• Les aiguilles rouges

Publié le par 67-ciné.gi-2006













Les aiguilles rouges drame de Jean-François Davy




avec :
Jules Sitruk, Damien Jouillerot, Jonathan Demurger, Pierre Derenne, César Domboy, Jules Angelo Bigarnet, Raphaël Fuchs-Willig, Clément Chebli, Richard Berry, Bernadette Lafont, Rufus, Patrick Bouchitey, Bernard Haller


durée : 1h33
sortie le 10 mai 2006

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Synopsis
Septembre 1960 : indisciplinée, une patrouille de huit scouts, âgés de 12 à 16 ans, est envoyée en randonnée pendant trois jours escalader le massif du Brévent à titre punitif : 2.500 mètres d'altitude !
Dans leurs sacs à dos, leur inexpérience, leur insouciance,  leurs différences, leurs histoires de filles, la lettre d'un frère militaire  en Algérie…
La montagne, splendide, dévoile sa face sournoise et la Patrouille  des Aigles va se retrouver dans une situation de danger extrême…
La tension grimpe rapidement entre ces huit garçons que tout oppose :  caractères, origines sociales, perspectives d'avenir. Bientôt perdus dans des gorges abruptes, les Aigles sont confrontés au froid, à la faim qui les tenaille autant qu'à  la peur qui les gagne…
A la recherche d'une issue, le groupe se divise, et l'un d'eux disparaît dans l'eau glacée d'un torrent…
Les secours enfin déclenchés, une course contre la montre s'engage pour tenter  de sauver les garçons prisonniers de l'immense piège qui s'est refermé sur eux…


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Retour aux sources
Jean-François Davy : « Avant les Aiguilles rouges, je n'avais pas réalisé de film depuis vingt-trois ans ! En 1983, Ça va faire mal avait été un échec commercial et c'est à cette époque que je me suis intéressé à la vidéo. Comme j'étais collectionneur dans l'âme, j'ai commencé à acheter des droits de films et je me suis lancé dans le métier d'éditeur. De temps en temps, j'essayais d'écrire un script, de me remettre sur un projet, mais mon activité de chef d'entreprise m'a complètement absorbé. Plus les années passaient, plus cela devenait difficile. Récemment, je me suis dit que si je ne refaisais pas de cinéma maintenant, je n'en ferais certainement jamais plus. Or, il y avait toujours en moi un petit garçon qui refusait de mourir. J'ai donc pris le taureau par les cornes. J'ai décidé de réaliser et de produire contre vents et marées cette aventure vécue à l'âge de 15 ans qui m'avait profondément marqué. J'ai écrit la première mouture du scénario en pensant qu'il pourrait être assez facile de raconter cette histoire de gamins. Cela pouvait provoquer une jolie rencontre avec le public et puis j'avais produit avec bonheur La meilleure façon de marcher de Claude Miller avec Patrick Dewaere et Patrick Bouchitey (qui n'est pas tout à fait un film d'enfants, mais qui se déroule dans un centre de vacances).
Je pensais tenir là l'occasion de faire un film à petit budget - je me trompais lourdement ! - mais c'est ainsi que l'idée a germé. A cinquante ans, j'avais envie de me servir de mon vécu pour en tirer des scénarios… Lors de ma première carrière de cinéaste, je m'étais essayé à différents genres cinématographiques réalisant à la force du poignet une œuvre pour le moins éclectique…
»

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Une histoire vraie
De la réalité...
Jean-François Davy : « Les événements racontés dans ce film ont vraiment eu lieu. Cela m'est arrivé en juillet 1960 et tout s'est précisément passé comme nous le montre le film. Si la chronologie de l'histoire a été respectée, j'ai également nourri mon scénario d'autres éléments afin de le rendre plus dense.
A l'époque, l'itinéraire que nous avions suivi est exactement celui retracé à l'écran et la plupart des anecdotes évoquées dans le film sont arrivées. Comme par exemple, la scène où les garçons forcent la porte d'une boutique de souvenirs et «empruntent» quelques marchandises. C'est la première fois que je la raconte car, à l'époque, c'était resté secret !
»

… A la fiction
J-F. D. : « Ce n'était pas bien méchant, mais nous avions eu l'impression d'avoir commis un forfait majeur… Si je me suis souvenu - heure par heure - de ces quatre journées passées en montagne sans pouvoir fermer l'œil, j'ai aussi appris des choses en tournant le film. J'ai ainsi retrouvé l'un des guides qui avait sauvé Eric et qui m'a raconté ce à quoi je n'avais pas assisté. Je me suis rendu compte, en revenant sur les lieux, des vrais dangers auxquels notre patrouille avait été exposée. Pendant le tournage, on a passé notre temps à se casser la figure ! Il a été impossible d'aller là où l'on était passé à l'époque, même encadré par des guides ! J'ai alors pris conscience des risques considérables qu'on avait encourus. On aurait pu tous y passer ! »

