• Je me fais rare

Publié le par 67-ciné.gi-2006













Je me fais rare comédie de Dante Desarthe






avec : Dante Desarthe, Colas Gutman, Valérie Niddam, Michel Lascault, Raoul Saada, David Lescot, Sophie Gueydon, Fabrice Guez, Serge Saada, Sarah Leroy, Micha Lescot et Olga Grumberg

durée : 1h43
sortie le 28 juin 2006

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Synopsis
Daniel Danite est cinéaste. Il déborde de théories à propos de tout et n’importe quoi. Il déteste la vidéo et les nouvelles technologies qui envahissent son art.
Pourtant, quand on lui offre une petite caméra numérique alors que le tournage de son “grand film classique” est repoussé, il ne résiste pas longtemps à la tentation de se filmer. Mais comment faire une autofiction quand on ne veut rien montrer de sa vie privée ?
Et pourtant Daniel y arrive, se prenant pour un Don Quichotte moderne, et proclame haut et fort la mort du cinéma, dont il prétend témoigner.
Michel, son assistant, Pénélope sa monteuse, l’accompagnent malgré eux dans ce drôle de voyage.

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Entretien avec Daniel Desarthe
Martin Delbaecq : « Comment vous est venue l’idée du personnage de Daniel Danite, le héros du film, que vous interprétez ? »

Daniel Desarthe : « Je n’ai pas été chercher bien loin. Comme Daniel, j’ai toujours un tas de phrases toutes faites et de théories vaseuses qui me traversent l’esprit. Je ne savais pas quoi en faire. J’ai donc créé Daniel, qui les dit pour moi. C’est très agréable. Et comme je joue Daniel dans le film, je n’avais même pas à diriger un acteur. C’est plus facile, surtout pour les rapports humains. »

M. D. : « Daniel est votre porte parole ? »

D. D. : « Pas du tout ! Même s’il fait le même métier que moi et vit dans le même appartement, s’il est mon double en somme, je ne pense presque rien de ce que dit Daniel. Quand ça arrive, c’est un accident. Pourtant, j’ai fait un film sincère, je crois. Et comme je ne sais faire que des comédies, j’ai laissé les trucs drôles au lieu de les couper. Du coup, on me prendra moins au sérieux. Encore raté ! »

M. D. : « Vous voulez être pris au sérieux ? »

D. D. : « Non, mais je veux sérieusement faire rire, et surtout pas n’importe comment. En fait, je pars du postulat qu’on peut s’amuser de tout, y compris des postures pseudo intellectuelles, dont je suis pourtant un friand collectionneur. »

M. D. : « Votre film ressemble à une autofiction qui parle de cinéma. »

D. D. : « Exactement. Ça y ressemble… Daniel ne déclare-t-il pas dans le film, qu’il est le James Bond de l’autofiction ? Daniel est un héros. Il manie les théories bancales, comme d’autres la lance, l’épée, ou le 357 magnum. »


M. D. : « Mais alors, pourquoi ce film ? Un film en vidéo… »

D. D. : « Il y a quelques années, on m’avait demandé si j’avais un sujet pour un film en vidéo. Une petite caméra. Je sortais de mon deuxième long métrage, j’étais lessivé et je n’avais pas d’idée. La vidéo, je trouvais ça moche. Pourtant, j’aurais eu le confort de la commande. L’idée est arrivée, mais quatre ans plus tard. Il fallait pour moi, pour tourner en vidéo, que le support soit un des protagonistes du film. Et bien ma petite caméra Sony fait partie des 5 premiers rôles, après moi, Colas Gutman, Valérie Niddam, Michel Lascault... »

M. D. : « La forme est importante pour vous, comme pour votre héros. »

D. D. : « Oui. C’est une des choses qui nous rapprochent. En fait le vrai but de ce film était d’avoir un maximum de liberté. Le corollaire de ça, c’est un maximum de pauvreté. D’ou le minimalisme de la forme. Mais, si je l’assume, Daniel Danite, lui, réfuterait le terme de minimalisme. Il parlerait de son film comme d’une grande épopée. Disons, pour mettre tout le monde d’accord, que c’est une épopée intimiste, si une telle chose est possible, dont le sujet central est le cinéma. Daniel dirait la mort du cinéma. C’est un film libre. »

