes gens qui perdent pied avec la réalité et basculent dans un gouffre dont ils ne peuvent espérer revenir. Le passage à l’âge adulte est une période de la vie d’une grande intensité : c’est exactement le cas de Michaela. Nous sommes au début des années 70. Elle quitte une famille très stricte et se retrouve soudain plongée dans le monde étudiant. Le contraste était bien plus saisissant à l’époque qu’aujourd’hui. Il y avait la musique, l’excitation d’une vie nouvelle, les premiers émois amoureux qui tardent à se faire sentir, sa relation avec un garçon, son sentiment de culpabilité… Je pense qu’elle était tiraillée entre des choix de vie très différents qui la dépassaient. »


Bernd Lange : « Je trouvais intéressant qu’un personnage se soumette volontairement à un exorcisme, et que tout cela se déroule au sein de son cercle familial, sans que personne ne trouve rien à redire, par impuissance et par incapacité de prendre une décision. »

H.-C. S. : « Je tenais avant tout à susciter de l’empathie pour Michaela, pour son comportement et son état. Ma position là-dessus est parfaitement claire et rationnelle : je ne crois pas au phénomène de possession démoniaque. Ce qui ne m’empêche pas de prendre la protagoniste et son point de vue très au sérieux. J’ai essayé de me mettre à la place d’une jeune femme psychotique, souffrant d'angoisses, et en proie au délire et aux hallucinations. »

- : « Vous avez voulu rester très objectif tout au long du film… »

H.-C. S. : « Oui, et d’ailleurs pour accentuer la dimension universelle du récit nous n’avons pas voulu donner d’année en particulier. Par exemple, la voiture de Karl Klinger a l’air de dater des années 50. Mais la fac où va Michaela est une simple construction en béton, ce qui indique que l’action ne peut pas se situer avant le début des années 70. Il en va de même pour la musique des années 70 qui joue un rôle important. “Anthem” de Deep Purple, déjà présent dans le scénario de Bernd Lange, et Paramechanical World d’Amon Düül évoquent l’atmosphère de l’époque. C’est une musique qui joue beaucoup sur l’émotion, mais je n’ai pas le sentiment qu’elle soit envahissante. Elle ne détourne pas le spectateur du film, comme le fait parfois la musique originale, mais elle lui permet d’entrer facilement dans l’histoire et de se remémorer des souvenirs. »

B. L. : « En théologie, les experts sont partagés sur la question de savoir si l’existence de Dieu englobe ou pas l’existence du diable. Au cours des quatre années où nous avons écrit le scénario, nous avons toujours voulu rendre compte du problème de cette jeune fille comme d'une pathologie et rien d’autre. Baignant dans ce contexte rural et profondément religieux, Michaela développe un profond sentiment de culpabilité et, surtout, en vient à être progressivement convaincue qu’elle est possédée. »

- : « Quelle a été l’origine de Requiem ? »

H.-C. S. : « Un reportage télévisé sur un pèlerinage à Klingenberg. C’est là qu’en 1976, Anneliese Michel, une étudiante catholique, est morte de malnutrition et d’épuisement, après avoir été soumise à plusieurs douzaines de séances d’exorcisme. J’ai été stupéfait de constater que même vingt ans après sa mort, elle était toujours vénérée comme une martyre à Klingenberg, par des pèlerins venus de toute l’Europe. J’ai commencé à m’intéresser à son histoire, tout en me documentant de manière approfondie sur d’autres cas d’exorcisme au XXème siècle, puis j’ai rédigé un synopsis, il y a bientôt dix ans de cela. Le récit ne m’a jamais quitté depuis. J’ai abordé l’histoire de manière différente, j’ai plutôt choisi le point de vue de son amoureux. Au fur et à mesure de l'écriture du scénario, nous avons progressivement pris nos distances avec l’affaire Michel. Nos personnages existent en tant que tels. Nous avons veillé à ce que leur comportement, leur manière de s’exprimer et leur mode de pensée se différencient de ceux de l’entourage d’Anneliese. Et plus on s’éloignait du cercle familial, plus on se sentait libre dans le traitement des personnages du film. Nous avons bâti notre propre représentation des protagonistes de l’affaire : le petit copain d’Anneliese, sa meilleure amie, le pasteur – nous ne prétendons pas reproduire fidèlement la réalité. »


B. L. : « Il y a des similitudes avec Anneliese Michel, mais son parcours n’est pas le même. Requiem ne se veut ni un documentaire, ni une biographie. Nous avons surtout cherché à parler d’un phénomène bien spécifique. Il est frappant de constater à quel point notre perception change lorsqu’on a le sentiment d'assister à un fait qui s’est réellement produit, même si aucun film ne peut retranscrire un événement tel qu’il a eu lieu. Quand on écrit un scénario tiré d’événements réels, on ne peut pas se désintéresser des sentiments des gens dont on s’inspire et des raisons de leurs actes. »

- : « Vous êtes-vous inspiré d’autres films pour la représentation de la maladie mentale ? »

H.-C. S. : « Non, du moins pas consciemment. Mais pendant que je tourne, j’ai souvent avec moi plusieurs films dont on se sert comme références. S’agissant de Requiem, il s’agissait de films évoquant l’atmosphère propre aux années 70 – qu’il s’agisse de longs métrages, de documentaires musicaux ou même d’enregistrements des journaux télévisés. Pour se faire une idée concrète d’une crise d’épilepsie, nous avons visionné des cassettes sur des épileptiques que le centre de neurologie de l’Hôpital de Berlin a mis à notre disposition. Nous avons constaté qu’il existe plusieurs types de crises, qui vont d’une simple absence passagère à des convulsions se propageant dans tout le corps. C’est ce qui nous a donné une certaine liberté dans notre représentation de la maladie. »

- : « Vous êtes-vous entretenu avec les proches d’Anneliese Michel ? »

H.-C. S. : « Oui, mais seulement après la fin du tournage. D’abord parce qu’on souhaitait établir une nette distinction entre notre travail de fiction et tout parallèle avec la réalité. D’autre part, nous savions que la famille d’Anneliese avait coupé les ponts avec les médias depuis longtemps. Le voeu de la famille était qu’on ne leur rappelle pas une fois de plus les épreuves terribles qu’ils avaient traversées à l’époque : nous voulions respecter cela. »


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Fiche technique
Réalisateur : Hans-Christian Schmid
Scénariste : Bernd Lange
Directeur de la photo : Bogumil Godefrejow
Monteur : Hansjörg Weissbrich et Bernd Schlegel
Directeur artistique : Christian M. Goldbeck
Ingénieur du son : Marc Parisotto
Costumes : Bettina Marx
Producteur : Hans-Christian Schmid
Producteur exécutif : Uli Putz
Une co-production : 23/5 Filmproduktion, Swr, Arte, Wdr et Br

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de
remerciements à Fabienne Misery-Simon

logos, textes & photos © www.ocean-films.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

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