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Esprit de troupe
Jean-François Davy : « Même si le scoutisme n'est pas le sujet principal du film, ce mouvement a beaucoup compté dans ma vie. J'ai commencé louveteau à l'âge de 8 ans, puis j'ai été scout pendant une dizaine d'années. J'ai d'ailleurs continué après la mésaventure des Aiguilles rouges.
Mon premier film date de cette époque. Je l'ai réalisé à l'âge de 15 ans, en 8 mm, avec ma patrouille : il s'agissait d'un film policier, sonore, d'une heure environ, Vernay et l'affaire Vanderghen.
La patrouille scoute est un groupe de huit ou neuf garçons.
Une troupe en compte environ une quarantaine. Les mentalités variaient beaucoup d'une patrouille à l'autre. Dans la nôtre, nous étions plutôt anars, déconneurs, et curieux. Nous nous posions des questions à propos de la religion, questions que l'on retrouve d'ailleurs souvent avec humour dans le film.
Etre scout, c'était une formidable école de débrouillardise.
On apprenait des tas de choses, nous étions proches de la nature, mais on était aussi agacés par les côtés paramilitaire et religieux.
Je ne m'attarde d'ailleurs pas trop sur cet aspect dans le film.
J'ai voulu effacer le côté « scout toujours » : au bout de quelques séquences, les enfants se débarrassent de leurs uniforme et ils redeviennent avant tout des gamins comme les autres…
Ce qui était vraiment grave à l'époque où j'ai situé le film, c'était la guerre d'Algérie que j'ai voulu omniprésente tout au long du récit.
Les origines sociales très variées des membres de la patrouille permettaient de créer un microcosme où se confrontaient les différences, les rivalités mais aussi les amitiés et une vraie solidarité.
»

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Enfants de la France
Jean-François Davy : « Notre groupe de garçons était composé d'un fils de commerçants, d'un réfugié qui avait dû fuir l'Algérie, d'un fils de surveillant général d'un grand lycée parisien, d'un fils d'ouvrier… C'est une palette assez juste des diverses couches sociales de l'époque. En fait, nous étions neuf dans cette patrouille. J'en ai supprimé un parce qu'il faisait double emploi. J'ai même essayé de ramener l'ensemble des protagonistes à sept, car au cinéma c'est un chiffre magique : Les 7 Mercenaires, Les 7 Samouraïs… mais je n'y suis pas arrivé. Ce qui prouve d'une certaine manière que les huit présents à l'écran sont tous indispensables à l'histoire.
J'ai changé leurs noms mais j'ai conservé les surnoms comme celui de Tatave et de L'Arsouille… J'ai également utilisé les expressions de l'époque comme chocmol ou c'est dégueulbif, pour que l'on reste dans le langage des années 60. Je tenais beaucoup à ce que les jeunes d'aujourd'hui puissent s'identifier avec les préoccupations de ces personnages et que leurs parents se reconnaissent et se replongent dans cette époque avec plaisir.
Moi, j'étais un peu comme Patrick (Jonathan Demurger), mon personnage dans le film : je ne vivais pas tellement au présent mais plutôt dans le futur, dans mes projets, dans mes rêves. Je me souviens avoir vécu cette aventure de façon un peu irréelle. Je crois que tous les autres l'ont également vécue, à leur manière, comme une fiction.
J'ai essayé de retrouver la personnalité des garçons que j'avais connus à cette époque et de rester proche de leur caractère, même s'il est possible qu'avec le temps ils se soient un peu transformés dans ma mémoire. Le vrai Jean-Pierre (Damien Jouillerot) était une grande gueule, son frère n'était pas en Algérie mais étudiant en médecine. Eric (Pierre Derenne) était toujours un peu en arrière, en rivalité avec Patrick…