M. D. : « C’est quoi, un film libre ? »

D. D. : « D’abord, économiquement, c’est un film qui ne coûte presque rien. En plus, celui là n’était même pas destiné à sortir en salle, même si j’en rêvais secrètement. S’il sort finalement, c’est parce que Paulo Branco (qui est aussi une sorte de Don Quichotte Industriel) l’a vu et m’a dit qu’il était drôle et qu’il méritait de sortir. J’ai été ravi de le croire. »

M. D. : « Vous avez fait ce film pour ne pas avoir de pression ? »

D. D. : « J’adore la pression. Mais j’aime me la mettre moi-même. Je ne suis pas scolaire. Et j’aime par dessus tout apprendre. Avec Je me fais rare, j’ai appris des tas de choses. Dans ce métier formidable de cinéaste, ce métier très dur, on a le devoir, je crois, de ne pas faire ce qu’on sait déjà faire. »

M. D. : « On dirait une phrase de Daniel Danite. »

D. D. : « Quand je parle sans réfléchir, Daniel n’est jamais loin. D’ailleurs, en repensant à cette phrase, je pense qu’elle est bête. On n’a le devoir de rien. Juste de faire en sorte que ce soit bien, pas chiant, si possible. Enfin, de faire de son mieux. »

M. D. : « Et vos complices ? »

D. D. : « J’aime bien ce terme. Ça suppose quelque chose d’interdit. Un cambriolage, un larcin. Pour mes complices, j’ai appelé des amis qui avaient du temps libre pour venir tourner avec moi. (Colas Gutman, Valérie Niddam, Michel Lascault…) J’ai appelé un ami, Raoul Saada, pour le coproduire. Ce sont des gens de talent, des esprits libres. Très peu d’acteurs de ce film sont des professionnels. Je les appelais le lundi pour tourner le mardi. Parfois c’est eux qui m’appelaient pour me dire : On la tourne, cette scène ? On travaillait deux heures par jour maximum. Quand c’était trop mauvais, on retournait la scène trois mois plus tard. Le film s’est construit au montage, qui s’est fait au fur et à mesure. Le temps était notre allié. Il y a des scènes désopilantes qui ne sont pas dans le film, parce que hors sujet. Mais ça va faire de sacrés bonus ! »

M. D. : « Vous y croyez, vous, à la mort du cinéma ? »

D. D. : « Bien sûr que non, ou alors comme on dit Le roi est mort, vive le roi. C’est la forme du cinéma qui se transforme. On peut faire plus de choses avec moins de moyens. On peut capturer le temps différemment, avec plus de légèreté, l’air de rien. On peut travailler comme un écrivain, un peintre. C’est ce que j’ai essayé. Et ça m’a tellement plu qu’après Le Passe-Muraille, qui sera mon prochain film, avec un vrai gros budget, j’ai l’intention d’en faire un autre comme ça. Un film gratuit. Une suite ? Une sorte de suite. Ça s’appellera Je fais feu de tout bois. Ça se passera à la campagne. »

M. D. : « En conclusion, vous diriez quoi pour qu’on aille voir Je me fais rare ? »

D. D. : « Rien, car je n’aime pas conclure. Mais j’aimerais citer une phrase de Daniel Danite, grand penseur devant l’éternel : Au royaume des aveugles, le cinéma est roi. »

M. D. : « Ça veut dire quoi ? »

D. D. : « Je ne sais pas, mais j’y réfléchis. »


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Fiche technique
Ecrit, filmé, monté par : Dante Desarthe
Produit par : Raoul Saada
Musique originale : Krishna Levy et Michel Lascault
Montage son : Fabien Krzyzanowski
Caméra renfort : Alexandre Papanicolaou
Mixage : Olivier Do Huu
Etalonnage : Arno Galliniere et Matthieu Pradeau
Production : Les films du bois sacré, Natan Productions
Distribution : Gemini Films

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de
remerciements à Laure Kangha
logos, textes & photos, tous droits réservés www.gemini-films.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

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