Il y a dix ans, quand j'ai écrit la première mouture du scénario des Aiguilles rouges, j'ai revu Eric et Jean-Pierre. On a dîné ensemble et ça m'a fait un drôle d'effet. On ne s'était pas revu depuis trente ans… Ça m'a troublé par rapport à l'image que j'avais gardée d'eux. Je n'ai donc pas voulu renouveler l'expérience. Maintenant que le film est terminé, cela m'amuserait de tous les retrouver.
Sur le tournage, je me suis particulièrement lié d'amitié avec Jonathan Demurger, probablement du fait qu'il joue mon personnage. Il s'est créé entre nous un rapport filial, je suis devenu une sorte de père bis. Il m'a souvent confié : J'arrive à te dire des choses que je ne dis à personne d'autre. On s'amusait pendant le tournage à ne se parler qu'à la première personne : Comment je vais ce matin ? - Moi, je vais bien, et moi ?… Nous avions une complicité formidable, comme avec tous les autres comédiens d'ailleurs. Je vais sans doute produire le prochain court-métrage de Damien Jouillerot. Avant les Aiguilles rouges, j'avais trois garçons.
Maintenant, j'en ai onze ! Je vais pouvoir former une équipe de foot…
»

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La montagne, un personnage à part entière
Jean-François Davy : « L'autre star du film est la montagne. C'est d'ailleurs elle qui nous a coûté le plus cher! Splendide, séduisante, indomptable et terriblement dangereuse, elle symbolise d'une certaine manière l'élément féminin. C'est la femme dans toute sa splendeur, dans ce qu'elle peut avoir de dangereux et d'inaccessible.
Le sujet du film, c'est donc principalement le rapport qu'entretient ce groupe d'adolescents avec la montagne.
Un de mes partis pris de réalisation était que la caméra reste proche des acteurs grâce au Steadicam.
Nous avons opté pour un format large permettant de mettre en scène la montagne en arrière-plan.
A travers cette ascension, je voulais aussi montrer le passage de l'enfance à l'âge adulte : cela consiste, par exemple à apprendre à savoir dire non quand on vous donne un ordre absurde.
»

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Le contexte
Jean-François Davy : « Les années 60, la Nouvelle Vague, de Gaulle, Bardot, les 400 Coups de Truffaut sont évoqués dans le film, ainsi que les prémices de la révolte qui va éclater quelques années plus tard, en 68, période de grande désobéissance… Patrick entretient une correspondance avec une certaine Myriam, inspirée de la relation épistolaire que j'ai depuis cette époque avec Christine, mon amie d'enfance. La guerre d'Algérie nous paraissait lointaine à notre âge. Nos parents pensaient que la Seconde Guerre mondiale était la dernière et qu'on ne ferait plus de service militaire. En 1960, ma conscience politique n'était pas très développée. A l'époque, on était catholiques, scouts, écoliers turbulents…
La guerre d'Algérie nous paraissait abstraite comme celle d'Indochine, une guerre coloniale…

C'est en 1962 que j'ai commencé à avoir un point de vue politique. Un de mes camarades était parti en Algérie, comme enseignant et non pas comme militaire. Il nous écrivait et c'est à partir de cela que j'ai imaginé le frère de Jean-Pierre qui combattait en Algérie. Ce camarade nous racontait que les Algériens se battaient pour une cause légitime, qu'il fallait les comprendre, qu'ils ne voulaient pas être contre la France mais qu'ils désiraient leur indépendance. Moi, j'ai manifesté pour l'Algérie algérienne. J'étais devenu un anti-gaulliste de gauche sans toutefois adhérer à son extrême. Puis cet ami est mort brutalement dans un accident de voiture lors de son retour en France... Ça fait partie des choses que j'ai racontées à Gaïa Guasti et qui ont contribué à nourrir le scénario. Les pièces de monnaie posées sur un rail avant que le train ne les écrase, c'était avec mes camarades de collège…
»

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Fiche technique
Auteur-réalisateur-producteur : Jean-François Davy
Co-auteurs : Gaïa Guasti et Elisabeth Diot
Développé en collaboration avec : Isabelle Fauvel (Initiative Films)
Directeur de production : Pascal Roussel
Directeur de la photographie : Béatrice Mizrahi
Cadreur steadicam : Eric Leroux
Chef décorateur : Stéphane Makedonfsky
Story-boarder : Richard Mvogo
Chef monteur : Thierry Derocles
Ingénieur du son : Jean Umansky
Mixage : Dominique Hennequin
1er Assistant réalisateur : Philippe Chapus
Régisseur général : Philippe Giblin
Costumes : Karine Charpentier
Maquillage : Frédérique Arguello
Casting director : Annik Dufrene
Scripte : Estelle Bault
Musique-compositeur : Frédéric Talgorn
Superviseur : Edouard Dubois
Consultant : Alain Pierron (Warner Chappell)
Enregistrement : Philharmonia Orchestra de Londres

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de


remerciements à Laure Fourreau & Christophe Fresneau

logos, textes & photos © www.carreregroup.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

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